Platini le magnifique

En l'absence de l'Italie, championne du monde, ou encore de la Pologne, l'équipe de France aborde à domicile l'Euro 1984 avec le costume de favori, qu'elle partage avec la RFA. Dans sa première phase, la compétition est marquée par deux évènements: l'élimination surprise des Allemands, et surtout l'éclosion du Danemark, dont le jeu total rappelle celui de l'Ajax des années 70.

Avant les demis, chacun s'accorde à pronostiquer une finale France-Danemark, revanche annoncée du match d'ouverture, remporté péniblement par les Bleus. Mais si la France s'en sort miraculeusement face au Portugal, les Nordiques calent devant les Espagnols à Gerland. Crispés par l'évènement, gênés par le bloc espagnol, les Français livrent une finale laborieuse, jusqu'à la libération, co-signée par Platini et Arconada. Le Parc des Princes peut chavirer.

Révélée lors du Mundial espagnol, où elle avait atteint le dernier carré avant de frôler l'exploit contre l'Allemagne, la bande à Michel Hidalgo arrive à maturité pour son Euro, devant son public. C'est la chance de toute une génération, celles des Platini, Giresse, Tigana, Bossis, Lacombe, etc. Le grand mérite de cette équipe sera de ne jamais céder, même dans l'adversité, et de supporter la pression inhérente au double statut de favori et d'organisateur. Ce titre, si longtemps attendu, est le premier de l'histoire du football français. C'est dire l'évènement. Depuis, beaucoup d'autres ont suivi. Mais ce groupe a montré la voie. Pour toujours.

Jamais un joueur n'a autant survolé un Championnat d'Europe comme Michel Platini l'a fait en 1984. Depuis le Mundial espagnol, deux ans plus tôt, il s'est affirmé à la Juventus comme le meilleur joueur de la planète. Cet Euro sera le sien: il marque le but victorieux face au Danemark, avant de signer deux triplés (Belgique puis Yougoslavie). A l'issue du premier tour, il a déjà inscrit sept buts. Suivront deux autres, décisifs: l'un en demi, contre le Portugal (celui de la qualification), et enfin le premier but de la finale face à l'Espagne. Le fameux coup-franc mal contrôlé par Arconada... Vainqueur, meilleur joueur, meilleur buteur, Platoche a atteint la plénitude de son art.

Dans un stade Vélodrome en ébullition, l'équipe de France par largement favorite face aux étonnants portugais. Mais les Lusitaniens s'avèrent plus coriaces que prévu. Jean-François Domergue, qui a suppléé Amoros, suspendu, ouvre le score sur coup-franc (25e), mais Jordao égalise (74e), avant de donner l'avantage aux siens au cours de la prolongation (98e). Rattrapés par le spectre de Séville, les Bleus sont toujours éliminés à cinq minutes de la fin. Mais Domergue, improbable héros d'un soir, s'offre un doublé (115e), avant que Platini ne délivre le public marseillais et la France entière après une envolée devenue mythique de Jeannot Tigana (119e). Les Français s'imposent 3-2 et vont en finale.

1er tour - Groupe A
France-Danemark: 1-0
Belgique-Yougoslavie: 2-0
France-Belgique: 5-0
Danemark-Yougoslavie: 5-0
France-Yougoslavie: 3-2
Danemark-Belgique: 3-2

1. France (6pts)
2. Danemark (4pts)
3. Belgique (2pts)
4. Yougoslavie (0pt)

1er tour - Groupe B
RFA-Portugal: 0-0
Espagne-Roumanie: 1-1
RFA-Roumanie: 2-1
Portugal-Espagne: 1-1
RFA-Espagne: 0-1
Portugal-Roumanie: 1-0

1. Espagne (4pts)
2. Portugal (4pts)
3. RFA (3pts)
4. Roumanie (1pt)

Demi-finales
France-Portugal: 3-2 a.p.
Espagne-Danemark: 1-1 (5-4 t.a.b.)

Finale
France-Espagne: 2-0 (1-0)
27 juin au Parc des Princes
Buts: Platini (57e), Bellone (89e)

France: Bats - Battiston, Le Roux, Bossis, Domergue - Giresse, Tigana, Fernandez, Platini - Lacombe, Bellone

Espagne: Arconada - Urquiaga, Salva, Gallego, Julio Alberto - Senor, Victor, Camacho, Francisco - Santillana, Carrasco

Meilleur buteur: Michel Platini (France, 9 buts)
Nombre de buts: 39
Moyenne de buts par match: 2,6