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70 sélections et 5 vies plus tard, Evra est toujours là

Maxime Dupuis

Publié 28/03/2016 à 08:15 GMT+2

Vendredi aux Pays-Bas (2-3), Patrice Evra a fêté sa 70 sélection en équipe de France. A 34 ans, le latéral gauche reste le numéro un au poste après avoir traversé quelques tempêtes sous le maillot bleu.

Patrice Evra

Crédit: Panoramic

Patrice Evra ne fera jamais l'unanimité. Jamais plus. Mais sur un sujet, au moins, le latéral gauche de l'équipe de France (34 ans) met tout le monde d'accord : tel un chat, Evra retombe toujours sur ses pattes avec une agilité qui inspire le respect. Dans deux capes, il aura autant joué avec les Bleus qu'un certain Michel Platini. Mais sa carrière tricolore aura été bien moins linéaire que celle de la légende Platoche.
Vendredi aux Pays-Bas, dans une défense qui n'a pas donné toutes les garanties qu'on est en droit d'attendre d'elle, le joueur de la Juve a été plutôt bon pendant ses 45 minutes passées sur la pelouse. Sauf cataclysme, c'est lui qui occupera le couloir gauche des Bleus quand débutera l'Euro. S'il n'est pas intouchable, Evra est insubmersible. Voici ses 5 vies avec les Bleus.

2004 : Evra débarque et repart aussi vite

Août 2004. La fête est définitivement finie, pense-t-on. Zidane est parti pour de bon, pense-t-on aussi. Lizarazu s'en est également allé. Le couloir gauche de la défense tricolore est libre. La reconstruction est menée par Raymond Domenech qui est obligé de faire appel à une tripotée de nouvelles têtes, dont Patrice Evra fait partie.
Si Jacques Santini l'avait convoqué en mai sans l'incorporer dans les 23 pour l'Euro, le latéral gauche fait ses vrais débuts à Rennes face à la Bosnie-Herzégovine (1-1). Domenech tente le coup du 3-5-2. Sans réussite. Il n'en aura pas plus quelques semaines plus tard face à Israël dans un Stade de France clairsemé (0-0). Evra, derrière Jérôme Rothen, n'est pas aussi à l'aise qu'à Monaco. La France patine. Evra aussi. Abidal en profite.
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Rothen, Evra, Landreau et Givet en 2004

Crédit: AFP

2006 - 2009 : Le terrain et la parole

Entre la 5e et la 6e sélection de Patrice Evra, deux ans quasiment jour pour jour se sont écoulés. Celui qui est devenu joueur de Manchester United lors du mercato d'hiver a pris la mesure de son nouveau club. C'est ce qu'il explique à son retour avec les Bleus, en novembre 2006. "Avant mon premier match, le derby, on m'a servi des pâtes et du bacon à 9h30. J'ai tout vomi. Lors de la rencontre, je me souviens d'un corner, ça allait à 100 à l'heure. J'ai vu la différence avec la France. On m'a enterré mais je n'ai jamais douté. J'ai manqué la Coupe du monde et je me suis dit : 'Si tu ne rebondis pas maintenant, tu resteras dans le trou'."
Le trou, il en sort brillamment et, après avoir raté le train pour le Mondial, ne manque pas le bon wagon pour l'Euro 2008, qu'il débutera dans la peau d'un remplaçant avant d'être titularisé face aux Pays-Bas (1-4) et à l'Italie (0-2). Après la débâcle, il fait front. Ce qui ne sera pas le cas de tout de monde. "Je sais que cela ne servira à rien mais pardon", assume-t-il. Le Patrice Evra leader est en train de naitre.
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Patrice Evra et William Gallas à l'Euro 2008

Crédit: Panoramic

2010 : La cicatrice

Indéboulonnable à MU, Patrice Evra le devient en équipe de France. Si bien que Raymond Domenech lui confie le brassard de capitaine juste avant la Coupe du monde 2010. Parce que Thierry Henry n'est plus titulaire. Et parce qu'Evra est devenu un cadre. Un leader audible. Cela ne fait pas plaisir à William Gallas, qui ruminera tout au long du Mondial sud-africain.
Mais si la fonction lui tient à cœur, le cadeau est empoisonné. Et Evra confondra parfois son rôle avec celui d'un chef de bande. Il défend ses coéquipiers. Moins l'équipe. Il reconnaitra bien plus tard son erreur, en 2014 ("J'ai pris mon rôle trop à cœur"). Ce Mondial est un calvaire, cristallisé par la grève du 20 juin où Evra se fait remarquer par la fameuse altercation avec Robert Duverne. Il est aussi l'homme qui tend symboliquement le communiqué des joueurs à François Manardo, responsable de presse des Bleus. L'image du Mancunien est durablement - voire définitivement - écornée. Mais Evra s'en relèvera. Encore une fois.

2011 - 2012 : Retour à l'ordinaire (ou presque)

Mars 2011. Cinq matches de suspension plus tard, revoilà Patrice Evra. Laurent Blanc ne veut et ne peut pas se passer de lui alors qu'Eric Abidal traverse une épreuve difficile. Mais le nouveau sélectionneur national rappelle le joueur. Pas le capitaine. "Je ne veux pas m'attacher à ce que l'on dit de lui. Au staff et à moi de se faire une idée", se justifie Blanc.
Faire profil bas, Patrice Evra connait pas. Et sa conférence de presse de retour donne le ton. Deux jours après l'émotion de l’autre revenant, Franck Ribéry, il joue une autre partition. Menton haut. Il ne fait pas acte de contrition. "Il fallait bien que quelqu'un prenne…", regrette-t-il tout en ajoutant qu'à ses yeux, comme à ceux de ses coéquipiers, il a été "un bon capitaine". Accepterait-il le brassard si Blanc le lui proposait ? "Oui, bien sûr !". Sur le terrain, Evra n'est pas aussi souverain qu'avant le Mondial 2010. Durant l'Euro 2012, Clichy lui chipe sa place après le premier match face à l'Angleterre (1-1). Il ne rejouera plus sous les ordres de Laurent Blanc.
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France 2011 Evra

Crédit: AFP

2013 - ? : La connexion Evra - DD

La carrière de Patrice Evra avec les Bleus est loin d'être terminée. Parce que 42 sélections ne suffisent pas au capitaine occasionnel de MU. Et parce que Didier Deschamps prend les rênes de l'équipe de France. Entre les hommes, une relation unique et une confiance mutuelle qui date de leur période commune à l'ASM. Lucas Digne et les autres jeunes prétendants ne déboulonnent pas le futur joueur de la Juventus Turin qui reprend du galon en interne. A l'image de cette mi-temps de septembre 2013 en Biélorussie où Pat' donne de la voix dans le vestiaire et remet les Bleus d'aplomb. A l'arrivée, une victoire 4-2.
Son seul dérapage, une interview aussi surréaliste que mythique dans Téléfoot un mois plus tard. Tout le monde en prend pour son grade. De "Rolland Tournevis" à "Michel Fernandel", en passant par Bixente Lizarazu. La FFF ne bronche pas. Didier Deschamps compte toujours et encore sur Evra, dont l'importance dans le groupe est majeure. Lors de la Coupe du monde 2014, Evra est le titulaire indiscutable des Bleus. Il l'est toujours alors que l'Euro s'approche à grands pas. Insubmersible.
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