Avant France-Irlande - Bleus - Sissoko ou Matuidi ? Leurs anciens coaches se mouillent

Ils les connaissent par cœur. Alain Casanova a couvé Moussa Sissoko à Toulouse avant d'accompagner son explosion de 2008 à 2013. Jean-Marc Furlan a lancé Blaise Matuidi chez les professionnels à Troyes entre 2004 et 2007. Les deux techniciens ont suivi de près les parcours de leurs anciens protégés devenus aujourd'hui des membres incontournables de l'équipe de France. Les deux hommes se disputent une place dans le onze des Bleus face à l'Irlande même si le Parisien, par son vécu et son statut dans le groupe, part avec une grosse longueur d'avance.

Le début de tournoi de Matuidi inquiète. Notamment sa performance ratée face à l'Albanie. Quel est le problème ? "C'est compliqué d'enchainer les performances brillantes en club et une grande compétition internationale", diagnostique Furlan. "C'est impossible de tout assumer. Le problème est le même avec Ibrahimovic, Pogba ou Griezmann." Matuidi a déjà disputé 54 rencontres cette année et il n'est pas le genre de joueur qui s'économise. A la Coupe du monde au Brésil, son coup de pompe était survenu après la phase de poules. Et on l'avait quitté complètement rincé dans les couloirs du Maracana après France-Allemagne.

"Je l'avais prévu depuis des mois", a continué l'ancien coach de Troyes. "Il est moins bien, développe moins de force. On l'a vu tellement brillant mais ce n'est pas une machine." Moussa Sissoko a apporté une vraie alternative face à la Suisse. Le Magpie a apporté sa vélocité : "Il a une puissance que peu de joueurs ont", rappelle Alain Casanova. "Sur ses premiers appuis, il a une capacité d'accélération unique parmi tous les milieux français. Son match fut très bon face à la Suisse. Dans son apport offensif mais aussi à la récupération."

Faut-il titulariser Sissoko plutôt que Matuidi en 8e de finale face à l'Irlande ? Bien sûr, ni Furlan ni Casanova ne veulent se mettre à la place de Didier Deschamps. Mais ils livrent des indices explicites : "Moussa est excellent quand il a de l'espace devant lui, que le jeu s'ouvre parce qu'il peut prendre de la vitesse", note son ancien coach à Toulouse. "Quand les espaces sont plus réduits, il a plus de mal à mettre en valeur ses qualités. Sa technique est juste mais ce n'est pas le meilleur dans ce domaine." A priori, l'Irlande ne partira pas à l'abordage et les Bleus devront se défaire d'un bloc hermétique et compact.

"L'équipe de France a des solutions. Sortir Blaise, ça peut lui rendre service", estime de son côté Furlan. "C'est ce que j'explique à mes joueurs : il vaut parfois mieux être excellent pendant 20 minutes que médiocre pendant 90. Blaise a besoin de souffler." La titularisation de Sissoko pourrait permettre à Pogba d'évoluer à gauche, comme en club. Un argument balayé par Furlan : "Blaise peut tout aussi bien jouer à droite, c'est un faux débat."

Reste le vécu du vice-capitaine de l'équipe de France. "Patrice Evra n'est peut-être pas à la hauteur des attentes mais le coach ne peut pas l'enlever parce qu'il diffuse une confiance, c'est un leader", rappelle Furlan. "Personne ne peut amener ce qu'amène Blaise en terme de leadership au milieu de terrain." Un aspect que ne négligera pas Didier Deschamps dimanche à Lyon. Et Blaise Matuidi devrait débuter dans l’entrejeu tricolore. Malgré tout.