Bleus - Mathieu, Rami : Le retour en grâce des anciens "bannis" de Porto Alegre

C'était en juin 2013, dans le Sud du Brésil. A Porto Alegre exactement, où le climat, pluvieux, et le cadre, des autoroutes en construction un an avant le Mondial, juraient avec la carte postale et l'idée qu'on se fait de cette partie du monde. C'est ici que deux hommes ont bien failli disputer leur dernier match en équipe de France. Après une défaite à Montevideo face à l'Uruguay (1-0), les Bleus affrontent le Brésil pour une claque retentissante (3-0) et une prestation catastrophique.

Après onze mois de mandat, Didier Deschamps pique sa première grosse colère de sélectionneur. Les murs de la Gremio Arena tremblent. Ils vont être nombreux à faire les frais du fiasco. Notamment ceux dont le statut en Bleu étaient fragiles et qui n'ont pas profité de ce stage pour saisir leur chance. Jérémy Mathieu, débordé par la puissance de Hulk, et Adil Rami, coupable sur le but d'Oscar, sont de ceux-ci. Leur parcours en Bleu va connaître un net coup d'arrêt. Le duo qui fera partie, comme d'autres (Gourcuff ou Capoue), des "bannis" de Porto Alegre.

Mathieu ne sera plus appelé pendant un an et Rami devra attendre ce mois de mai 2016 pour retrouver le château de Clairefontaine. "La dernière fois qu'il est venu avec nous, c'était lors de la tournée sud-américaine en 2013", s'est souvenu Deschamps ce mercredi à Clairefontaine. "Ce n'était pas sa meilleure période en terme footballistique et physique. Disons qu'il se portait plutôt bien." Si leur carrière en club n'a pas toujours épousé une courbe parfaite, surtout pour Rami, c'est aussi le trou d'air au Brésil qui les a éloignés du groupe France.

Dimitri Payet et Alexandre Lacazette, eux aussi, sont loin d'avoir brillé lors de cette maudite tournée sud-américaine. Ce sont autant leurs prestations sur le terrain que leurs comportements dans le groupe qui avaient échaudé Deschamps. Après cet été 2013, leurs performances ont décollé en club. Pour l'un, à Marseille puis West Ham. Pour l'autre, à Lyon. Mais leurs carrières internationales n'ont pas connu la même trajectoire, plombé par ce voyage de l'autre côté de l'Atlantique. Il a peut-être coûté une Coupe du monde aux deux hommes. Payet, exceptionnel cette saison en Premier League, et Lacazette, buteur insatiable en L1 depuis deux ans et demi, ont dû en faire un peu plus pour convaincre leur sélectionneur.

Mais, contrairement à certains de ses prédécesseurs, Deschamps n’est pas obstiné et sait revoir ses positions. Il l'a montré avec Valbuena, Gignac ou Ben Arfa avec lesquels les relations n'ont pas toujours été cordiales du temps où il entraînait Marseille. Sa liste des 23 réunira trois hommes qui l'ont déçu en 2013 (Payet, Rami, Mathieu) et Lacazette figure parmi les réservistes. DD n'est pas rancunier, surtout lorsque ses principes se heurtent à la réalité du moment. Dans ces instants-là, c'est toujours son pragmatisme qui l'emporte. La compétitivité de sa sélection, voilà ce qui guide avant toute chose ses choix. Alors, quand sa défense centrale s'est déplumée, il n'est pas resté prisonnier de ses mauvais souvenirs.