Deschamps peut-il se passer de Dimitri Payet, sa nouvelle arme fatale ?

"On va retenir la victoire, le caractère qu'on a montré et le talent de Dimitri sur ce coup franc décisif". Voilà le verdict du capitaine, Hugo Lloris, à l’issue de la victoire des Bleus face au Cameroun (3-2). C’est un brin réducteur mais sa déclaration témoigne d’une tendance de plus en plus nette : Dimitri Payet prend de plus en plus d’épaisseur avec les Bleus. Déjà décisif face à la Russie en mars d’un coup franc lointain à la trajectoire parfaite, il a récidivé à Nantes lundi offrant la victoire à l’équipe de France. "On va dire merci à Dimitri qui nous libère", a soufflé Olivier Giroud après la rencontre.

Titulaire parce que la cuisse d’Anthony Martial fait des siennes, le Réunionnais a parfaitement saisi sa chance. La place du Mancunien dans le onze de départ face à l’Autriche est clairement en danger. Les accélérations foudroyantes de Coman représentent une réelle menace mais sans doute moins que la qualité des coups de pied arrêtés de Payet. Car son inspiration en toute fin de match "ne doit rien à la chance ni au hasard", comme l’a très justement rappelé André-Pierre Gignac après la rencontre.

En 2016, Dimitri Payet a tenté 24 coups francs directs pour six buts à la clé. Un taux de réalisme de 25% sur cet exercice, c’est exceptionnel. En deux matches, Payet est devenu le meilleur Bleu du XXIe siècle sur coup franc devant Zidane, Henry et tous les spécialistes du genre. Et les Bleus viennent d’en convertir 4 en 8 matches après n’en avoir inscrit aucun lors des 100 précédents…

Didier Deschamps peut-il se priver d’une telle arme fatale dans son onze de départ à l’Euro ? "A chaque fois qu'il touche le ballon, notamment sur coups de pied arrêtés, il se passe quelque chose", s’est félicité le sélectionneur lundi à La Beaujoire. "Donc plus il le touche, mieux c’est. Il est très important". Deschamps n’aime pas disséqué les prestations individuelles de ses hommes et cet hommage veut dire beaucoup dans la bouche du sélectionneur.

Ce mardi en conférence de presse, Didier Deschamps a confié que le Londonien était désormais la première option des Bleus sur les coups de pied arrêtés même si Antoine Griezmann est loin d’être maladroit dans l’exercice : "Vu ce que Dimitri fait en ce moment, il sera seul à prendre le ballon sur les coups de pied arrêtés", a indiqué DD. "Griezmann apporte une option, cela pourra aussi dépendre de la situation du coup franc. " Voilà qui en dit long sur l’important prise par le Réunionais chez les Bleus en quelques mois.

Payet n’est pas seulement un sniper quand la balle est arrêtée. Lundi à Nantes, c’est lui qui a maîtrisé le tempo du match. Quand Coman, Martial et même Griezmann sont dans la percussion, la provocation, lui dirige et gère. C’est un autre profil. Sa montée en puissance a épousé celle de l’équipe de France à la Beaujoire et il a su se rendre indispensable après avoir longtemps cherché ses repères en sélection. Désormais lancé, Deschamps va-t-il lui donner les clés de son attaque ?