Deux ans après avoir dévoré la Suisse, que reste-t-il du plus bel accomplissement de ces Bleus ?

La référence. En 2014, nous vous proposions un top des meilleurs matches de poule des Bleus en Coupe du monde. Le France-Suisse du Mondial brésilien arrivait au sommet de ce palmarès. Le 20 juin 2014, soit quasiment deux ans jour pour jour avant leurs retrouvailles à Lille, les Tricolores broyaient leurs voisins (5-2). Sans doute le plus bel accomplissement sous l’ère Didier Deschamps dans le jeu et l’efficacité. Ce soir-là, tout avait souri à ses hommes. Dans le sillage d’un trio Cabaye-Giroud-Benzema au-dessus du lot, les Bleus avaient délivré une partition absolument parfaite si on gomme le relâchement défensif du dernier quart d’heure.

A cette époque-là, la Suisse était la 7e nation du classement FIFA et n’avait perdu qu’un match en deux ans, mais elle explosera en vol face au tourbillon bleu. Cette rencontre, la deuxième de l’équipe de France à la Coupe du monde après la déculottée infligée au Honduras (3-0), avait même replacé les Bleus parmi les sérieux outsiders à la victoire finale. Quatre ans après Knysna, ce n’était pas un mince exploit. Qu’en reste-t-il deux ans plus tard ?

"C’est aujourd’hui et demain qui sont importants", a indiqué Vladimir Petkovic qui n’était pas de l’aventure brésilienne. "Nous n’aurons pas de sentiment de revanche, on ne pense pas au passé et ce qui s’est passé au Brésil n’influencera aucune des deux équipes. Nous avons de nouveaux joueurs et une nouvelle façon de jouer." Le sélectionneur suisse assure que son équipe n’a rien à voir avec celle qui avait pris une déculottée en juin 2014. Voilà qui l’arrange bien sans doute.

En y regardant de plus près, c’est beaucoup moins évident. Huit des onze titulaires suisses du Brésil devraient débuter la rencontre ce dimanche dans le Nord. "Leur équipe a peu changé", a noté Hugo Lloris. Qu’en reste-t-il dans les têtes helvètes ? "Tu gagnes 2-1 contre l'Equateur et tu prends 5-0 après 70 minutes contre la France...", se souvient Admir Mehmedi, l’attaquant de la Nati. "C'était dur à accepter pour nous, c'était une leçon. On a encore cela dans un coin de nos têtes." "J'espère que nous aurons à coeur d'éliminer cet affront, même si c'est une autre compétition, une autre constellation", a concédé Gelson Fernandes plus tôt dans la semaine.

Et côté français ? Ils ne seront sans doute que quatre à débuter demain parmi ceux qui avaient fait des misères aux Suisses à Salvador de Bahia : Lloris, Evra, Matuidi et Cabaye. Sauf si Giroud et Sissoko, excellents en 2014, démarrent la rencontre. Le milieu de Newcastle est en balance avec Matuidi pour débuter. Deschamps pourrait se souvenir de la prestation énorme de Sissoko en 2014, alors remplaçant de Pogba dans le onze, face à ces mêmes adversaires. Buteur et dynamiteur, il avait joué le rôle de perce-muraille avec efficacité.

Les affaires extra-sportives (Benzema, Valbuena, Sakho) et les forfaits (Debuchy, Varane) ont modifié le visage des Bleus. Leurs caractéristiques (une défense fragile et une attaque séduisante) se sont plus affirmées encore. "Les années avancent, les contextes et les équipes changent", a prévenu Lloris. "Chaque match a sa propre histoire." Il n’empêche, cette confrontation sera l’occasion de noter si les deux sélections ont progressé. Leurs débuts d’Euro n’accréditent pas forcément cette thèse. Les Bleus auront bien du mal à faire mieux à moins d’un spectaculaire réveil.