Euro 2016 - France : Loin de leur meilleur niveau, Griezmann et Pogba sont déjà attendus au tournant

Quand les Bleus étaient dos au mur, quand la victoire semblait leur filer entre les doigts, Didier Deschamps a décidé de trancher dans le vif. Il restait une petite demi-heure à jouer quand Antoine Griezmann a été prié de rejoindre le banc. Tête basse, poignée de main molle à Deschamps : le Madrilène masquait mal sa frustration. Dix minutes plus tard, Paul Pogba le rejoignait. Les deux stars de l’équipe de France sur le banc alors que la victoire n’avait pas choisi son camp, ce fut un geste fort de Deschamps. Une décision logique : le duo n’a pas été à la hauteur des immenses attentes qu’il suscite. Il a fini sa soirée en rasant les murs devant les journalistes ce qui témoigne rarement d’une prestation aboutie.

"Ce n’était pas un match facile pour eux", a tenté de les défendre Adil Rami samedi "Il y avait peu d’espace et ils étaient très attendus. Je les ai trouvés plutôt bien. A 100%, ils peuvent être spectaculaire, hier un peu moins." Est-ce l’"appréhension" dont ont parlé Sagna et Evra après le match ? S’il a su se trouver à la finition, sans réussite, Griezmann n’a pas pesé dans le jeu et n’a que trop rarement fait étalage de cette technique en mouvement dans les petits espaces qui a si souvent mis l’Atlético et les Bleus dans le sens de la marche. Pogba, lui, a fonctionné par fulgurances. D’abord un début de match efficace. Le Turinois a trouvé des décalages et son jeu long fut un régal. Puis il a complétement baissé de pied après la pause. Quand le match a pris des allures de combat au milieu de terrain, il a laissé son bleu de chauffe à N’Golo Kanté et déséquilibré l’ensemble.

"Je ne voulais pas sortir Kanté", a confié Didier Deschamps après la rencontre. "Vous avez vu pourquoi. J’ai fait un choix, je voulais donner un coup de pouce à l’attaque. En gardant Payet au milieu, nous avions besoin d’un autre milieu." Mais le choix n’est pas que tactique ou dicté par les circonstances du match. Le sélectionneur a fini par l’avouer : "Il est clair que le potentiel de Paul est plus grand que ce qu’il a montré ce soir." Ce n’est pas la première fois que Deschamps recadre son joueur. Ce fut le cas avant le match à Metz la semaine dernière ou après le premier match à la Coupe du monde au Brésil en 2014.

Ce soir-là, face au Honduras, il aurait dû se faire expulser pour un coup de sang et Didier Deschamps l’avait sanctionné en le faisant démarrer sur le banc de touche face à la Suisse. Le sélectionneur n’en est pas encore là mais Pogba va devoir prendre de l’épaisseur. Pour Griezmann, le problème est ailleurs. Le Madrilène a parfois semblé sur la jante. Finaliste de la dernière Ligue des champions, il a pris la préparation en cours et n’est sans doute pas encore au sommet de sa forme.

Au sortir d’une saison de 64 matches dans un collectif des Colchoneros très exigeant, le Mâconnais peut tout à fait subir un léger coup de pompe. C'est l'hypothèse retenue par Olivier Giroud : "Je ne suis pas inquiet pour Griezmann", a d'abord confié le Gunner. "Il sort d’une longue saison, très éprouvante. C’est normal s’il est apparu moins en jambes." Il a surtout raté deux occasions en or qui auraient pu coûter très cher. Pour lui, comme pour Pogba, il n’y a rien de dramatique. Mais ce sont eux qui, par leur talent, devaient faire entrer cette équipe de France dans une autre dimension.

Dimitri Payet s’en est chargé ce vendredi et a sans doute enlevé pas mal de pression sur les épaules de ses deux jeunes équipiers. Personne ne les condamne, ils ont encore le temps. Griezmann et Pogba n’épousent pas encore les contours du costume de héros qui leur semblait destiné ? Il allait comme un gant à Payet ce vendredi soir.