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Euro 2016 : Thiago Motta et le numéro 10 de la discorde

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 13/06/2016 à 00:46 GMT+2

EURO 2016 - Le milieu de terrain du PSG a été au centre d’une petite polémique en Italie. C’est lui qui a été désigné pour étrenner le numéro 10, si symbolique sur les pelouses de l'Hexagone. Problème : pour beaucoup, il n’en a pas la légitimité. Un jugement un poil sévère mais symptomatique de son statut en sélection.

Thiago Motta avec le fameux numéro 10

Crédit: Panoramic

Sivori, Rivera, Baggio, Del Piero, Totti, Di Natale, Cassano. Milieux de terrain offensifs et attaquants, mais surtout joueurs créatifs et charismatiques. Voici quelques-uns des internationaux italiens à avoir endossé le prestigieux numéro 10 durant une grande compétition estivale. Il y en a eu d’autres, plus surprenants, tels Facchetti, Albertini ou Bagni, quand les numéros étaient attribués par ordre alphabétique.
En revanche, le choix de le confier à Thiago Motta a été mûrement réfléchi, d’où le tollé provoqué de l’autre côté des Alpes. En fait-on trop à propos de la symbolique de ce chiffre ? Probablement, mais cela met en relief l'incapacité de l’Italo-brésilien à faire l’unanimité au sein d’une Squadra Azzurra pourtant en manque de joueurs de sa trempe.

Un numéro 10 pas si incompréhensible

"Ceux qui s’amusent à ridiculiser Thiago sur le web devraient venir faire quelques jongles avec lui, puis après se rincer la bouche avant d'en parler". Daniele De Rossi n’y est pas allé de main morte pour défendre son coéquipier, qui plus est concurrent direct au poste de playmaker. Suite à la publication des numéros officiels, de nombreux photos-montages ont en effet pullulé sur la toile, certains bien inspirés, d’autres moins, ma préférée restant celle-ci :
Mais poursuivons avec les propos du joueur de la Roma : "Personne ne mérite plus le numéro 10 que lui, il a tout gagné et possède une énorme expérience internationale. Bien sûr, il n’a pas les caractéristiques d’un Totti ou un Del Piero mais chacun doit être soi-même. Thiago ne l’a pas choisi, il l’a accepté car c'est un gars qui n'a jamais créé de problèmes". Un peu comme l’auteur de ces propos, porteur du 10 en 2008.
Cette année, les autres prétendants sérieux étaient Insigne et Bernardeschi, éléments fantasques mais aux épaules trop frêles pour assumer ce qui reste une grosse responsabilité. Pour sa bouteille, son statut d’italien le plus titré - 21 coupes soit 3 de mieux que Buffon même si 11 via le PSG - et en l’absence de son coéquipier Verratti, Motta était peut-être bien le candidat le plus légitime.
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Marco Verratti au premier plan, Alessio Cerci et Mario Balotelli (avec Thiago Motta entre eux) derrière lui

Crédit: Panoramic

Dernière roue du carrosse

Un débat superflu et futile en apparence mais significatif des incertitudes concernant le statut du numéro dix au sein de la Nazionale. Cela fait maintenant cinq ans qu’il est régulièrement convoqué, un laps de temps durant lequel il a fréquenté le plus haut niveau, titulaire indiscutable à l’Inter et au PSG. Néanmoins, ses prestations solides en club ont toujours eu du mal à être transposées en sélection.
D’ailleurs, le premier souvenir qui vient à l’esprit quand on pense au Thiago Motta vêtu d’azzurro, c’est son entrée en jeu en finale de l’Euro 2012 pour sortir blessé trois minutes plus tard et laisser ses coéquipiers sombrer à 10 contre l’Espagne (score final 4-0). Aujourd’hui, nous en sommes à 26 caps, un but vainqueur dès sa deuxième apparition en Slovénie, puis une série de prestations timides d’un joueur donnant l’impression d'essayer de procurer le moins de dégâts possibles.
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Italian midfielder Thiago Motta lays on the ground after an injury during the Euro 2012 football championships final match Spain vs Italy on July 1, 2012 at the Olympic Stadium in Kiev.

Crédit: AFP

Ni vraiment relayeur, ni vraiment playmaker faisant office de rampe de lancement pour les ailiers ou attaquants, son expérience azzurra a déjà été marquée par deux longues périodes d’absence, de juillet 2012 à septembre 2013 et de juin 2014 à mars 2016. Tour à tour, Verratti, Marchisio, Pirlo, De Rossi, Montolivo et même Parolo, Valdifiori ou Soriano lui ont été préférés par Antonio Conte. Le sélectionneur n’a eu d’autres choix que de le "repêcher" suite à deux importantes défections (Verratti et Marchisio).
Un match costaud face à l’Espagne, un naufrage (collectif) face à l’Allemagne pour les amicaux de mars et une perf’ très moyenne lors du dernier test face à la Finlande. Trop de touches de balle, trop lent, peu de mobilité, pas assez de verticalisations, jeu long quasi inexistant, tout l’inverse de ce qu’exige Conte de son chef d’orchestre. Le public de Vérone s’en est rendu compte, le sifflant au moment d’être remplacé par un De Rossi qui a changé le visage de l’Italie avec un but à la clé, mettant ainsi fin au ballottage les concernant.

Pénalisé par son lieu de naissance ?

"Je ne pense pas que le fait d’être "oriundo" pénalise Eder et Thiago. Pour nous, ils sont Italiens à tous les effets. Ils jouent avec notre maillot, nos couleurs et donnent tout pour le groupe. Le reste, il s’agit de discussions de piliers de bar". Le sélectionneur italien avait tenu à être clair, mais l’aversion ressentie à sa sortie du terrain a mis en exergue un autre aspect.
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Thiago Motta avec son numéro 10

Crédit: Panoramic

Ce n’est qu’à l’âge de 29 ans que le natif de Sao Bernardo do Campo a opté pour le maillot azzurro alors qu’il avait endossé celui auriverde avec les U23 Brésiliens notamment lors de la Gold Cup 2003. Pourtant, il fait partie de cette diaspora de quatrième génération encore très attachée à ses racines, les siennes sont de Polesella à côté de Rovigo, d’où partit son arrière-grand-père vers Sao Paolo il y a plus de 100 ans. Motta a confié que chez lui, on parlait et mangeait beaucoup italien (ou plutôt veneto) et sa disponibilité à porter le maillot azzurro remonte à 2007, mais la méfiance perdure et le conditionne probablement.
Déjà que son style de jeu est difficilement compatible avec les principes tactiques d'un Conte qui ne sait que faire d'une sentinelle aux allures de quatrième défenseur central, le Parisien est bien parti pour encore jouer les seconds rôles. Un peu comme au PSG où son précieux travail de l'ombre n’est pas toujours apprécié à sa juste valeur. Imaginez d'ailleurs s'il héritait du 10 de Zlatan...
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Zlatan Ibrahimovic avec Thiago Motta au PSG - 2016

Crédit: Panoramic

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