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Face à la Croatie, l'Espagne s'est-elle vue trop belle ?

François-Miguel Boudet

Publié 23/06/2016 à 12:38 GMT+2

EURO 2016 - Sur un contre assassin d'Ivan Perisic à la 87e minute, l'Espagne a perdu une partie de ses certitudes et la voie rapide en direction de la finale s'est transformée en chemin cahoteux. La Roja sera sans filet contre l'Italie, une équipe parfaitement au point tactiquement.

Sergio Ramos se tient la tête

Crédit: Panoramic

Le mieux est l'ennemi du bien. En renonçant à une gestion d'épicier, en reconduisant son onze titulaire pour la troisième fois consécutive (fait unique dans cet Euro) alors qu'il ne l'avait jamais fait deux fois de suite en 52 matches à la tête de la Seleccion, Vicente Del Bosque s'est offert quelques nuits blanches jusqu'au huitième de finale. C'est facile de le dire après coup, mais pourquoi ne pas avoir fait tourner ? Pas seulement pour aligner des joueurs frais mais aussi pour tester d'autres schémas.
Au lieu de ça, malgré toutes les certitudes que la Roja peut avoir sur son jeu, des doutes surgissent au mauvais moment. Ajoutez à cela une énième polémique bidon avec Gerard Piqué, un sélectionneur qui ne s'estime pas être le mieux placé pour désigner un tireur de penalty, des journaux qui relancent le débat De Gea - Casillas et vous vous retrouvez avec des interrogations plein la musette. Avant de jouer l'Italie, ce n'est pas le moment opportun.

Une naïveté coupable

Évidemment, l'Espagne n'est pas devenue mauvaise du jour au lendemain, comme elle n'était pas devenue stratosphérique après ses deux premiers matches contre la République tchèque (1-0) et la Turquie (3-0). Pendant les trente premières minutes contre la Croatie, elle a même été très bonne. Et puis... De la suffisance ? Un manque de jus ? Trop de relâchement ? Quoi qu'il en soit, à trop vouloir gérer sans enfoncer le clou, la Roja a perdu le fil et a été punie. Les journaux ibériques déplorent la naïveté de l'équipe sur les buts adverses, notamment de la défense, gardien compris.
Quoique privés de Luka Modric au milieu, les hommes d'Ante Cacic ont muselé Andrés Iniesta. Et sans chef d'orchestre, on perd la mesure et le rythme. En fin de chaque période, des moments clefs comme l'a souligné Joaquin Caparros dans El Pais, la Croatie a marqué. L'entrée en jeu d'un deuxième pivot pour terminer le match a été critiqué mais VDB a surtout voulu redonner de l'équilibre à son équipe. Sans effet. Du coup, on peut se poser la question : l'Espagne est-elle trop prévisible pour ses adversaires et trop Iniesta-dépendante ? Eh bien... oui.
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Andres Iniesta (Espagne) face à Marko Rog (Croatie), mardi 21 juin 2016

Crédit: Panoramic

Del Bosque confronté au 3-5-2 de Conte

Au terme du contre rageur de Perisic, les commentateurs espagnols sont passés de "Madre mia" à "Mamma mia" sans sas de décompression. Il fallait écouter les matches sur Telecinco pour se donner une idée de ce chauvinisme exacerbé (mention spéciale pour le "regardez l'Europe, regardez le monde comment joue la Roja" contre la Turquie). Ce sera donc la Nazionale en huitièmes de finale, sa défense de fer et son rôle d'outsider en bandoulière. Avec son 3-5-2 étouffant, Antonio Conte est au point niveau tactique. La Roja a encore cinq jours pour décrypter les pièges de cette organisation. La défaite contre la Croatie, si elle complique le tableau de marche, fait néanmoins entrer l'Espagne dans son Euro. Elle avait besoin d'un électrochoc, d'être dans le dur, de subir et de composer sans un Iniesta de gala.
Après avoir conservé les mêmes joueurs tout au long du premier tour, Del Bosque effectuera-t-il des changements ? Débuté avec Busquets seul devant la défense, un passage au "doble pivote" est envisageable, soit avec Koke, soit avec Bruno Soriano. Devant, Aduriz pourrait-il démarrer le match contre l'Italie, avant que Morata apporte sa fraîcheur dans la dernière demi-heure ? Même si le (re)nouveau Merengue a déjà inscrit 3 buts, le fait qu'il affronte la BBC bianconera qu'il connaît par coeur pourrait se révéler handicapant, d'autant que son réservoir est vide après une heure de jeu et qu'Aduriz n'apporte pas grand-chose en sortie de banc. Vraisemblablement, on ne se dirige pas vers cette éventualité mais elle existe. Pour autant, la probabilité de voir Del Bosque bouger son onze est très mince. Sinon, pourquoi l'avoir conservé contre la Croatie ? La continuité doit être le leitmotiv, le temps n'est plus aux essais. Car l'image de la Croatie, l'Italie est une équipe particulièrement soudée, qui fait bloc. Malgré un manque de talent et de profondeur, la Nazionale a des certitudes. Dans une telle compétition, ça n'a pas de prix.

La Roja reste la favorite

Vous savez de qui on parle là ?! L'Espagne ! Soit une nation dominatrice du football européen, une sélection composée de compétiteurs hors-normes, de joueurs habitués à disputer des matches au couteau. Ce n'est certainement pas une défaite contre une des meilleures équipes de l'Euro qui déstabilisera cette équipe. La Roja a bien trop faim, bien trop envie de montrer que le Mondial 2014 n'était qu'un accident. Cette défaite pourrait bien être salutaire. Après tout, la Seleccion avait bien perdu son premier match lors de la Coupe du monde 2010 avant de marcher sur tous ses adversaires avec une assurance étonnante. Tout n'est pas à jeter. Il y a simplement des ajustements à faire.
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Sergio Ramos, nouveau joueur de champ le plus capé de l'histoire de l'Espagne

Crédit: AFP

Après plusieurs matches très moyens, Fàbregas a rendu une belle copie. Son entente avec David Silva a été saluée au pays. Quand elle est capable d'enchaîner les passes avec de la vitesse, de la justesse et de la concentration, la Roja est intouchable. Le but de Morata est un modèle du genre. Dans El Pais, Manuel Jabois l'a même qualifié de "monumento". En dépit de cette défaite avec son équipe-type, l'Espagne reste favorite de ce huitième de finale mais sa suffisance passagère l'a conduite vers l'adversaire le plus piégeux. La Croatie a servi d'avertissement. La Roja a intérêt de retenir la leçon. L'Italie punit toujours les péchés d'orgueil.
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