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Force supplémentaire ou fardeau, l’Euro à domicile n’est pas forcément un cadeau

Martin Mosnier

Mis à jour 10/06/2016 à 14:33 GMT+2

EURO 2016 – Dix-huit ans après la Coupe du monde, la France accueille l’Euro. Jouer à domicile peut être un formidable atout, comme le sait si bien Didier Deschamps, ou un énorme fardeau, comme s’en souviennent les Brésiliens. Les Bleus de 2016 seront-ils les héritiers de 1984 et 1998 ?

L'équipe de France face au Cameroun à Nantes

Crédit: AFP

1984 et 1998. Voilà un héritage dont il va falloir se montrer digne. Les deux dernières compétitions internationales organisées par la France lui ont plutôt souri. Ces deux succès ont érigé un théorème : quand la France organise un Mondial ou un Euro sur son sol, elle va au bout. Tout le monde a effacé de sa mémoire la Coupe du monde 1938 ou le Championnat d’Europe 1960. La bande à Didier Deschamps est donc au pied d’une montagne, d’un défi immense.
Pourtant, gagner à domicile, ça ne se fait pas les doigts dans le nez. En regardant de plus près l’histoire des Coupes du monde et des Championnats d’Europe, seuls neuf pays hôtes y sont parvenus en 34 éditions mais plus personne depuis la France. Soit 16 ans d’insuccès en Coupe du monde et 32 à l’Euro. C’est donc tout sauf une partie de plaisir. Les quatre derniers pays organisateurs d’un championnat d’Europe (Suisse-Autriche et Pologne-Ukraine) ont même tous été éliminés en phase de poules. "Tout le monde va vouloir battre le pays organisateur", a prévenu André-Pierre Gignac cette semaine. Un statut qui cloue une pancarte plus grosse qu’elle ne devrait être dans le dos des Bleus. Ce n’est pas un cadeau.
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Les supporters de l'équipe de France agitent des drapeaux tricolores, lors de France-Jamaïque, le 8 juin 2014.

Crédit: Panoramic

L’exemple du Vélodrome en 1984

Car, objectivement, cette équipe de France n’a pas l’expérience des doubles champions d’Europe en titre espagnols ou des champions du monde allemands. "On n’a encore rien fait", a rappelé Didier Deschamps jeudi. Mais les Bleus jouent chez eux et ça peut tout changer. "C’est une compétition assez ouverte", notait Christophe Jallet la semaine dernière. "Mais on joue à domicile et c’est une force supplémentaire pour nous transcender et faire vibrer."
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Michel Platini au Vélodrome de Marseille en 1984

Crédit: Imago

Ce n’est pas le public qui marque des buts. Mais les supporters des Bleus les ont déjà sortis de sacrés traquenards. En 1984, au Vélodrome, les futurs champions d’Europe sont menés en prolongations par le Portugal (1-2) mais arrache la victoire grâce à un public marseillais incandescent. La bande à Platini a très souvent insisté sur l’appui décisif du Vélodrome alors que les Bleus étaient au bord du précipice. Plus près de nous, en 2013, le barrage retour face à l’Ukraine est un autre cas d’école. Boudée depuis des années, cette équipe de France a retrouvé ses supporters et une forme d’union sacrée au meilleur moment pour un immense exploit (3-0). L’acte fondateur de la génération actuelle.

Le Brésil submergé par l’émotion

Mais la frontière est parfois ténue entre ce supplément d’âme et un trop plein de pression. En 2014, les Brésiliens, en pleurs à chaque hymne national, ont fini par exploser en vol. L’attente de leur public était beaucoup trop forte. Les Allemands ont profité de leurs jambes tremblantes et de leurs pulsations mal maîtrisées pour les humilier en demi-finale (1-7). "C’est une chance. Mais on a déjà beaucoup de pression, il faut être attentif à ne pas en ajouter", prévient Steve Mandanda. Même son de cloche chez Laurent Koscielny : "Il faut savoir rester positif, ne pas être submergé par ses émotions."
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David Luiz et le Brésil effondrés par l'Allemagne, Coupe du monde 2014

Crédit: AFP

A la veille du match d’ouverture, c’est sur ce contexte particulier, cette énorme effervescence que Didier Deschamps a voulu insisté. Il avait un message à délivrer pour mettre en garde ses hommes : "Il ne faut pas en faire une montagne, le contexte ne doit pas conditionner notre approche", a-t-il assuré. "Moins l’environnement aura d’influence sur nous, mieux ce sera." Les Bleus ont-ils les épaules pour réussir là où le Brésil a échoué ? Ce sera à Hugo Lloris, Patrice Evra et surtout Didier Deschamps de protéger cette sélection inexpérimentée.

La pression semble glisser sur eux… pour le moment

Inexpérimentée ne signifie pas nécessairement plus exposée à la pression. Ce groupe a déjà démontré, ces dernières semaines, qu’il pouvait faire front face à un contexte défavorable (blessures et polémiques en tout genre). La pression semble glisser sur les épaules des Coman, Martial et autres Kanté. Ces trois-là, pour ne citer qu’eux, ont su apprivoiser le niveau international et la sélection avec une facilité déconcertante.
"Les plus jeunes jouent sans réfléchir", a témoigné Bacary Sagna à Clairefontaine mercredi. "Les Martial, Coman n’ont aucune crainte." Cela ne les empêchera peut-être pas d’être étourdis par le grand tourbillon d’une compétition à domicile. Les Bleus de 2016 ont un avantage par rapport à ceux de 1998 : un pays entier acquis à leur cause sans la moindre réserve. Ce n’est pas une condition suffisante de victoire finale mais c’est un avantage non négligeable.
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