Ibra, un dernier pied de nez et puis s’en va

Zlatan Ibrahimovic a le don pour se faire attendre. Jusqu’au bout. Et sa dernière apparition devant les médias en tant que joueur de la sélection suédoise en a été la plus parfaite illustration. La star a fait patienter les journalistes jusqu’au bout de la nuit. A minuit et demi bien passé, il a fini par se présenter en zone mixte. Juste le temps de trois phrases lâchées en Suédois, deux en anglais, avant de disparaître pour s’engouffrer dans le bus de l’équipe de Suède.

Pourtant, il n’y en avait que pour lui. La zone mixte avait des airs de champ de course à la déclaration sur Ibrahimovic dans cette zone mixte. Quand Thibaut Courtois s’est arrêté devant la presse anglaise, il n’a été question que de l’avant-centre adverse. Pas du portier belge, pourtant essentiel dans cette victoire des Diables Rouges. Sa performance est restée secondaire. La priorité, c’était Ibra, et d’éventuelles retrouvailles avec le Suédois la saison prochaine en Premier League. Courtois s’est plié à l’exercice sans broncher. Ibra, lui, a laissé la presse écrite sur sa faim. Comme il aime si bien le faire.

La star suédoise n’avait pas vraiment le cœur à ça non plus. Cette carrière internationale, il ne voulait pas la voir s’achever en cette chaude soirée niçoise. Et surtout pas comme ça. Pas sur une défaite aussi frustrante que celle que son équipe a concédé devant des Diables opportuns sur une contre-attaque, à dix minutes de la fin de la rencontre. Ibrahimovic a fait ce qu’il a pu pour éviter ça. Il s’est démené en vain pour offrir ce succès synonyme de qualification pour les huitièmes de finale. Mais il n’y est pas parvenu.

Son émotion était presque palpable au coup de sifflet final. Elle en a touché plus d’un. Comme cette accolade donnée à Marc Wilmots, et ces quelques mots échangés avec le sélectionneur belge. "Je crois que quand une grande personne tire sa révérence, la moindre des choses est de lui dire bravo, a raconté Wilmots dans un très bel hommage en conférence de presse. Je lui ai dit bravo pour sa carrière. Qu’il avait fait du bien au football. J’ai été un ancien joueur, je sais que c’est dur quand ça finit."

C’est surtout dur pour la Suède. Ibrahimovic a éclairé cette sélection de tout son talent, de toute son aura. Elle est désormais orpheline de sa légende. Et elle le pleure déjà. "J'espérais qu'il aurait une meilleur fin, je ne pense pas qu'on trouvera un nouveau Zlatan, il est spécial, unique, a résumé son sélectionneur, Eric Hamren, en conférence de presse. Nous pourrons trouver un autre très bon joueur, mais un petit pays comme la Suède n'aura pas un autre Ibrahimovic."

Les Suédois ne sont pas les seuls à le reconnaître. "Zlatan est un grand nom du football, il a réussi beaucoup de choses avec la Suède, et de très grandes choses, a souligné Eden Hazard. Il aurait voulu rester dans ce tournoi un peu plus longtemps, mais c’était notre but de nous qualifier. Mais il restera toujours un grand nom du football. Il peut encore accomplir de grandes choses en club." Ibrahimovic a tourné la page de sa carrière internationale sur une fausse note. Il en a une autre à ouvrir désormais. Dans un club dont tout le monde attend qu’il révèle l’identité. Ce genre de situation qu’il aime particulièrement.