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Italie : Tactiquement, Conte n'a pas d'autre choix que de miser sur les vieilles recettes italiennes

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 06/06/2016 à 10:21 GMT+2

EURO 2016 - Conditionné par plusieurs absences importantes ainsi que le manque de qualité global des potentiels sélectionnables, le technicien italien a décidé de s’en remettre à l’ADN du football transalpin. Solidité, ruse et contre-attaques. Et ça pourrait peut-être bien fonctionner.

Antonio Conte, le sélectionneur de l'Italie, en septembre 2015

Crédit: Panoramic

L’Italie, le pays aux 60 Millions de sélectionneurs comme on dit ici, même si toutes les nations sont logées à la même enseigne de ce point de vue là. La liste des 23 d’Antonio Conte a fait jaser, et ce n’est pas faute d’avoir mis les petits plats dans les grands pour la présenter. C'était en grandes pompes lors d’une émission spéciale diffusée sur "Mamma" Rai mardi dernier, à quelques heures de la date limite fixée par l’UEFA. En grandes pompes et en petites voitures puisque les heureux élus ont débarqué, tirés à quatre épingles, dans des Fiat Panda couleur azur comme pour incarner ce profil bas à l'ordre du jour. Car malgré les déclarations de circonstance du sélectionneur ("J'ai pris les meilleurs"), à la vue des 23 gaillards qui ont foulé le tapis rouge déroulé pour l’occasion, on en déduit que la Squadra Azzurra ne va pas faire dans la dentelle lors de cet Euro.

Un retour presque forcé au 3-5-2

La blessure de Marco Verratti serait-elle à l’origine de ce changement de cap ? Une question légitime que tout le monde se pose, or, ce serait accorder beaucoup trop d’importance à un joueur brillant avec le PSG mais timide ou absent avec l’Italie. En effet, sa dernière apparition remonte à octobre dernier en Azerbaïdjan. Depuis, la Nazionale a disputé six rencontres et de nombreuses alternatives individuelles et collectives ont été testées. Non, le vrai coup dur est le forfait de Claudio Marchisio, homme de l’ombre et véritable "équilibrateur" de cette formation. Sans lui, Conte a dû mettre de côté les deux projets tactiques sur lequel il bossait minutieusement. D’abord, le 4-4-2 ou plutôt 4-2-4, le schéma qui a fait sa réputation lors des premières années de sa carrière de coach à Bari et Sienne. Il avait même tenté de le mettre en place à son arrivée à la Juve mais avait dû se contraindre à aligner trois milieux et trois défenseurs devant l'abondante qualité que chacun de ces secteurs offrait.
Puis, en installant un 3-4-3 aussi innovant qu’intriguant lors des derniers matches amicaux, Conte a tenté un coup. Spectaculaire face à l’Espagne (1-1 mal payé), prétentieux contre l’Allemagne (lourd revers 4-1). Conclusion : trop déséquilibré. Du coup, retour quasiment obligatoire au 3-5-2, la valeur sûre du foot italien ces dernières années.
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Antonio Conte

Crédit: AFP

Il y a 3-5-2 et 3-5-2

Une solution de repli certes, mais une tactique garantissant des automatismes extrêmement huilés dont le sélectionneur italien connait parfaitement tous les rouages. Taxé de schéma ultra-défensif par les apôtres du beau jeu, tout dépend en fait des consignes et interprètes. A la Juve, Conte en avait fait un 3-3-4 plus qu’un 3-5-2 avec des latéraux au niveau des attaquants (Asamoah et Lichtsteiner) et des relayeurs prêts à se projeter dans la surface adverse (Marchisio et Vidal), le tout avec un playmaker comme Pirlo. Ça, c’est aussi pour rassurer les supporters de Chelsea. Quand il possède une matière première de qualité, le technicien italien est assez ambitieux dans le jeu. Néanmoins, la version que l’on verra en Nazionale sera fortement remasterisée.
La base reste la même, le quatuor Buffon, Bonucci-Barzagli-Chiellini qui évolue ensemble depuis maintenant cinq ans. Une réelle garantie, un point de repère dont l’Italie ne peut décemment se priver en cette période de vaches maigres. Sur les côtés, des bosseurs plus que des dribbleurs, capables de combiner phase défensive et offensive sans rechigner. Devant la défense, sans Pirlo, Marchisio et Verratti, ce sera une sentinelle, presque un quatrième défenseur. L’expérience d’un De Rossi ou d’un Thiago Motta qui compensent leur mobilité par leur sens du placement pourrait servir. Ils devront être aussi les rampes de lancement de relayeurs hyperactifs et à l'aise dans la moitié de terrain adverse. D’où la reconversion d’ailiers à ce poste si stratégique comme les Giaccherini ou Florenzi. Enfin, devant, pas de chichis, Pellè pour prendre tous les ballons et un petit format à lui associer.
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Insigne (Italie) ouvre le score face à l'Espagne

Crédit: AFP

Quantité plus que qualité

Les interprètes cités ainsi que les derniers écartés de la liste (Jorginho, Bonaventura…) laissent peu de place au doute. Conte mise sur le tempérament et la gnaque plus que le jeu et le spectacle. Un recours à une formule qui a façonné le palmarès de l’Italie avec une exception, cette fois, pas de créateur axial à la Rivera, Baggio ou Pirlo, la fantaisie partira des côtés et du banc de touche (Insigne, Bernadeschi principalement). Pas le moment de jouer à la baballe coûte que coûte, une philosophie dont son prédécesseur Prandelli avait abusé. Attention, on ne parle pas non plus catenaccio pur et dur, non, plutôt d’attention défensive et de contre-attaques chirurgicales pour surprendre des adversaires mieux lotis techniquement. C’est l’idée que le sélectionneur a en tête face à la Belgique ou ce genre d’équipes passibles d’êtres affrontées après la phase de poules.
En revanche, contre l’Irlande et la Suède, les deux autres adversaires de la poule E, il faudra être plus entreprenant, un ajustement tactique n’est pas à exclure. L’extrême polyvalence des sélectionnés le permettra. D’ailleurs, Conte continue de bosser sur le 4-4-2 mais avec des priorités claires : solidarité, esprit de groupe, intelligence tactique, capacité de se sacrifier. Des concepts qu’ils martèlent depuis déjà deux semaines. Côtoyer quotidiennement son groupe change tout pour le futur entraîneur des Blues, et c'est pour cette raison que l'Italie risque de surprendre à cet Euro, outre le fait qu'elle n'est jamais aussi dangereuse que lorsqu’on n'attend rien d'elle.
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Antonio Conte, le sélectionneur de l'Italie

Crédit: Imago

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