Allemagne - Slovaquie : Joshua Kimmich, c'est peut-être lui le successeur tant attendu de Lahm

David Lortholary

Mis à jour 25/06/2016 à 18:22 GMT+2

Il est monté dans le train de l'Euro in extremis, il est en passe de s'approprier le poste d'arrière droit de la Mannschaft après une entrée convaincante contre l'Irlande du nord à l'Euro : le jeune Bavarois Joshua Kimmich profite de son extrême polyvalence pour grimper les échelons à vitesse grand V.

Germany's midfielder Joshua Kimmich controls the ball during the Euro 2016 group C football match between Northern Ireland and Germany

Crédit: AFP

"Vous ne pouvez pas comprendre. J'aime ce gamin. Il a tout, il est capable de tout réussir, il donne tout", a lâché un jour Josep Guardiola devant un aréopage munichois. Quelqu'un avait, alors, osé avancer que Joshua Kimmich (prononcer Yo-zoua, il y tient) n'était pas un choix pertinent comme défenseur. Sujet sensible pour le cœur du technicien catalan. On ne touche pas à "son" Kimmich, son œuvre, son invention, ce prodige de désormais 21 ans et 1,76 m qu'il a façonné et promu titulaire.
Et ce pas seulement comme milieu défensif – son poste d'origine – ni même comme arrière central, ni comme arrière latéral ; plutôt les trois à la fois. À tel point que Guardiola est allé plus loin dans l'hommage, le considérant publiquement comme "presque [son] fils". Sa prophétie du succès de Kimmich est en train de prendre corps, au-delà du Bayern, en équipe nationale. Pour les Espoirs, c'est déjà fait depuis longtemps. On parle bien de la Mannschaft.
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Thomas Müller und Joshua Kimmich (Deutschland)

Crédit: AFP

Un arrière droit associant vitesse, vision du jeu, volonté, assiduité, sérénité, qualité de passe et de centre, le sélectionneur en rêvait depuis Philipp Lahm. Le capitaine champion du monde a tiré un trait définitif sur sa carrière internationale dès la fin du Mondial 2014. Depuis lors, le trou était béant, le vide était flagrant : la Mannschaft n'a plus de spécialiste du poste.
Le sélectionneur a testé Sebastian Rudy à plusieurs reprises. Le latéral d'Hoffenheim était destiné à endosser la fonction mais son niveau n'a pas convaincu. En panne, Löw s'est replié sur Benedikt Höwedes, le charismatique défenseur central à tout faire de Schalke. Un profil à mille lieues des qualités de Lahm : robuste, fort dans les duels, valeureux au cours des deux premiers matches (Ukraine, Pologne), Höwedes ne possède aucune qualité offensive de couloir.

Un timide du micro

Après un nul 0-0 contre la Pologne, où l'Allemagne, de l'avis de tous, a manqué de tonus, l'Irlande du nord s'est présentée. Du tonus, pour forcer le verrou britannique, il en fallait. Du sens tactique aussi. Le plan de Löw ? Des latéraux qui se muent en ailier pour étirer la défense adverse. Et, tant qu'à faire, qui sachent se montrer à leur avantage dans le jeu en combinaisons que le sélectionneur affectionne tant.
Kimmich, dès lors, s'imposait comme une évidence, bien qu'il ait fêté ses débuts avec les A il y a seulement quelques semaines, en amical contre la... Slovaquie, adversaire des Allemands en huitième de finale ce dimanche (1-3 à Augsbourg sous des trombes d'eau). Bilan du gamin pour sa deuxième sélection : aucune appréhension, aucun duel perdu et une franche zizanie provoquée sur le flanc gauche de la défense britannique. Le tout avec autant d'insolence qu'il éprouve de timidité face à un micro. Tout bénéf...

L'hommage d'Höwedes

Outre-Rhin, les éditorialistes influents poussent désormais pour que Kimmich ait à nouveau sa chance au cours de cet Euro. "On peut déjà le pronostiquer, il aura sa place comme arrière droit en huitième de finale, contre une équipe bâtie avant tout pour défendre", avance Oliver Hartmann, du bi-hebdomadaire spécialisé kicker. Qui ose même titrer : "Joshua Kimmich, l'homme qu'il faut pour le côté droit". La joie de jouer et la flexibilité demandées par Löw et retrouvées par l'Allemagne contre l'Irlande du nord sont, précisément, deux des attributs de Kimmich.
Les supporters allemands, y compris ceux qui conservaient un regard critique sur la nomination du jeune Bavarois dans les 23, l'ont bien saisi, qui en ont fait instantanément l'un de leurs chouchous. Jusqu'à son concurrent lui-même : "Joshua a super bien joué. C'était exactement la bonne décision de la part du coach que de le mettre sur le terrain. Nous avons été plus dangereux dans le jeu vers l'avant. Nous devons tous nous incliner devant notre grand objectif et mettre tous nos egos en sourdine. Il est normal que d'autres joueurs bénéficient de temps de jeu", a twitté Benedikt Höwedes en forme d'hommage appuyé et dans la lignée de cet altruisme prôné depuis la prise de pouvoir de Löw il y a dix ans. Et érigé en slogan depuis le Mondial 2014.
Avec 23 matches disputés en Bundesliga pour sa première saison dans l'élite avec le Bayern et 92% de passes réussies, Kimmich est déjà un phénomène. Guardiola ne l'a pas cantonné à un poste. Löw, lui, y est contraint. Et a d'autant moins besoin de lui ailleurs que le milieu de terrain axial – Khedira, Kroos, Schweinsteiger – et la défense centrale – Hummels, Boateng, Mustafi et... Höwedes – sont particulièrement bien fournis.
Alexander Zorniger, entraîneur de Stuttgart par où est passé Kimmich, a déclaré qu'il mettrait volontiers des coups à tous ceux qui ont été impliqués dans le départ du prodige, en 2013. En sélection, le problème ne se présentera pas. Au Bayern sans doute non plus : Hermann Gerland, l'historique entraîneur adjoint du club, vient de déclarer sans ambage au quotidien munichois Tageszeitung : "Kimmich est le nouveau Philipp Lahm. Si ce dernier devait stopper sa carrière dans deux ans, nous n'avons pas de souci à nous faire à ce poste : Joshua sera le nouvel arrière droit du Bayern". De la part de celui qui a découvert et formé Lahm, le message est tonitruant.
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