Jouer en équipe de France ne se revendique pas, ça se mérite

C'est arrivé dans les couloirs de Santiago-Bernabeu. Et c'est passé inaperçu. Ou presque. En même temps, il y avait déjà tellement à dire de la démonstration barcelonaise et de la chute de la Maison Blanche que la sortie médiatique de Jérémy Mathieu n'a pas déchaîné les foules. Pour ceux qui n'ont pas suivi, un petit rappel : interrogé par nos confrères de BeIn Sports, le défenseur du FC Barcelone est revenu sur sa prestation, évidemment, et a eu le droit à sa petite question sur l'équipe de France, à laquelle Mathieu a répondu le plus franchement du monde. Et avec une amertume certaine.

Voici l'extrait.

"A un moment, il faudra me dire ce qu'il faut faire" et "j'aimerais bien qu'on m'explique" sont les deux moments phares de l'intervention du défenseur du Barça qui, pris dans l'euphorie d'une victoire mémorable et pas loin d'être historique, a revendiqué une place dans le groupe France et s'est même montré quelque peu cavalier avec le sélectionneur des Bleus. Deux semaines après l'énigmatique "enfin bref..." d'Aymeric Laporte, l'histoire bégaie. Et c'est désolant.

Jérémy Mathieu mérite-t-il de faire partie du groupe France et d'en être l'un de ses membres réguliers ? Chacun a son avis sur la question. Pour ma part, j'estime que faire partie du meilleur club du monde, disputer une partie du match le plus médiatisé de l'année, ou avoir tout gagné (comme il le dit) ne suffit pas. Ça aide, certes. Mais ça ne suffit pas. S’installer dans le onze catalan donnerait déjà plus d'épaisseur à sa candidature et, quoi qu'il puisse en penser, Didier Deschamps ne s'en plaindrait pas.

De toute manière, le fond du problème n'est finalement pas tant de savoir si Mathieu mérite ou non d'être appelé en équipe de France. Ni de se servir des caméras et micros pour faire campagne. Il n'est pas le premier ni le dernier à le faire. Il arrive que ça fonctionne et Mathieu aurait eu tort de ne pas faire comme les autres. Là, c'est la forme qui dérange.

Plus que ses dires, c’est la façon de le dire qui pose souci. Par son ton, son expression, Jérémy Mathieu laisse sous-entendre qu'il est victime d'une injustice. Un réflexe de plus en plus commun ces derniers temps. Pour rappel, il n'y a que 23 places à pourvoir. Et des dizaines de joueurs pouvant prétendre à la sélection restent aux portes du château de Clairefontaine. Et il arrive, parfois, que ce soit injuste. Vraiment.

Au moins, Jérémy Mathieu ne laisse pas planer la menace ultime : celle de choisir une autre sélection (ndlr : il en aurait la possibilité alors que ses quatre capes ont toutes été honorées lors de rencontres amicales). Et c'est tant mieux. Parce que ce n'est pas non plus la solution. Giannelli Imbula, qui a plus ou moins tenté le coup, en sait quelque chose.

Il faut cesser de penser que la sélection nationale est un dû. On ne décide pas d'aller ou non en équipe de France. On ne choisit pas les Bleus. C'est la sélection qui vous élit. Au mérite. Et, parfois, l'appel n'arrive jamais. Ça, c’est vraiment injuste. Mais, pour reprendre le gimmick d'un célèbre animateur de télévision vêtu de noir, la vie est injuste. Néanmoins, que le Barcelonais se rassure, il n’en est pas encore là. Et, comme il est bon ton de terminer sur une note positive, on se réjouira quand même d’une chose : Jérémy Mathieu a toujours envie des Bleus. Reste à trouver les mots justes pour le dire.