L'antisèche : Il ne plaît pas à tout le monde, mais le Portugal mérite d'être en finale

La première période, franchement soporifique, a laissé craindre une issue dans la lignée des dernières sorties du Portugal. Les Portugais n'ont jamais su trouver les espaces entre les lignes resserrées d'un bloc gallois bien replié. Ils semblaient partis pour vivre la même frustration offensive que lors des tours précédents. Et puis, la situation a totalement changé en trois minutes, peu après la pause.

Trois minutes durant lesquelles le Portugal a marqué deux fois, sous l'impulsion de Cristiano Ronaldo, et changé le cours du match. Car le Pays de Galles, contraint de se découvrir, a laissé des espaces que les hommes de Fernando Santos ont pu exploiter, mais pas suffisamment pour s'offrir un troisième but. Sans conséquence. Le Portugal, inquiété seulement sur des frappes lointaines de Gareth Bale, n'a pas trop eu à s'employer pour préserver son but inviolé et se qualifier pour la finale. En toute logique sur le contenu du match.

Frustré en première période, Cristiano Ronaldo a pris son envol après la pause, à l'image de cette détente sublime pour ouvrir le score de la tête. Impliqué également sur le deuxième but portugais inscrit par Nani, CR7 a été le grand artisan de la qualification de son équipe pour la finale. Nani a confirmé son bel Euro avec une nouvelle prestation aboutie, tandis que Raphaël Guerreiro, passeur décisif pour Ronaldo, a réussi sa rentrée.

En face, Gareth Bale a fait ce qu'il a pu pour porter le Pays de Galles vers un nouvel exploit, mais il était trop seul pour animer l'attaque galloise. Joe Allen n'a notamment pas su hausser son niveau de jeu pour compenser l'absence d'Aaron Ramsey dans la création. James Chester, décalé sur la gauche de la défense en l'absence de Ben Davies, a longtemps été impeccable. Mais il n'a pas la détente de Cristiano Ronaldo. Cela s'est vu sur le but de CR7.

La présence de Ramsey. Sans le milieu d'Arsenal, meilleur passeur de l'Euro avec quatre passes décisives, l'animation offensive galloise est apparue beaucoup plus limitée que lors des dernières sorties de la formation de Chris Coleman. Il n'y a pas eu le même liant entre le milieu est l'attaque, et les Portugais ont pu récupérer facilement les ballons dans l'entrejeu et faire courir l'adversaire grâce à leur supériorité technique. Si l'absence de Pepe semblait au départ très problématique pour la défense portugaise, c'est bien celle de Ramsey qui a eu l'impact le plus important sur le match.

Un magnifique coup de tête pour rentrer dans l'histoire. En ouvrant le score pour le Portugal, Cristiano Ronaldo a marqué son 9e but en phase finale de l'Euro, et égalé le record de Michel Platini. Qui avait cependant réussi l'exploit de signer ses neuf réalisations en un seul Championnat d'Europe et cinq matches, en 1984. Il en a fallu quatre à CR7 : 2004 (2 buts), 2008 (1 but), 2012 (3 buts) et 2016 (3 buts). Ce qui n'enlève rien à un record qu'il détiendra seul s'il marque en finale.

Le Portugal n'est pas un finaliste flamboyant. Il a plutôt été du genre poussif jusqu'ici. Il a dû attendre cette demi-finale face au Pays de Galles pour remporter enfin un match dans le temps réglementaire. Il a encore affiché des difficultés pour se créer des occasions en première période et pour exprimer pleinement le talent de ses joueurs offensifs. Pour être spectaculaire, tout simplement. Les deux buts inscrits après la pause l'ont qualifié pour la finale, mais n'ont pas changé une impression générale le concernant.

Il faut être deux pour faire un bon match. Et il faut bien reconnaître que les adversaires du Portugal n'ont pas vraiment ouvert le jeu face aux partenaires de Cristiano Ronaldo. A part la Hongrie, et cela a donné un match spectaculaire (3-3). Mais l'Islande, l'Autriche, la Pologne, le Pays de Galles et surtout la si talentueuse Croatie ont joué bas et fermé les espaces quand elles ont affronté les Portugais. Pour mieux exploiter les défauts d'une sélection que toutes ces équipes redoutaient. Aucune d'entre elles n'est parvenue à ses fins. Parfois, pour pas grand-chose. Mais à l'arrivée, cela en dit assez long sur la capacité de l'équipe de Fernando Santos à gagner dans la souffrance.

C'est l'une de ses qualités, et elle illustre assez bien son parcours. Mais le Portugal en a d'autres. Jusqu'ici, il a toujours dominé ses adversaires techniquement. Il a toujours eu la maîtrise du ballon, à défaut d'en faire la meilleure utilisation à l'approche des 30 derniers mètres. Il a une cohésion collective indéniable dans la récupération. Et sa place en finale est loin d'être usurpée. Sa chance, ce sera de jouer un adversaire qui ouvre davantage le jeu en finale. Et il aura peut-être, enfin, l'occasion de montrer qu'il est séduisant.