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L'Italie connaît très bien Zlatan Ibrahimovic, mais le craint-elle pour autant ?

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 17/06/2016 à 12:42 GMT+2

EURO 2016 - C’était un des chocs annoncés de cette première partie de l’Euro, Ibrahimovic versus l’imperméable défense transalpine. L’attaquant suédois a passé huit années dans la Botte, remportant beaucoup de titres mais se heurtant également souvent contre l’actuelle arrière-garde italienne. Les Azzurri sont confiants.

Zlatan Ibrahimovic - Suède - Euro 2016

Crédit: AFP

18 juin 2004. Les présentations avaient été faites lors d’un précédent Euro, toujours en phase de poule et là encore au deuxième match. L'Italie de Trapattoni mène au score après le but de Cassano et se dirige vers une victoire la propulsant vers les quarts de finale. 85e minute, corner de Kallström, Jakobsson de la tête pour Allback qui balance dans la petite surface au petit bonheur la chance.
Panucci au duel aérien face à Mellberg, le ballon monte et redescend devant Zambrotta qui envoie balader Ljunberg d’un petit coup d’épaule rusé. Cette sphère qui traîne dangereusement incite Buffon à sortir, mais il est devancé par Ibrahimovic qui, dos au but, envoie une talonnade/aile de pigeon lobée dans la lucarne défendue par un Vieri trop court sur pattes. 1-1 score final et prélude à un petit arrangement entre amis avec les voisins danois lors du dernier match. Peu importe le résultat de l’Italie face à la Bulgarie, un 2-2 qualifie forcément les Scandinaves et ce sera justement le score obtenu à la dernière minute.

Le quasi sans-fautes en Serie A

De prime abord, Zlatan évoque donc de mauvais souvenirs aux Italiens, mais il aura vite l’occasion de se faire pardonner. Deux mois plus tard, et après avoir longtemps été annoncé à la Roma, il rejoint la Serie A direction la Juventus. Hormis un petit détour décevant du côté du Barça, il ne quitte pas l’Italie pendant 8 ans. Deux saisons à la Juve, trois à l’Inter et deux au Milan, faisant honneur à sa réputation tout à fait méritée de mercenaire. Pas le genre à se prendre la tête avec ce type de détails, lui ne pense qu’à une autre chose : marquer et gagner.
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Zlatan Ibrahimovic sous le maillot de l'AC Milan, le 2 mai 2012.

Crédit: Panoramic

6 titres de champions dont les 2 révoqués avec la Vieille Dame et une seconde place. 148 buts inscrits en 294 rencontres. C’est allé crescendo avec une statistique très significative de son évolution, 0.28 but par match avec la Juve, 0.56 avec l’Inter, 0.66 avec le Milan. Un joueur qui n’a cessé de progresser, même si parallèlement le niveau du championnat baissait. Une personnalité déjà très imposante à son arrivée, une arrogance exponentielle. Des faits et gestes épiés, tellement épiés qu’on ne peut passer à côté de la différence de rendement entre la Serie A (0.56 buts par match) et la Ligue des champions (0.32). Son talon d’Achille, déjà.

Aimé même par ceux qui le détestent

Ce petit hic n’entache en rien le rapport instauré avec l’Italie, nation dont il maîtrise très bien la langue et où il revient dès qu’il en a l’occasion avec une préférence pour son dernier club transalpin. Les fleurs envoyées au Milan se comptent par bouquets même si les rumeurs d’un éventuel retour n’ont jamais été réellement fondées. Dommage, car c’est tout un pays qui était prêt à le ré-accueillir les bras grands ouverts, pour se nourrir de ses prouesses mais aussi de tout le cirque qui tourne autour de lui.
L’Italie aime Zlatan, oui oui, même les juventini et interistes qui l’ont dans le nez pour "haute trahison" ne résistent pas au charisme du personnage. Adulé sur les réseaux sociaux pour son esbroufe, la presse, elle, le claque en une de ses canards dès qu’elle en a l’occasion. Son expérience au sein d’un championnat moins compétitif ne l’a absolument pas redimensionné et ses exploits retentissent au delà des Alpes. "L’Italie est ma seconde maison et le foot italien le plus beau au monde", a-t-il encore déclaré ces jours-ci dans le magazine GQ Italie. Chiellini est formel dans Le Parisien : "Il est ce qu'il s'est vu de mieux chez nous ces 10 dernières années."
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Materazzi et Ibrahimovic à l'Inter Milan en 2009

Crédit: AFP

Comment le rendre inoffensif ?

Les mamours s’arrêtent là, ce vendredi soir, ce sera la guerre, Zlatan seul contre tous, contre ses adversaires mais aussi ses coéquipiers au niveau de jeu probablement trop juste pour espérer mieux qu’une qualification en tant que meilleur troisième. Dans le dur face à l’Irlande, les Suédois ont dû s’en remettre à un débordement de leur attaquant star et la baraka d’un csc pour accrocher un nul. De quoi rassurer Conte ? Le sélectionneur est confiant et peut se contenter de compter sur ses hommes forts.
Ibrahimovic ne cesse de dézoner, c’est déjà le cas au PSG, ça l’est encore plus en sélection où il redescend très bas pour construire lui-même le jeu. C’est dans cette zone apparemment inoffensive qu’il faudra être attentif, ce sera la tâche des milieux de terrain, notamment De Rossi et son incommensurable expérience, même si Thiago Motta qui le connait très bien pourrait être aligné. Le trio de défenseurs juventini fera le reste, avec une mention spéciale pour Chiellini. Choc de titans, déjà survenu en Serie A. Coups bas et provocations au menu. Pas de marquage individuel à l’ancienne mais un traitement de faveur. Quand les deux se croiseront, il y aura des étincelles. Et à ce jeu, Giorgio est le plus doué.
Attention toutefois à ne pas commettre l’erreur de se concentrer sur lui au point d’en oublier ses plus modestes partenaires. Plus que n'importe qui, le Suédois a cette capacité à bonifier ses coéquipiers, il ne les rend pas intrinsèquement plus forts, mais plus efficaces. Ses dézonages attirent un, deux, voire trois adversaires et ouvrent des espaces dans lesquels s’engouffrent les autres. Souvenez-vous de Nocerino auteur d’une saison à 10 buts au Milan avant de retrouver à un niveau très quelconque une fois Zlatan parti.
Un dangereux jeu d'hypnose qui n'avait cependant pas fonctionné lors des quelques précédents face à la Juve de Conte. 3 affrontements, 0 but en 2011-12. De bon augure. En outre, s’il parvient à se défaire de cette incroyable organisation défensive admirée face à la Belgique, il devra tromper Gigi Buffon auquel il n’a inscrit qu’un seul but dans sa longue carrière, vous avez bien compris, il s'agit bien ce mauvais tour joué à l’Euro 2004. Une fois, pas deux.
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Les stars de l'Euro 2016 - Zlatan Ibrahimovic (Suède)

Crédit: Eurosport

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