Merci la Squadra, merci Conte !

Il régnait en tribune de presse et dans les couloirs du stade de Bordeaux une impression étonnante dans les rangs des supporters et des journalistes italiens. Un mélange de déception et de… fierté. Et on les comprend. L’Italie a été sortie par l’Allemagne en quarts de finale de l’Euro 2016 (1-1, 6 tab à 5). Mais elle n’a pas à rougir de son parcours durant ce tournoi en France. Mieux, elle peut bomber le torse. On peut d’ores et déjà écrire qu’elle a été l’une des belles surprises de cet Euro.

Cela fait bizarre de parler de surprise quand on évoque la Squadra Azzurra. C’est quand même une sélection qui peut se targuer de posséder à son palmarès quatre titres de champion du monde et un Euro. Il ne faut cependant pas oublier que l’équipe d’Antonio Conte est arrivée en France diminuée par les absences au milieu (Verratti, Marchisio), dépourvue de vrais talents offensifs et sur la pointe des pieds. Au final, elle a été enthousiasmante. Oui, oui, rien que cela.

La Nazionale n’a pourtant pas mis en place un jeu léché à base de redoublement de passes. Ce style si souvent prôné dans le football moderne et depuis l’avènement du FC Barcelone dans le monde des clubs et de la Roja au niveau international. Limitée techniquement mais si solide derrière avec sa défense made in Juventus, elle a justement tenté de trouver comment bloquer ces armadas offensives. Comment les faire déjouer. "Notre idée était de construire une petite machine de guerre et nous y sommes parvenus " confirme Antonio Conte. On peut difficilement ne pas être d’accord avec "maître Conte".

La Belgique s’y est cassé les dents (2-0), l’Espagne aussi en huitièmes de finale (2-0) et même l’Allemagne n’a pas trouvé la clef dans ce bloc italien (1-1), qui n’a quitté le tournoi qu’à l’issue d’une séance de tirs au but en mode roulette russe. Et si ce quart de finale n’a pas toujours été passionnant sur le plan du jeu, l’Italie a livré des prestations séduisantes dans l’ensemble. A chaque fois, on avait ainsi hâte de voir la suite. De voir quel plan elle allait mettre en place pour continuer à déjouer les pronostics. Grâce à elle, on a pu assister à de belles batailles tactiques, de vraies oppositions de styles. Et certains ont pris des leçons de science du jeu (Wilmots et Del Bosque peuvent se sentir visés).

Pendant un peu plus de trois semaines, la troupe d’Antonio Conte a finalement rappelé que le travail tactique, la rigueur ou encore un cœur énorme étaient essentiels même au niveau international. Et que la défense était bien un art. Cela n’a rien d’honteux de s’appuyer sur ces ingrédients pour une sélection de ce rang. En football, on peut donner du plaisir autrement. "On a essayé avec les ongles, avec les dents de rester accrocher à ce rêve", a fièrement conclu à l’issue de ce dernier match de la Squadra le sélectionneur italien.

Antonio Conte est bien sûr pour beaucoup dans ce parcours. En vrai chef d’orchestre et en leader hors pair, il s’est imposé comme le symbole de cette réussite. En prônant la primauté du collectif sur le talent, il a exploité au mieux les atouts de ses Azzurri. Voilà pourquoi cette Italie n’a aucune raison de baisser la tête. Son Euro n’a déçu personne, loin de là.