"On ne sait jamais, il peut porter plainte" : Quand Nasri pèse ses mots avant de parler de Deschamps

Chaque prise de parole de Samir Nasri en France est l’opportunité pour lui de régler ses comptes avec les Bleus et leur environnement. Le long entretien accordé à L'Equipe 21, diffusé jeudi soir dans le cadre de l’émission "Sport Confidentiel", n’a pas échappé à la règle. Le milieu de Manchester City a encore vivement critiqué Didier Deschamps, à qui il ne pardonne pas de l’avoir écarté de la liste pour le dernier Mondial. "Je lui en veux pour ce qu'il m'a fait, il m'a privé d'une Coupe du monde", a indiqué Nasri. Ce dernier n’a surtout pas apprécié que le sélectionneur de l’équipe de France, prolongé à la tête des Bleus jusqu’en 2018 ce jeudi, ne lui donne pas d’explications sur ses choix. Et ce malgré l’entregent de Jean-Pierre Bernès, leur agent commun. "Qu’ai-je fait pour que Deschamps refuse de me parler ?", s’est demandé l’ancien Marseillais.

Au passage, Nasri a mis en doute les qualités de leadership de DD et sa capacité à manager un effectif. "Quand on est un grand entraîneur on doit savoir gérer les égos et les relations au sein d'un groupe." Interrogé sur ce qu’il dirait à Deschamps s’il était en face de lui, Nasri a longuement réfléchi - "On ne sait jamais, il peut porter plainte" - avant de dégainer : "Je lui dirais que c’est un hypocrite et qu’il aurait dû se comporter en tant qu’homme, en assumant ses choix. Pareil pour Noël le Graët." Une déclaration qui enterre définitivement son avenir chez les Bleus, tant que le duo présidera aux destinées de la sélection.

De toute façon, Nasri ne compte pas revenir sur sa décision de mettre un terme à sa carrière internationale, malgré son jeune âge (27 ans). "Ce n’est pas une coquetterie. Je ne me vois vraiment pas retourner en sélection, je suis sincère. Je vous donne rendez-vous dans dix ans. Même avec un autre sélectionneur, je ne reviendrai pas." Outre Deschamps et Le Graët, Lloris en prend aussi pour son grade au cours de l’interview. Le gardien et capitaine des Bleus aurait été à l’origine de la mise à l’écart de Nasri après le barrage aller pour la Coupe du monde 2014 en Ukraine, à la demande de trois joueurs. Ce que le portier de Tottenham n’a jamais confirmé directement à Nasri. "J’ai demandé des explications à Lloris. Il m’a dit qu’il ne s’était rien passé, alors que j’avais eu confirmation de plusieurs journalistes. Si j’en ai vraiment la certitude, peut-être que je ne lui serrerai pas la main la prochaine fois que je le croise".

Après avoir fustigé les trois hommes forts des Bleus, Nasri s’est timidement remis en question. Il "concède ne pas avoir joué [son] meilleur football en équipe de France", même s’il estime que cela a beaucoup à voir avec les attentes placées en lui. "On s’attendait à ce que je fasse du Zidane", a-t-il regretté. Il a également reconnu avoir un caractère pas forcément adapté à la vie de groupe. "Je peux être un petit con, de temps en temps. J’aime bien emmerder les gens", a-t-il lâché avec un sourire en coin qu’il n’a quasiment pas lâché lors de l’entretien. Mais selon lui, l’arrogance qu’il dégage découle surtout de la distance qu’il s’impose avec son environnement. "Quand je ne connais pas la personne en face de moi, je ne lui parle pas. Mais j’aurais dû m’ouvrir, parce que ça ne m’a servi à rien." Pas sûr que Nasri ait réussi son opération séduction auprès de tout le monde. En tout cas, il a définitivement tourné la page équipe de France.