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Plus c'est difficile, plus ça arrange l'Italie

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 27/06/2016 à 19:00 GMT+2

EURO 2016 - Première de son groupe avant tout le monde, la Squadra Azzurra va toutefois devoir affronter un vrai parcours du combattant si elle veut atteindre la finale de l'Euro, et c’est parfaitement ce qui lui convient.

Andrea Barzagli et Leonardo Bonucci face à Marouane Fellaini lors de Belgique - Italie à l'Euro 2016

Crédit: AFP

8,3 tirs par match, seules trois équipes ont fait pire, idem pour le nombre de dribbles, 4.3 en moyenne. 48,7 % de possession de balle, soit une 13ème place sur les 24 participants, c’est aussi le classement de la Squadra Azzurra concernant la proportion de passes réussies qui est de 78.4 %.
Ces stats du premier tour publiées au lendemain de la défaite contre l’Irlande ont définitivement ramené tout le monde sur terre en Italie après les débuts en fanfare face à la Belgique et l’euphorie qui s’en est suivie. Un decrescendo dans la qualité du jeu proposé confirmant une fois de plus la théorie qui veut que la Nazionale s’exalte et s’éclate face aux gros et déçoit et déjoue contre les petits comme la Suède et l’Irlande. Ça tombe bien, elle devrait ne plus en affronter d’ici la fin de l’Euro.

Prestations décroissantes

Retournement de veste, culture de l’instant, simple et légitime "enflammade" après une dernière Coupe du Monde extrêmement frustrante ? Que reste-t-il de cette Italie plus italienne que jamais face aux Diables Rouges ? On s’attendait à ce que les Azzurri soient un peu plus entreprenants face à des adversaires à leur portée. Et bien non, Antonio Conte a confirmé n’avoir qu’un seul plan de jeu dans cette compétition et aucune alternative valable. Déjà contre la Suède, cette attitude attentiste jusqu’à l'épuisement paraissait exagérée, mais alors que dire de la rencontre face à l’Irlande ? La Nazionale n’avait rien à perdre dans ce match et pouvait lâcher les chevaux.
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Italy's coach Antonio Conte gestures on the sideline during the Euro 2016 group E football match between Italy and Sweden at the Stadium Municipal in Toulouse on June 17, 2016.

Crédit: AFP

La multitude de joueurs remplaçants alignés et le piteux état de la pelouse du Stade Pierre-Mauroy n’excusent pas tout, on aurait dit un de ces tristes amicaux d’automne dont les joueurs italiens se contrefichent royalement. Les limites techniques mises en relief durant les deux dernières rencontres confirment bien que l’on a affaire à l’Italie la moins douée de l’histoire du foot. Trop de passes loupées et de contrôles ratés. Vraiment faiblard. Il faut ainsi s’en remettre définitivement au "fanatisme" tactique de Conte qui sera plus que jamais sollicité lors des rencontres qui arrivent.

La configuration parfaite

Inutile de crier au complot, impossible de contrôler les impondérables, la différence de niveau entre les tableaux haut et bas n’était pas prévisible, ce sont les secondes places de l’Angleterre et l’Espagne qui ont tout chamboulé. Reste qu’en étant la seule équipe qualifiée pour les 8èmes après deux rencontres, la Nazionale se sent un peu flouée, surtout quand elle voit le parcours de la Belgique (Hongrie puis Irlande du Nord ou Pays de Galles). Pour les Italiens, un chemin de croix se profile avec la Furia Roja, la Mannschaft éventuellement en quarts puis les Bleus ou les British en demie.
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Kevin De Bruyne et Matteo Darmian lors de Belgique - Italie à l'Euro 2016

Crédit: AFP

De quoi ne pas relâcher l’attention et la pression un seul instant, le genre de contexte où l’Italie se surpasse. Des rencontres sous haute tension face à des favoris de la compétition, c’est là que sa capacité à préparer mieux que quiconque les rencontres fera la différence. Finaliste il y a quatre ans, Federico Balzaretti déclarait récemment : "Personne ne connait mieux le football que les Italiens". Excès de zèle ? Orgueil mal placé ? Non, lucidité et tournure qui correspond parfaitement au savoir tactique d'Antonio Conte. L’Espagne et les autres cadors sont des équipes qui vont lui permettre d’évoluer dans sa configuration favorite, dans l’attente, en verrouillant, en gênant la conquête du ballon, en étant chiants, en "roublardant" et en ayant la patience d’exploiter les quelques opportunités offensives. En étant tout simplement Italiens.

Guerre des nerfs

On tente de se rassurer comme on peut en se raccrochant à un improbable génome footballistique ? Quid du 4-0 encaissé en finale du dernier Euro ? Une Italie différente, contre-nature, qui avait la forte volonté d’imposer son jeu et qui est arrivée complètement rincée en finale, réduite à 10 à l’heure de jeu après la blessure de Thiago Motta. Rappelons plutôt le nul en ouverture de cette même compétition, la demie de Coupe des confédérations un an plus tard, ou encore l’excellente prestation en amical en mars dernier (nul immérité...pour les Ibériques). Iniesta après la rencontre face à la Croatie : "Hormis la finale de 2012, ce ne sont que des matches serrés. L’Italie possède un excellent bloc défensif, auquel elle a ajouté une réelle capacité à 'soigner' le ballon, ce sera un match très compliqué." Xavi dans les colonnes de la Gazzetta dello Sport : "Les Italiens savent très bien à quoi ils jouent, ils ne paraissent jamais nerveux. Le score est de 0-0 et eux sont tranquilles tandis que nous sommes anxieux car nous n'arrivons pas à marquer. Psychologiquement, c'est problématique pour l'Espagne."
Les Espagnols le reconnaissent, ils ne pourront pas s’empêcher de tricoter autour de la surface, c'est plus fort qu'eux et ils exposeront leur défense fébrile aux offensives adverses. Une réflexion que sont en train de se faire les Allemands en vue d’un hypothétique quart de finale et Didier Deschamps ne connait que trop bien les Italiens pour se féliciter de pouvoir éventuellement les affronter en demie.
Personne n’est tombé dans le piège des décevantes prestations transalpines face à la Suède et l’Irlande. Ces dix dernières années, la Squadra Azzurra a galéré contre l'Australie, la Nouvelle Zélande, la Roumanie, perdu contre la Slovaquie et le Costa Rica, mais a battu l'Allemagne et la France par deux fois, ainsi que l'Angleterre et résisté à l'Espagne. Les étoiles dorées brodées au-dessus de l'écusson du maillot de ses adversaires la métamorphosent. Il n'y a plus de stats de tirs, de possession de balle qui comptent. Un autre Euro commence. Son préféré.
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Eder (Italie) contre la Suède

Crédit: AFP

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