Si les Bleus ne sont pas les maîtres du jeu, ils sont bien ceux du temps

Au moins, on ne pourra pas dire qu’ils n’ont fait vibrer personne. Si le Mondial 2014 de l’équipe de France n’a pas marqué l’inconscient collectif par le manque d’émotions dégagées par les hommes de Didier Deschamps, c’est tout l’inverse en ce début d’Euro.

Avec deux victoires arrachées dans les dernières minutes, les Bleus ont joué avec les nerfs de leurs supporters. Et avec les leurs. Il fallait d’ailleurs voir les Français se jeter sur Antoine Griezmann pour comprendre leur soulagement. Certains ont même préféré s’allonger plutôt que de rejoindre le groupe, comme pour mieux exprimer ce sentiment de délivrance face à cette mission qu’ils avaient décidemment bien du mal à remplir.

Une habitude depuis le début de l’année 2016 puisque ce type de scénario s'est répété lors du match amical de mars contre les Pays-Bas (4-2) ou en préparation contre le Cameroun (3-2).

Alors, certes, les Bleus ne maitrisent pas le jeu et ne parviennent que rarement à créer des décalages mais ils possèdent un certain sens du timing. Cette année, 43% de leurs buts ont été inscrits dans le dernier quart d’heure de jeu. Hormis contre l’Ecosse qui n’a pas proposé assez pour mériter un final épique (3-0), les Bleus ont scoré dans des moments décisifs. Souvent pour renverser des situations mal-embarquées.

Alors, comment expliquer cette réussite particulière dans ce que l’on nomme habituellement le Fergie Time ? Olivier Giroud s’y est bien essayé au sortir de la victoire contre l’Albanie (2-0) : "On les a usés, usés et cela a fini par payer, ils ont craqué". Bien sûr, l’explication est valable, notamment dans son cas, tant les Bleus ont répondu présent dans le duel physique et ont constamment cherché à faire tourner le ballon pour trouver la faille dans les murailles. Mais elle ne suffit pas.

En réalité, la vertu de cette équipe de France est simple : elle ne lâche rien et sait se dépasser à l’image d’un Rami, improbable passeur décisif sur le but de Griezmann. Cela semble être une lapalissade mais c’est bien la qualité première de cette équipe : son mental. Et le groupe France, façonné au gré des forfaits par Didier Deschamps, semble réellement uni vers le même objectif. Celui de gagner. Et dans les temps.