Pourquoi on aime cette équipe de France U19

Chaque catégorie de jeunes a ses individualités, ces quelques joueurs que l’on énumère quand il s’agit de l’évoquer. Le cru 1997 des Bleuets ne déroge évidemment pas à la règle, à cela près qu'il contient en son sein un taux de "technicité" supérieur à nombre de ses prédécesseurs. Trois joueurs ont particulièrement séduit balle au pied lors des deux premières rencontres : Kylian Mbappe, Amine Harit et Ludovic Blas. Et chacun dans son registre. le Monégasque par ses incroyables facultés en un-contre-un, le Nantais par son toucher de balle et sa capacité à faire jouer les autres et le Guingampais par sa qualité de passe et de percussion.

Ils devraient être titulaires tous trois face aux Pays-Bas, tout comme trois autres joueurs qui incarnent la colonne vertébrale de cette équipe de France : Issa Diop, défenseur central solide qui a semblé monter en puissance, Lucas Tousart, capitaine et récupérateur précieux, et Jean-Kevin Augustin, buteur face à la Croatie (2-0). "Cette génération a du talent", nous confiait à raison Ludovic Batelli, son sélectionneur, avant la compétition. Elle l’a plutôt bien montré jusque-là.

En mai dernier, l’élimination piteuse de l’équipe de France U17 dès le premier tour de l’Euro avait laissé un goût amer à la Fédération française de football. Comme d’autres sélections avant elle, la troupe de Bernard Diomède s’était montrée peu inspirée dans le jeu, conservant le ballon parfois à outrance sans être capable d’une quelconque créativité. Cette saison, et à l’Euro a fortiori, les U19 ont donné à voir autre chose sur le terrain.

S’ils ont pu se montrer bons dans le jeu de possession et les attaques placées, les joueurs de Ludovic Batelli ont affiché une variété intéressante. On peut citer, entre autres, un apport précieux des latéraux (Michelin à droite et Boscagli à gauche, notamment), des frappes lointaines souvent signées du Rennais Poha ou de belles tentatives d’attaques rapides, profitant de la vitesse de Mbappe et Augustin dans les espaces.

Au-delà du talent et du jeu, il y a une chose qui plaît dans cette équipe : l’état d’esprit. Trop souvent, les jeunes "talents" français sont apparus, en sélection, un peu dilettante, pas toujours suffisamment impliqués. Ce n’est clairement pas le cas de ces "1997". Et cela se traduit, sur le terrain, par une activité débordante, un pressing tout-terrain, un bloc très mobile…

C’est même cette volonté d’aller chercher l’adversaire très haut qui a conduit les Français à encaisser deux buts, coup sur coup, en entame contre l’Angleterre (1-2). Par la suite, les réglages tactiques ont été faits et la solidarité des Bleuets a fait le reste. Il suffisait de voir Amine Harit, meneur de jeu exilé à gauche du 4-4-2, revenir défendre à chaque action à la hauteur de son latéral ou Jean-Kevin Augustin presser sans relâche la défense adverse pour mesurer que cette équipe de France a des jambes… et du cœur.

Il lui faudra au moins tout ça pour venir à bout, lundi, des Pays-Bas et s’offrir une victoire qui lui ouvrirait les portes des demi-finales de l’Euro… et du Mondial U20, l’été prochain. Un match à l’enjeu énorme pour cette génération qui a réussi à donner à ses suiveurs l'envie de la revoir. Déjà une bien belle victoire.