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Euro U21 2013 - Finale Espagne-Italie: La Rojita, simplement intouchable

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 19/06/2013 à 13:32 GMT+2

L'analyse tactique de la finale de l'Euro U21 montre que l'Espagne a réussi à surclasser l'Italie en relevant, un par un, tous les défis stratégiques posés.

FOOTBALL 2013 Euro U21 Spain-Italy (Joy)

Crédit: AFP

Si l'Espagne a assumé mardi son statut d'ultra-favorite de l'Euro Espoirs, c'est parce qu'elle a su surclasser collectivement une équipe d'Italie qui a fait illusion le temps de revenir une première fois au score avant de devoir baisser pavillon face à la supériorité de la Rojita. Explications.
ITALIE: PRESSER POUR CONTRER
Sans surprise, Julen Lopetegui n'a quasiment rien changé au système qui avait facilement battu la Norvège en demi-finale (lire :Espagne 3-0 Norvège, l'analyse tactique). Meilleur buteur de la compétition jusqu'ici, Morata remplaçait Rodrigo à la pointe du 4-3-3 (De Gea - Montoya, Bartra, Inigo Martinez, Moreno - Illarramendi, Koke, Thiago - Isco, Tello, Morata). Côté italien, Devis Mangia n'a pas non plus touché au onze qui avait fini par surprendre les Pays-Bas au tour précédent (Bardi - Donati, Bianchetti, Caldirola, Regini - Florenzi, Rossi, Verratti, Insigne - Borini, Immobile).
Sur ce match, les Italiens avaient commencé par presser les défenseurs centraux néerlandais avant de reculer pour mieux quadriller leur moitié de terrain (lire : Italie 1-0 Pays-Bas, l'analyse tactique). Face à des Espagnols d'un niveau supérieur sur le plan technique, ils n'ont pas pris de risques inconsidérés et ont laissé Inigo Martinez et Bartra sans pression. En pointe du 4-4-2 italien, Borini et Immobile se positionnaient à hauteur de Illarramendi. Derrière eux, Verratti et Rossi répondaient aux décrochages de Thiago et Koke en sortant de leur moitié de terrain. Sur les côtés, Florenzi et Insigne devaient en faire de même dans les couloirs.
Pour l'Italie, il s'agissait de perturber la transition espagnole en limitant les espaces à Thiago, Illarramendi et Koke ; une fois les Italiens repliés dans leur camp, Borini et Immobile revenaient aussi défendre afin d'empêcher les milieux de poser le jeu côté italien.
Les ballons gagnés par les Azzurinis étaient ensuite destinés à alimenter les attaquants le plus rapidement possible, afin de créer des situations de deux contre deux avec les centraux espagnols. Ces derniers ont d'ailleurs assez souffert, tant dans les duels qu'en raison leur placement hasardeux. Auteur du but égalisateur, Immobile a d'ailleurs été bien aidé par le positionnement approximatif de Inigo Martinez pour pouvoir se présenter face à De Gea (10e).
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Espagne Italie U21 Toniutti Tactique

Crédit: Eurosport

ESPAGNE: PRESSER POUR CONTROLER
Le jeu direct des Italiens était de toute façon contraint par l'excellent pressing espagnol. Bénéficiant de la présence d'Illarramendi en couverture, Thiago et Koke sortaient au pressing sur Verratti et Rossi, complétant le travail des joueurs de couloir sur leurs homologues italiens. A chaque fois que l'Italie devait ralentir le rythme pour conserver le ballon, l'Espagne était en mesure de remettre la pression sur le porteur de balle et les solutions autour de lui.
Les passes en retrait à destination des défenseurs étaient elles accompagnées par Morata. Les courses de l'attaquant permettaient à l'équipe de reprendre sa forme initiale alors que l'Italie repartait elle aussi de zéro dans sa moitié de terrain.
Les ballons gagnés par les milieux espagnols pouvaient être rapidement bonifiés en étant ramenés dans le camp italien avant que les attaquants et les milieux adverses n'aient le temps de remettre en place leur pressing sur la relance. C'est d'ailleurs comme cela que la Rojita a lancé la phase de jeu aboutissant à l'ouverture du score de Thiago (6e).
ISCO: LE PERTURBATEUR
Au-delà de leur capacité à accélérer sitôt le ballon récupéré, les Espagnols ont aussi trouvé des solutions pour mettre à mal le travail des six Italiens (attaquants et milieux de terrain) travaillant sur leur relance. Très vite dans le match, Isco a ainsi quitté son aile gauche pour rejoindre ses trois milieux de terrain et offrir une solution supplémentaire dans l'axe.
Dès que Verratti ou Rossi sortaient au pressing, il se positionnait dans l'espace abandonné pour demander le ballon. Concernée par les déplacements de Morata et Tello, la défense italienne évoluait beaucoup trop loin pour contrôler ses prises de balle.
A défaut d'être lui-même servi, Isco perturbait le pressing italien par sa simple présence au milieu de terrain. Verratti et Rossi devaient en effet prendre en compte sa position avant de décider de sortir ou non au pressing. S'ils restaient en couverture, l'Espagne trouvait forcément une solution pour aller de l'avant, soit via Thiago, Koke ou Illarramendi, qui permutaient régulièrement, soit en utilisant les défenseurs (centraux et latéraux) comme rampes de lancement sur les côtés.
Les milieux espagnols recherchaient en priorité leurs attaquants : Isco entre les lignes ou en relais sur une aile, Morata dans les espaces ou en tant que point d'appui dans l'axe et enfin Tello dans la profondeur le long de la ligne de touche (comme sur le troisième but espagnol, 38e). L'attaquant du Barça était aussi ciblé par les changements de jeu de ses partenaires, qui lui offraient des un-contre-un à jouer face aux latéraux italiens (comme face à la Norvège).
L'ITALIE REMONTE SON BLOC :
Menée de deux buts à la pause, deux possibilités s'offraient à l'Italie. Revenir avec un système de jeu plus défensif, afin de diminuer les espaces entre les lignes et réduire l'impact de Isco ou Morata, ou monter le bloc une dizaine de mètres plus haut dans le but de réellement poser des problèmes à la relance espagnole, tout en espérant que la défense se mette au niveau. Avec deux buts à remonter, Devis Mangia a évidemment opté pour la seconde option.
Face aux relances courtes espagnoles, Borini et Immobile étaient rejoints par Verratti ou Rossi qui, chacun leur tour, sortaient en pointe du pressing pour prendre le milieu espagnol le plus axial (Illarramendi). Les attaquants bloquaient eux les zones où décrochaient habituellement les deux autres au cours de la première mi-temps.
Derrière, une ligne de trois (Insigne, Florenzi et le milieu axial resté en couverture) se positionnait en deuxième rideau pour contrôler les décrochages et autres mouvements de Isco ou Morata. Grâce à cet ajustement défensif, les Italiens sont plutôt bien rentrés dans leur deuxième mi-temps.
Une fois le ballon en leur possession, les décrochages de Verratti entre ses défenseurs facilitaient la relance et libéraient les latéraux qui offraient désormais des solutions dans les couloirs. Une nouvelle occasion de Florenzi (51e) est venue concrétiser le bon retour italien ; un come-back éphémère puisque l'Espagne s'est à son tour ajustée pour remettre définitivement la main sur la rencontre.
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Espagne Italie U21 Toniutti Tactique 2

Crédit: Eurosport

L'ESPAGNE TROUVE LES SOLUTIONS:
En réponse à l'avancée du bloc italien, les Espagnols ont mis à contribution leurs latéraux, et plus particulièrement Montoya, pour ressortir les ballons de leurs 30 mètres. Profitant du positionnement axial des deux premières lignes italiennes (attaquants et milieux de terrain), le latéral droit du Barça pouvait très facilement avancer balle au pied en attendant le repli d'Insigne dans sa zone, et servir Tello.
L'ailier jouait ensuite de sa vitesse pour dépasser Regini et créer le décalage dans la défense italienne. Dans d'autres situations, il attendait la montée de Montoya pour attaquer son vis-à-vis. Plusieurs alertes de ce côté du terrain ont poussé l'Italie à relâcher la pression sur la relance. Tout au long de la deuxième mi-temps, les Azzurini ont alterné entre deux positions pour leur bloc (avancée dans le camp adverse avec Verratti en première ligne ou 4-4-2 à plat avec Borini et Immobile).
L'Espagne a aussi adopté plusieurs formes au cours de la deuxième mi-temps, passant notamment en 4-2-3-1 pour répondre au pressing italien autrement que par du jeu rapide sur les ailes. Face aux trois Italiens en première ligne, deux milieux de terrain décrochaient en se positionnant dans les intervalles.
Les défenseurs centraux s'écartaient de manière à laisser l'axe à leurs partenaires. Une ligne de quatre se formait, recréant un surnombre en faveur de la Rojita à la relance. Devant, Isco et le troisième milieu offraient des solutions courtes, en plus des latéraux sur les côtés.
Une fois la première passe arrivée à destination, l'un des milieux décrochés se projetait vers l'avant afin d'offrir à son tour des solutions à ses coéquipiers. L'Espagne pouvait ainsi sortir de sa moitié de terrain comme elle aime à le faire, au sol et dans l'axe, la technique de ses milieux faisant le reste.
CONCLUSION :
Même si l'Italie a eu le dernier mot au tableau d'affichage grâce à un joli enchaînement de Borini, l'Espagne était tout simplement intouchable. Maître de son sujet tactiquement, les Espagnols ont su répondre à tous les ajustements proposés par leurs adversaires.
La capacité des milieux de terrain (Illarramendi, Koke, Thiago) à changer de registre sans perdre en qualité rend presque impossible la mise en place d'un pressing réellement efficace face à la Rojita. Et avec des joueurs comme Isco ou Tello pour faire la différence une fois les milieux adverses dépassés, la sanction peut vite tomber pour la défense adverse.
Alors que la sélection de Vicente Del Bosque a frappé un grand coup en livrant une prestation de grande qualité face à l'Uruguay dimanche, les performances des Espoirs sur cette quinzaine israélienne ont confirmé que le modèle espagnol était très loin de la fin de cycle.
Florent TONIUTTI
(sur twitter : @flotoniutti )
(sur le blog : Les Chroniques Tactiques )
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