La résurrection de Pizarro

A Chelsea, il n'était qu'un remplaçant de luxe. Au Werder, il est devenu incontournable. Après une première saison dans l'ombre en Premier League, Claudio Pizarro a retrouvé tout son éclat à Brême, le club où il a débuté en Europe en 1998. L'attaquant péruvien était pourtant en situation d'échec avant que Thomas Schaaf ne fasse appel à lui. Seulement deux buts l'an passé avec les Blues, une équipe au sein de laquelle il n'avait la plupart du temps droit qu'à quelques minutes de jeu en fin de match. L'arrivée de Nicolas Anelka à l'hiver 2008 et la faible confiance accordée par l'entraineur Avram Grant avaient fini par faire reléguer Pizarro, arrivé gratuitement du Bayern Munich en juin 2007, aux oubliettes. Le Werder lui a tendu la main, et il ne le regrette pas.

L'attaquant péruvien non plus. A 30 ans, il ne pouvait pas mieux relancer une carrière qui semblait en péril à Chelsea. "Je suis revenu parce que je connaissais cet entraineur, je connaissais ce club et qu'il m'a fait confiance. Avoir la chance de disputer la Ligue des Champions était également une donnée importante. Malheureusement, on n'a pas réussi un bon parcours dans cette compétition. Mais nous avons atteint les finales de la Coupe de l'UEFA et de la Coupe d'Allemagne, c'est déjà très bien", estime un Pizarro en pleine résurrection depuis qu'il a rejoint le Werder. Cette renaissance est synonyme de confiance. Le Péruvien l'a retrouvée sous les ordres de Thomas Schaaf, un entraineur qu'il apprécie justement pour ses qualités humaines. "Je pense que chaque joueur vous donnera une réponse différente", déclare-t-il quand il s'agit de décrire les qualités de son coach. "Pour moi, c'est important qu'un entraineur manifeste sa confiance au joueur, et c'est exactement ce que fait Thomas Schaaf", insiste l'ancien joueur du Bayern.

Les statistiques éloquentes de Pizarro donnent raison à l'entraineur du Werder. Avec 28 buts en 43 matches disputés, toutes compétitions confondues, le joueur prêté par Chelsea affiche une moyenne digne des meilleurs buteurs européens cette saison et de ses années les plus prolifiques en Bundesliga. Si le Werder, seulement dixième du classement, a manqué sa campagne en championnat, il a en revanche brillé sur les autres fronts. Et le Péruvien a joué un rôle majeur au sein d'une équipe trop souvent considérée comme uniquement dépendante du rendement de son meneur brésilien, Diego. Pizarro s'est lui aussi montré décisif, avec un doublé à San Siro pour sortir le Milan AC en 32e de finale, et surtout un but capital inscrit à Hambourg en demi-finale (2-3). "Ce match face à Hambourg reste définitivement le sommet de la saison, parce que c'était un derby. Nous n'avons pas gagné seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour nous supporters", rappelle l'international péruvien, auteur de 13 buts en 56 sélections.

Face au Shakhtar Donetsk, en finale de la Coupe de l'UEFA, il aura d'ailleurs encore plus de responsabilités. Le Werder, à la recherche d'un sacre européen depuis 1992 et sa victoire sur Monaco (2-0) en finale de la Coupe des Coupes, sera en effet amputé de trois joueurs majeurs: Per Mertesacker, Hugo Almeida et surtout Diego. "C'est un énorme coup dur", reconnait Pizarro. "Mais ce sont des choses qui arrivent dans le football et nous serons prêts à faire face", ajoute le robuste avant-centre (1,85 m, 84 kg). Rien n'entache l'enthousiasme du Péruvien, particulièrement désireux de briller pour décrocher le plus grand titre de sa carrière, même s'il avait remporté la Coupe Intercontinentale en 2001 avec le Bayern Munich. "Nous sommes très confiants, mais il n'y a pas de favori pour cette finale. J'espère seulement confirmer notre bonne forme actuelle. Remporter ce match serait extrêmement important pour moi et ma carrière", conclut-il. Chelsea, où il retournera à l'issue de son prêt, ne le considérera peut-être plus comme un simple remplaçant dans ce contexte.