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FIFA - Transparence, arbitrage, TPO : on a imaginé les 6 chantiers du président Platini

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 29/07/2015 à 19:18 GMT+2

FIFA - Désormais dans la course à la présidence de la FIFA, Michel Platini n'a pas encore communiqué sur son programme. Mais son expérience à la tête de l'UEFA et ses déclarations récentes laissent deviner les orientations qu'il pourrait prendre en cas de succès. Voici ce que Platini voudrait changer s'il prenait les rênes de l'instance mondiale du football.

Michel Platini lors du Congrès de la FIFA qui a donné lieu à la réélection de Sepp Blatter

Crédit: AFP

Michel Platini, c'est une certaine idée romantique du foot, un peu à l'image du joueur qu'il était. A l'UEFA, qu'il préside depuis 2007, il a prouvé qu'il n'était pas qu’un doux rêveur mais aussi un homme d'action efficace. Ses nombreuses mesures (fin du G14, ouverture de la Ligue des champions aux petites nations, instauration du fair-play financier) témoignent de sa volonté de tendre vers un football plus juste.
S'il n'a pas encore détaillé précisément le programme sur lequel il compte se faire élire en février prochain à la présidence de la FIFA, son action à l'UEFA et ses nombreuses déclarations esquissent les orientations qu'il pourrait prendre à l’échelle mondiale en cas de succès.

1. Restaurer la crédibilité de l'institution avec plus de transparence

Voilà le chantier le plus urgent en cas d'accession à la présidence de la FIFA. Ternie par les scandales de corruption, l'instance internationale doit se racheter une conduite et celui qui sera propulsé à sa tête devra inévitablement incarner la rupture avec son prédécesseur, le sulfureux Sepp Blatter. Platini, vice-président de la FIFA, sait qu'il sera attaqué sur son accointance avec le système déjà en place.
Le Prince Ali l'a déjà taclé sur ce point précis : "La FIFA est empêtrée dans le scandale (...) La culture des arrangements en coulisses, en sous-main, doit prendre fin." Voilà pourquoi dans la lettre envoyée aux 209 présidents et secrétaires généraux des associations membres de la FIFA, il a érigé en priorité son souhait de "rendre à la FIFA la place et la dignité qu’elle mérite", afin de qu'elle soit de nouveau "respectée, aimée et populaire".
  • Quelle décision pourrait-il prendre ?
Pour assurer la transparence de la FIFA, Platini doit briser l'omerta qui l'entoure. Publier l'intégrité du rapport Garcia sur les conditions d'attribution des Coupes du monde 2018 et 2022, et non pas une version édulcorée comme ce fut le cas en avril, serait un signe fort. "Nous ne sommes pas stupides. Tout le monde sait que le rapport sera publié après les élections", avait réagi Platini en mai dernier. L'ancien meneur des Bleus pourrait également créer une institution de contrôle indépendante visant les décisions du comité exécutif de la FIFA. Le comité d'éthique, qui existe actuellement, dépend… de la FIFA.
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Michel Platini, candidat à la présidence de la FIFA

Crédit: AFP

2. Changer le mode de gouvernance de la FIFA

Joao Havelange et Sepp Blatter se sont partagés le fauteuil de président de la FIFA depuis 1974. Quarante ans pour seulement deux présidents ? Une erreur selon Platini. "Durant ce presque demi-siècle, la FIFA n’a connu que deux présidents, a noté le Français dans la lettre qu’il a envoyé aux 209 présidents de fédérations pour annoncer sa candidature. Cette extrême stabilité est une sorte de paradoxe, dans un monde qui a été sujet à des bouleversements radicaux et dans un sport qui a vécu une mutation économique considérable. Mais les événements récents obligent l’institution suprême qui régit le football mondial à se réformer et à repenser sa gouvernance."
  • Quelle décision pourrait-il prendre ?
Le président de l’UEFA va être confronté à la rigidité de l’institution. En juin 2014, le congrès de la FIFA au Brésil avait rejeté les projets de limite d’âge et de limite de mandats. A 79 ans, Sepp Blatter avait ainsi pu se représenter pour se succéder à lui-même. Imposer une limite de mandats et d’âge, c’est une décision que le grand public attend et qui contribuera à redonner de la crédibilité à l'institution. Des obligations que Michel Platini devra, bien entendu, s’appliquer à lui-même.
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Michel Platini et Sepp Blatter, futurs adversaires pour diriger la FIFA ?

Crédit: AFP

 3. Donner plus de visibilité aux petits pays

Pour s'installer au sommet du football européen, Michel Platini a adopté une stratégie limpide : séduire les petites nations en leur ouvrant la Ligue des champions et en augmentant le nombre d'équipes qualifiées pour l'Euro (de 16 à 24). S'il peut compter aujourd'hui sur le soutien de la fédération européenne, celles d'Afrique et d'Océanie sont beaucoup plus défiantes à son égard. Les caresser dans le sens du poil en leur promettant une plus grande exposition lors de la Coupe du monde serait un argument de poids dans son programme.
  • Quelle décision pourrait-il prendre ?
Une nouvelle répartition des qualifiés pour la Coupe du monde. Il pourrait assurer la présence d'un représentant de l'Océanie (qui doit aujourd'hui passer par un barrage face au cinquième de la zone Amsud) ou gonfler la présence de sélections africaines. Soit en baissant le quota des autres fédérations soit, pour ne froisser personne, en augmentant le nombre d'équipes qualifiées. En cas d'élection, Platini pourrait soumettre à son comité exécutif le passage de 32 à 40 voire 48 sélections qualifiées. Il faudrait fatalement aménager la compétition : instaurer des 16es de finale par exemple. Avec Platini, tout est envisageable. Reste à savoir si cela peut être réalisable alors que le modèle fonctionne aujourd’hui à merveille.
Autre possibilité, ouvrir l'organisation de la Coupe du monde à une double candidature pour amortir les risques et diviser les frais. Comme il l'avait fait avec l'Euro 2012 co-organisé par la Pologne et l'Ukraine, il pourrait pousser dans le sens d'une Coupe du monde au Maroc et en Algérie ou en Australie et en Nouvelle-Zélande qualifiant d'office deux pays de fédérations qui sont aujourd'hui défiantes à son égard.
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Michel Platini, candidat à la présidence de la FIFA

Crédit: AFP

4. La fin des avancées dans l'arbitrage vidéo

Quitte à paraître rétrograde, Michel Platini est le plus farouche opposant à l'utilisation de la vidéo comme béquille pour l'arbitrage. Son élection signifierait forcément la fin des avancées en la matière. Pour aider les hommes en noir dans leur décision, Platini a introduit l'arbitrage à cinq en Ligue des champions et Ligue Europa. Mais pas question pour lui d'avoir recours à un système d'aide informatisée : "En France, on a introduit la technologie dans le rugby et c'est un désastre, témoignait-il en décembre 2013. A chaque occasion, il faut arrêter le match, voir ce que dit l'arbitre, qui n'a pas l'habitude d'être d'accord avec la technologie. Pendant ce temps, tout le monde devient nerveux."
  • Quelle décision pourrait-il prendre ?
La fin pure et simple de la goal line technology, introduite par la FIFA lors de la dernière Coupe du monde. Michel Platini n'est pas vraiment fan : "Mais je le répète, je trouve l'arbitrage à 5 formidable. D'ailleurs, 35 pays utilisent ce système pour leur ligue. Seule l'Angleterre a recours à la goal line technology. 35 contre 1, c'est une question d'argent. Après, j'avais prévenu il y a longtemps : la goal line technology, c'est la vidéo, ce sont les challenges et finalement la technologie dans le foot. Et je pense qu'il faut absolument éviter ça."

5. Faire appliquer l’interdiction de la TPO

Depuis le 1er mai 2015, la TPO (Third-party Ownership) est interdite dans le football. Il n’est donc plus possible que les droits commerciaux d’un footballeur soient détenus par des tiers. Seuls les clubs pourront se vendre et se prêter des joueurs entre eux. Du moins, dans la théorie. En mars dernier, Michel Platini avait répondu à une question sur son ambition d’interdire ce procédé. "J’ai fait grève en 1972 pour que les joueurs soient libres. Aujourd’hui de voir que le joueur appartient à plusieurs personnes, je trouve ça honteux. On est retourné à des formes d’esclavagismes modernes." Aujourd’hui, malgré l’interdiction de la FIFA, la TPO continue d'influer sur le mercato car, juridiquement, rien ne l'empêche.
  • Quelle décision pourrait-il prendre ? 
En tant que président de la FIFA, Michel Platini devra s’assurer que l’interdiction est respectée. C’est loin d’être le cas actuellement. Pour ce faire, il n’y a qu’une solution : que les tribunaux du sport s’unissent aux côtés de la FIFA. Juridiquement, l’instance ne pourra jamais lutter autrement… "Que l’argent du football reste dans le football", c’est l’ambition clairement assumée du Français en interdisant la TPO.
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Michel Platini, candidat à la présidence de la FIFA

Crédit: AFP

6. Changer les comportements

Comment le football va-t-il évoluer en cinq ans ? La question peut amener énormément de réponses. Pour Michel Platini, les problèmes majeurs de son sport sont provoqués par les joueurs et les supporters eux-mêmes. "Nous devons améliorer le comportement des joueurs et des fans, a déclaré le Français lors d’une interview sur le site de l’UEFA en mars dernier. Je n'aime pas comment les joueurs vont directement voir l’arbitre à chacune de ses décisions. Je n’aime pas comment il simule. Beaucoup de gens n’aiment pas le football à cause de ça."
Pour les supporters, Michel Platini avoue avoir plus de difficultés : "Il faut que l’on soit tous tolérants. Qu’on continue à bosser sur le racisme et les violences dans les stades. Il faut apporter des valeurs dans des tribunes, c’est très compliqué."
  • Quelle décision pourrait-il prendre ? 
A l’UEFAla formation des arbitres et la lutte contre le racisme ont été placés au centre des priorités depuis la réélection du Français en 2011. L’ancien numéro 10 va devoir aller plus loin pour changer le comportement des joueurs et des supporters dans les stades. Il n’y arrivera qu’au travers de sanctions en se montrant plus intransigeant contre ceux qui vont trop loin. On peut imaginer une plus grande sévérité des arbitres face aux simulations ou aux contestations.
Concernant les supporters, Michel Platini a fait de la lutte contre le racisme dans les stades l'uns de ses priorités en aidant financièrement l’organisation "Football Against Racisme in Europe" et en impliquant les plus grandes stars du continent, avant, pendant et après les matches. La campagne anti-racisme a porté ses fruits malgré quelques incidents récents. Il va s'agira, en cas d'élection, d’adapter ce qui a bien fonctionné à l’échelle mondiale. Jamais une mince affaire.
Martin MOSNIER et Loïc TANZI
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