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Changement de monde pour Marlyse Ngo Ndoumbouk

ParFOOT D'ELLES

Publié 22/03/2016 à 18:59 GMT+1

De notre partenaire Foot d'Elles

Eurosport

Crédit: Eurosport

Elle était jusqu’en janvier, l’une des meilleures buteuses de l’élite. Son départ en a surpris plus d’un. Cet hiver, Marlyse Ngo Ndoumbouk a quitté la VGA Saint-Maur, mal embarquée en D1, pour un club de D2, Nancy, Un défi de plus dans la vie de cette compétitrice. 
Si Marlyse Ngo Ndoumbouk cherchait le confort, son départ de Saint-Maur, englué dans la zone de relégation en D1, aurait pu en être une preuve. Sauf que l’attaquante prolifique de la VGA s’est exilée dans un club pas mieux loti, Nancy, à l’heure actuelle 9ème du groupe A, à 8 points du premier non relégable, Lille. Le dernier match de l'ASNL ? Un nul 2-2 contre Reims. Une nouvelle fois, elle a contribué au résultat de son équipe, en inscrivant les deux buts nancéens.
Un départ tardif pour l'Europe
Sa passion pour le foot, Marlyse Ngo Ndoumbouk la développe à Yaoundé (Cameroun), au sein du cercle familial : « J’ai découvert le foot grâce a ma famille. Mes deux grands frères jouaient au foot, et j’ai commencé avec eux ». Cette saison en D1, cela ressemblait un peu à un aboutissement pour la Camerounaise de 31 ans. C’est seulement à 24 ans, alors que Marlyse joue en équipe nationale en parallèle d’études de droit, qu’elle quitte son pays pour l’Europe. « Il y avait un manager qui vivait en Allemagne, et qui avait la double nationalité. Parfois, il venait au Cameroun car il avait de la famille là-bas, et il supervisait quelques détections. C’est là qu’il m’a repérée, et qu’il m’a proposé un club. Eux ont accepté de me faire un pré-contrat pour un essai là-bas, et c’est comme ça que je me suis retrouvée en Allemagne ».
Dans le club de Iéna, plus précisément, alors en D1 allemande (c’était en 2009, ndlr). Si l’arrivée dans un nouveau pays, seule, loin de sa famille, aurait déjà pu en décourager plus d’un, celle qui est aussi la belle-sœur d’Apoula Edel, un homme bien connu des fans de Ligue 1, a d’autres problèmes : « Je me suis blesseé au genou à l’entrainement peu après mon arrivée, et j’ai dû subir une arthroscopie qui m’a éloignée des terrains pendant 3-4 mois ». Une mauvaise nouvelle que Marlyse va retourner à son avantage en apprenant l'allemand pour faciliter son intégration. Pourtant après deux saisons, Marlyse part rejoindre un autre club outre-Rhin, suite à un différend avec ses dirigeants : «Au départ, à Iéna, j’avais un contrat professionnel. Parallèlement, je voulais continuer mes études, j’ai donc obtenu le niveau de langue nécessaire, le niveau B1, afin de les poursuivre. Nous nous étions entendus avec le club afin qu’ils s’occupent de mon inscription, chose qu’ils n’ont pas faite la première année. La deuxième année ils m’ont donc proposé de pallier cette erreur mais j’avais déjà décidé de partir, puisqu’ils ne voulaient plus m’offrir de contrat pro ».
Direction le SC Sand, pour Marlyse, qui passe une petite saison dans ce club désormais pensionnaire de D1. En 2012, elle arrive à Tours, grâce à l’une de ses connaissances. Une période difficile comme s’en souvient celle qui occupait en Allemagne le poste de numéro 6 : « J’arrive en 2012, l’année des Jeux olympiques, et je n’avais pas été retenue. Ça m’avait mis un petit coup au moral. J’étais triste de ne pas pouvoir participer à une compétition internationale. J’avais déjà disputé plusieurs évènements au niveau continental, mais jamais une compétition à ce niveau, et cela m’a attristé ».
La rencontre déterminante avec Régis Mohar
Mais son arrivée en France, qu’elle découvre pour la première fois, lui change les idées : « Je me suis rendue compte que ce n’était pas la fin du monde que de ne pas avoir été sélectionnée pour les JO. Ça a été un moyen pour moi de me fixer d’autres objectifs ». Après quelques mois en Indre-et-Loire, elle est repérée par Régis Mohar, déjà coach de la VGA à l’époque. Une rencontre qui amène un grand éclat de rire chez la joueuse, qui se rappelle : « Je leur en avais fait voir de toutes les couleurs (rire) ! On avait joué une confrontation aller-retour. L’aller ils nous avaient battus 5-1 et au retour nous avions fait 5-5 je crois, et j’avais marqué 5 buts. C’est là que le coach m’a dit, "tu fais quoi à Tours, viens avec moi" Et c’est vrai qu’à Tours il n’y avait que des jeunes, et que c’était, pour moi, pas assez ambitieux, les filles étaient un peu délaissées. Donc la saison qui a suivi je me suis dit qu’il fallait que j’aille voir ailleurs, parce qu’il n’y avait pas assez de challenge ! »
Le challenge, une constante qui poursuit souvent ses choix de carrière : « J’aime bien surmonter les obstacles, faire face à la difficulté » reconnait-elle. Si, comme nous l’a confié la présidente de la VGA, Marie-Therèse Policon, « Marlyse ne parle pas beaucoup », ce n’est pas pour autant qu’elle a du mal à s’intégrer au groupe : « Dès la première année je me suis comportée comme si j’étais une ancienne, et puis j’avais de la famille à Paris donc ça a aussi aidé mon intégration. J’ai cette capacité d’intégration très facile, peu importe la situation, je ne reste pas dans mon coin en me disant que j’ai peur d’aller voir les autres ! » décrypte Marlyse.
Lorsqu’elle arrive, la VGA vient d’accéder en D2. Si la première année, le club « manque la montée de peu », il ne laisse aucune chance à ses concurrents l’année dernière. Avec 22 victoires en 22 matches, et les 42 buts de leur attaquante star, Saint-Maur valide tranquillement son accession en D1. Madame Policon analyse sa réussite à la VGA ainsi : «Si elle a réussi chez nous, c’est aussi parce qu’elle avait autour d’elle des joueuses capables de lui donner d’excellents ballons. Elle avait une grande importance dans notre équipe, c’est sûr, mais autour d’elle il y avait une équipe qui la faisait jouer ». «Je ne dirai pas que j’ai soudainement explosé à la VGA, rectifie l'intéressée.J’ai toujours eu le même niveau, mais c’est simplement qu’en jouant en DH, l’intensité n’est pas du tout la même qu’en deuxième ou en première division, rien qu’à l’entrainement. Il y a aussi autour, c’est vrai, des joueuses qui sont meilleures, et qui m’ont permis de retrouver mon niveau de jeu que j’avais Allemagne ».
Arrivée en France sans papiers
Une belle histoire, surtout au vue de la situation de la joueuse lors de son arrivée au club : « A Tours j’étais déjà sans-papiers, j’avais un visa de travail allemand, mais pour être régularisée, il me fallait faire de nombreuses démarches administratives, c’était un véritable parcours du combattant ». Une démarche que le maire de Saint-Maur et la présidente Policon vont accompagner et faciliter : « Bien évidemment on l’a aidée à obtenir ses papiers afin qu’elle puisse encore mieux s’intégrer. Vous savez quand vous êtes sans papiers en région parisienne, vous n’êtes pas à l’abri de quelque chose. Elle avait quand même relativement peur de se faire arrêter. Et puis vous savez comment ça se passe… » explique la présidente de l’actuel dernier de D1. Seulement, l’idylle saint-maurienne va se ternir en D1 : « C’était difficile avec la VGA cette année, reconnait-elle. D’abord puisque pour moi, il y a quatre équipes qui se disputent la D1, le reste jouant la D2. Dès que vous affrontez le Top 4, vous essayez de limiter la casse. Après vous vous dites toujours que vous pouvez essayer de créer la surprise, mais il y a un monde d’écart entre ces équipes-là et le reste. Pour moi on a surtout mal géré le recrutement l’été dernier. Après nos 22 victoires en D2 sur la saison 2014-2015, le coach a, je pense, voulu surfer sur cet esprit de cohésion de groupe, sur cette bonne dynamique, mais il nous manquait des joueuses d’expérience », constate la désormais ex-attaquante de la VGA.
Un départ à l'amiable
Les raisons de son départ à Nancy cet hiver seraient motivées par une situation financière plus acceptable en Meurthe-et-Moselle : «Le club [Saint-Maur] dépensait de l’argent pour me garder, et les résultats ne suivaient pas, donc à un moment c’était compliqué de rester là-bas et de leur demander de l’argent. Nancy m’a proposé un contrat fédéral jusqu’à la fin de la saison, j’ai donc pris la décision de partir. Mais attention, je suis en très bons termes avec tout le monde là-bas ! J’ai gardé le contact avec le coach, et quelques joueuses ». « Moi je ne lui en tiens pas rigueur, disons que je ne peux que regretter son départ, ça c’est sûr, j’aurai aimé la garder » abonde la présidente du club francilien. Si son intégration à Nancy s’est bien passée, celle qui se voit jouer jusqu’à ses 42 ans (« tant que je garde une bonne hygiène de vie, je pense que c’est faisable »), se voit aussi continuer dans le foot à la fin de sa carrière : « J’aimerais rester dans ce milieu, j’ai déjà commencé une formation, je prépare mes diplômes d’entraineur, c’est quelque chose que j’ai dans un coin de ma tête, je me prépare déjà à l’après ». Un challenge de plus, évidemment.
Crédit photo : Marceau Carré
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