France : Le couteau suisse Yohan Cabaye est resté aiguisé, au cas où…

Qu'il joue, qu'il ne joue pas, qu'il soit titulaire ou qu'il soit remplaçant, Yohan Cabaye ne change rien. Un faible filet de voix, un sourire constant : le milieu des Bleus donne l'impression de marcher sur des œufs dans chacune de ses réponses. Ne comptez pas sur lui pour revendiquer quoique ce soit. Ce n'est pas le genre de la maison. "L'important, c'est de montrer mes qualités sur le terrain", a-t-il prévenu ce lundi à Clairefontaine. Pas de déclaration choc, pas de prise de position assumée : il avance prudemment.

Quelques heures seulement après France-Suisse (0-0), Cabaye a joué sur du velours après avoir réussi son retour dans le onze des Bleus. Ce n'est d'ailleurs pas tout à fait un hasard si Didier Deschamps l'a désigné pour s'adresser aux médias ce lundi. Le sélectionneur savait pertinemment qu'il n'avait pas grand-chose à craindre.

Pourtant sa prestation à Lille, pour sa première titularisation en sélection depuis novembre, pourrait lui donner des idées. Lui-même reconnaît qu'il a réussi son match : "J'ai montré beaucoup d'envie, de l'énergie en récupérant pas mal de ballons", a-t-il débriefé assez justement. "J'aime faire jouer mes coéquipiers et trouver la meilleure passe pour aller vers l'avant."

Sa première période a rappelé à quel point il pouvait être précieux. "On connait ses qualités de relanceur devant la défense et pour gratter les ballons", a analysé Dimitri Payet. Ses difficultés post Coupe du monde, en club et en sélection, et sa sortie progressive du onze-type au profit de Lassana Diarra l'ont fait nettement reculer dans la hiérarchie tricolore.

L'explosion de N'Golo Kanté a même fait planer une légère menace sur sa présence dans le groupe France. Une issue inimaginable en juillet 2014 au sortir d'une Coupe du monde où il s'était imposé comme le Bleu le plus régulier malgré un quart de finale raté face à l'Allemagne.

Deux ans après, si sa trajectoire a piqué du nez, lui n'a pas plongé. Il a abordé l'Euro dans un nouveau rôle. Celui de premier recours. "C'est une situation délicate", a-t-il admis. "Il faut être prêt mais on ne sait jamais quand le sélectionneur va faire appel à toi." Le cas s'est présenté ce dimanche. Non pas pour mettre sous pression N'Golo Kanté, irréprochable jusqu'ici, mais pour préserver le milieu de Leicester d'une éventuelle suspension en 8e de finale en cas de carton jaune.

A priori, Cabaye n'avait rien à gagner. Sauf que son match peut faire douter Didier Deschamps. Pas au poste de sentinelle où Kanté est intouchable. Mais l'ancien Parisien a cette qualité inestimable : il peut jouer aux trois postes du milieu à trois. Son entrée en jeu à celui de relayeur face au Cameroun (3-2) fut particulièrement convaincante. Il l'a rappelé ce lundi : "Je peux jouer plus haut. J'aime me retrouver à la fin des actions. Le coach m'utilise où il en a besoin." Le début d'Euro délicat de Blaise Matuidi ouvre de nouvelles perspectives. Bien sûr, Moussa Sissoko a montré qu'il avait les épaules pour muscler le milieu des Bleus. Cabaye aussi. Il se tient prêt. Discrètement mais sûrement.