Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Insaisissable et grillé en Europe comme entraîneur ? Bielsa y gagnerait à redevenir sélectionneur

Vincent Bantit

Mis à jour 11/08/2015 à 11:14 GMT+2

MERCATO - En claquant violemment la porte de l'OM, Marcelo Bielsa a fait une sortie très remarquée. Un nouveau coup de sang qui lui a peut-être interdit plusieurs destinations. Alors maintenant, où El Loco va-t-il rebondir ? Et quand ? Pour comprendre où il peut aller, il faut d'abord comprendre qui il est. Car il a moins la logique de "club" que de sélection.

Bielsa lors de Marseille - Bastia en Ligue 1, le 24 avril 2015

Crédit: Panoramic

Marcelo Bielsa n'a pas mis longtemps pour quitter Marseille. Au lendemain de l'annonce de sa démission surprise, El Loco a pris un avion pour rejoindre l'Argentine. "Je vais maintenant rentrer dans mon pays", avait annoncé samedi soir l'ex-coach de l'OM à l'issue de sa fracassante conférence de presse après la défaite de Marseille face à Caen (0-1). Dimanche, il a tenu parole. Reste maintenant à savoir où, et comment, va rebondir l'ancien sélectionneur de l'Argentine ? Son image est-elle écornée après son passage tumultueux à l'OM ?
A Marseille, Bielsa a finalement parfaitement justifié sa réputation. Bourreau de travail, tacticien ultra-méticuleux, coach pointilleux : "El Loco" a marqué de son empreinte la saison qu'il a passée à l'OM. Capable de changer les dimensions des terrains d'entraînement et d'installer des caméras au bord des pelouses pour filmer toutes les séances afin de passer ensuite des heures à les analyser, Bielsa a impressionné par sa capacité à tout analyser. Il n'a jamais rien laissé au hasard, s'en prenant par exemple souvent à ses adjoints, coupables d'avoir mal placé un mannequin en plastique ou oublier un plot sur le terrain...
picture

Marcelo Bielsa (Marseille)

Crédit: AFP

Une image dégradée aux yeux de grands clubs européens

Cette conscience professionnelle poussée à l'extrême caractérise bien l'ancien coach de l'OM. C'est le côté pile du personnage. Côté face, il y a l'homme. Sanguin, entier tout en restant aussi très calculateur. Son coup de sang le 4 septembre 2014 restera dans les annales du club olympien. A l'issue du mercato, il s'en était vertement pris à son président, Vincent Labrune. Le traitant, notamment, de "menteur" en conférence de presse, l'ancien entraîneur de l'Athletic Bilbao était allé très loin dans les accusations envers son supérieur hiérarchique.
Cet épisode n'a pas redoré l'image d'entraîneur incontrôlable collant à la peau du natif de Rosario. "Sur ce coup-là, nous avons reçu des dizaines de messages de soutien des grands clubs européens, explique un responsable de l'OM. Ils nous ont tous dit qu'il était inconcevable de voir une telle chose. Jamais un entraîneur respecté comme l'est Bielsa ne doit critiquer son club devant la place publique. Ce sont des choses qui doivent se gérer en interne."
Cette sortie au vitriol avait même fait dire à Labrune que Bielsa ne pourrait jamais travailler avec l'un des tops clubs européens... Un grand club, Bielsa aurait pu en rejoindre un en 2004. Alors libre après son départ de la sélection argentine, "El Loco" avait refusé l'offre du Real Madrid. C'est son adjoint de l'époque, Luis Maria Bonini, qui l'a récemment avoué. "C'était difficile de dire non au Real Madrid, seul Bielsa pouvait le faire, expliquait Bonini dans la presse espagnole. Mais c'est parce que nous étions en deuil. On avait vécu notre rêve de diriger l'équipe d'Argentine. C'était difficile. Marcelo ne voulait pas qu'on pense qu'il quittait la sélection pour s'engager avec le Real Madrid." Bielsa mettra trois ans avant de reprendre du service, à la tête de la sélection chilienne.

Un coup de folie qui a refroidi l'Europe

Prendre une nouvelle année sabbatique peut être une option. Car Bielsa n'a pas bien vécu ces derniers jours à Marseille. Samedi, au soir de la première journée du championnat, il a ainsi annoncé sa démission en conférence de presse sans en parler auparavant à ses joueurs. C'est un nouveau coup de sang pour l'Argentin. Il ne le grandira pas aux yeux des clubs susceptibles de le recruter. Car engager le gourou de Rosario signifie maintenant prendre des risques énormes avec un entraîneur capable de tout.
Aujourd'hui, qui peut tenter le pari de relancer le coach argentin ? En Europe, des approches ont bien eu lieu cet été. Bielsa a visité les installations de West Ham et écouté, avec attention, les émissaires du club de Leicester. Ces échanges ont eu lieu avant son coup de folie. Aujourd'hui, les clubs sont beaucoup plus réticents à accueillir le bouillonnant coach argentin.
picture

Bielsa (OM)

Crédit: AFP

L'Arabie Saoudite lui offrait un pont d'or

Suivi par plusieurs clubs, Bielsa a finalement choisi de demeurer à l'OM... avant de démissionner. "J'ai refusé des propositions m'offrant le triple de mon salaire à Marseille, expliquait-il lors de sa dernière conférence de presse. Mais j'ai voulu rester à l'OM. Je ne quitte pas ce club pour en rejoindre un autre."
Si Bielsa avance qu'il ne souhaite pas repartir au sein d'un autre club, peut-il se tourner vers une sélection ? Au printemps dernier, l'Arabie Saoudite voulait en faire sa figure de proue en vue de la Coupe du monde au Qatar en 2022. Un contrat en or l'attendait avec un bail longue durée à la clé. Parti lui aussi de Marseille la semaine dernière, Jan van Winckel, l'ancien préparateur physique de l'OM, a rejoint la sélection saoudienne... Faut-il y voir un signe de la future destination de Bielsa ?

Plus le profil d'un sélectionneur que d'un entraîneur

Après la piste saoudienne, c'est le Mexique qui est venu aux nouvelles le concernant. Les médias du pays se sont même affolés quand il a annoncé sa démission de l'OM. Pour eux, ce geste de folie a été perçu comme une décision très positive. Ils rêvaient de voir l'Argentin à la tête de leur équipe. Mais "El Loco" les aurait finalement éconduits. Il aurait refusé la sélection mexicaine dimanche, confirmant ainsi sa volonté de prendre son temps avant de décider de replonger...
Voir Bielsa reprendre une sélection constitue finalement la piste la plus plausible. Son passage à Marseille a montré qu'il avait du mal à s'enfermer dans la logique "club". Bielsa a besoin de prendre sa respiration pour donner le meilleur de lui-même. Son départ en Argentine début juillet était ainsi la conséquence d'un souhait de couper avec le quotidien de l'OM. Ce n'est pas pour autant qu'il s'était octroyé des vacances. Il a regardé 15 matchs par semaine afin de superviser plus de 30 joueurs pour l'équipe olympienne...

Il déteste les transferts et les agents

Quand il était à la tête du Chili, Bielsa connaissait l'ensemble des joueurs pouvant prétendre à la sélection. Il avait des fiches sur des joueurs de 17 ans, capables selon lui de jouer rapidement avec les A. Cette possibilité de pouvoir puiser à volonté dans un vivier de joueurs possédant la même nationalité a toujours séduit le personnage. Etre enfermé dans une stratégie d'argent et de transfert ne convient pas à Bielsa. "Il raisonne toujours en sélectionneur, explique un membre de l'encadrement de l'OM. Pour lui, chaque joueur contacté doit forcément signer au club. Il n'a pas la notion de ce que peut impliquer les transferts. Et il a une profonde aversion pour les agents de joueurs qu'ils considèrent comme la gangrène du foot..."
A Marseille, Bielsa a plusieurs fois poussé son président à mettre le paquet pour s'offrir certains joueurs. "El Loco" souhaitait par exemple que l'OM aligne les 4 millions d'euros demandés par Newell's Old Boys pour Milton Casco. Labrune a retoqué sa demande, refusant de monter au-delà de 2,5 millions d'euros pour un joueur de 27 ans dont le pedigree n'intégrait aucun club européen. Au final, Casco va rester aux NOB, l'ancien club de Bielsa, Marseille ayant abandonné cette option suite au départ de son entraîneur argentin.

Un talent qu'il faut savoir gérer

Refroidis par les dérapages répétés de Bielsa, plusieurs clubs pourraient se détourner de la possibilité de le faire venir. Il reste que la magie a bien opéré à Marseille pendant plusieurs mois. Cette faculté à jouer tout pour l'attaque continue de séduire des dirigeants dans toute l'Europe. Pourtant, le rebond idéal réside bien dans la prise en main d'une sélection. Sans être sous le joug d'un directeur sportif, il pourrait donner libre court à son étonnante capacité à dénicher de futurs cracks s'il venait à intégrer le staff d'une équipe nationale. Avec un rythme de rencontres beaucoup moins soutenu, le coach argentin s'userait également beaucoup moins vite. Et il limiterait le nombre de ses conférences de presse qui font désormais partie de la légende à Marseille... Reprendre du service au sein d'une sélection nationale reste la piste la plus plausible pour Marcelo Bielsa. L'Arabie Saoudite, qui possède maintenant avec Van Winckel un atout important, pourrait vite venir relancer l'Argentin.
De notre correspondant à Marseille.
picture

Marcelo Bielsa lors de son dernier match à Marseille - 2015

Crédit: AFP

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité