La machine à rêves du

Supporter, c’est souffrir. Etymologiquement, comme le mot travail « labor » veut dire torture en latin, passion, « passio »,  signifie souffrance.

La souffrance fait aussi partie du charme du supportérisme : on souffre, mais on souffre ensemble. Nick Hornby, qui a magnifié le sacerdoce des supporters dans son livre Fever Pitch, raconte comment il a choisi Arsenal plutôt que Tottenham. Et pourtant,  son père l’a emmené voir une brillante victoire des Spurs 5-1 et une triste prestation d’Arsenal, la semaine suivante. N’empêche, le petit Nick a choisi Arsenal. Les raisons qui poussent les gens à soutenir tel ou tel club ont été disséquées dans de nombreux livres. Reste que le résultat est le même : quand on aime vraiment un club, on partage avec lui les bons et mauvais moments. Mon premier match à Bollaert s’est soldé par un 3-0 pour les visiteurs, mais cette déroute n’a que décuplé ma volonté d’y retourner pour communier avec le public lors d’une victoire.

Comme l’expliquait le sociologue Ludovic Lestrelin, auteur d’une étude sur le supportérisme à distance : « La mobilisation dans des temps difficiles, le fait de continuer à se déplacer, c’est valoriser. C’est ce qui va différencier ceux qui se considèrent comme des véritables supporters des autres. »

Même quand son équipe va mal – et en tant que supporter du RC Lens, je sais de quoi je parle… – on se plait à entretenir des espoirs ténus, à croire à l’incroyable, à faire fonctionner à plein la machine à rêves. Pour autant de désillusions.  En janvier je croyais encore la montée possible. Aujourd’hui, 60% des supporters interrogés sur Lensois.com estime que le maintient sera déjà bien, et que finir dans le Top 10 serait déjà le signe d’une bonne fin de saison.

Etre supporter, ça rend fier. Rarement heureux. Le plus bel exemple, ce sont ces supporters de Strasbourg, un club descendu en CFA2 plus économiquement que sportivement, qui produisent des résumés vidéo des matchs. Pour que leur club continue à vivre.