Le Ballon d'Or, ce club de plus en plus fermé qui s'auto-caricature

C'est l'un des clubs les plus selects de la planète. Pour y entrer, il faut répondre à des critères ultra-précis. Si possible être un attaquant, avoir déjà fait ses preuves depuis quelques années et, de préférence, jouer au Real, au Bayern ou au Barça. Cette année encore, la sélection des 23 nommés pour le Ballon d'Or 2015 a fait la part belle aux noms rutilants. Ne cherchez pas Chiellini, Alaba ou Buffon. Pourquoi ? Regardez leur place au classement des buteurs. Le Ballon d'Or, c'est la vitrine sexy d'un football qui marque des buts. Beaucoup de buts. Les places sont chères et réservées par les mêmes. En 2015, la sélection a tendance à se caricaturer elle-même. Explications.

C'est une tendance forte que symbolise cette sélection du Ballon d'Or 2015. Depuis plusieurs années désormais, le football mondial observe une concentration de ses forces au sein de grands clubs, de plus en plus gros. De plus en plus riches. A quelques exceptions près, les quarts de finale puis les demi-finales de Ligue des champions, les records de transferts, les plus gros salaires concernent les mêmes écuries. Le Ballon d'Or n'échappe pas à la règle.

76% des nommés pour le prochain Ballon d'Or sont des joueurs issus du FC Barcelone, du Real Madrid ou du Bayern Munich. C'est dire la mainmise des trois géants européens. Le Real n'a rien gagné cette saison ? Qu'importe, le club merengue place cinq de ses représentants. C'est beaucoup plus que la Juventus Turin (Pogba et Vidal), pourtant championne d'Italie et finaliste de la dernière C1 ou que le PSG (Ibrahimovic), pourtant auteur d'un quadruplé en France. Des habitués du palmarès tels que Manchester United, les deux clubs milanais ou Liverpool ne figurent pas cette année dans la course où seuls 8 clubs sont représentés. A titre d'exemple, 19 clubs avaient placés un des leurs en 2004 parmi les 23 meilleurs joueurs du monde. Le Barça, avec 6 joueurs, est assez logiquement l'écurie la mieux représentée.

Kevin De Bruyne, Ivan Rakitic, Alexis Sanchez et Arturo Vidal doivent se sentir bien seuls. Hormis ce quatuor, tous les autres nommés dans la liste des 23 avaient déjà figuré dans cette même sélection. 82% d'habitués donc, c'est énorme. Certains font désormais partie des meubles. C'est le cas de Zlatan Ibrahimovic et de Lionel Messi, qui vont goûter cette saison à leur 10enomination dans le cercle très fermé des 23 nommés. C'est moins bien que Cristiano Ronaldo, qui y figure pour la 12e fois consécutive. Personne ne fait mieux cette année.

C'est une vraie nouveauté qui témoigne d'une tendance forte. Les défenseurs ont du mal à remporter le Ballon d'Or, Fabio Cannavaro est le dernier (en 2006). Avant lui, seuls Franz Beckenbauer (1972 et 1976) et Matthias Sammer (1996) avaient eu le droit à un tel honneur. Depuis 2006, aucun défenseur, hormis Philipp Lahm l'an passé, n'a figuré dans un Top 10. Une chose est certaine, il faudra attendre au moins un an de plus pour leur trouver un successeur. Si Javier Mascherano, qui occupe l'axe de la défense du Barça, figure dans la sélection, aucun défenseur de métier ne l'accompagne. C’est une première. Mascherano est un milieu de terrain descendu d'un cran en Catalogne et il est classé comme tel par France Football. Comme souvent, la sélection fait la part belle aux buteurs et aux magiciens. Tant pis pour les autres, pourtant tout aussi indispensables.