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Paul Pogba à Manchester United : "Pogwho" ?

Bruno Constant

Mis à jour 21/09/2016 à 11:46 GMT+2

Quarante-deux jours seulement après l'officialisation de son retour à Manchester United, Paul Pogba connaît des débuts difficiles chez les Red Devils. Et l'atmosphère autour de ses performances a fini par se crisper. Et si MU s'était trompé ?

Paul Pogba (Manchester United)

Crédit: Panoramic

Paul Pogba n'a rien d'un grand joueur. Pas encore. Il le sera peut-être un jour, mais ne l'a pas montré à l'Euro avec les Bleus et encore moins depuis son arrivée à Manchester United. Ça peut paraître sévère, je vous l'accorde. Mais que doit-on attendre d'un joueur à 93,2 M£ (soit 105 M€ + 5M€ de bonus) ? Qu'il change le cours d'une rencontre, marque des buts importants ou porte son équipe. Pour l'instant, Pogba n'a rien fait de tout ça, ni même offert l'esquisse d'une promesse. Et, dans le Nord de l'Angleterre, on est passé très vite de l'euphorie, qui avait entouré son come back home, aux doutes.
L'atmosphère s'est même crispée depuis le Manchester derby à Old Trafford. "Indiscipliné" face à City (1-2), "invisible" à Rotterdam face au Feyenoord (0-1), et "trop discret" à Watford (1-3). Une courbe des performances qui se traduit dans l'évolution de ses surnoms : de "Pogback" à "Pogbar" (lorsqu'il toucha la transversale de Gomes) en passant par "Pogbad" et même "Pogfraud" pour certains, qui voient dans le prix excessif déboursé par le club un gâchis monumental.
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Paul Pogba avec Manchester United - 20116

Crédit: AFP

Un produit marketing plus qu'un joueur (pour l'instant)

Aujourd'hui, Pogba ressemble davantage à un produit marketing qu'à un grand joueur. On parle davantage de ses coupes de cheveux et ses petits pas de danse que de ses exploits sur le terrain. Ce n'est pas entièrement sa faute dans une équipe qui ne tourne pas rond, mais il ne brillait pas beaucoup plus quand celle-ci avait aligné trois victoires consécutives en championnat. Après cinq journées, Etienne Capoue compte déjà 4 buts avec Watford. Lui zéro et autant de passes décisives. A Manchester, on comptabilise surtout ses dribbles ratés et ses frappes en tribune.
Il est évidemment trop tôt pour juger le Français. Beaucoup d'éléments peuvent expliquer ses difficultés, sans forcément les excuser. Son âge ? 23 ans. C'est vrai, c'est jeune. Mais pas si jeune que cela pour un footballeur professionnel qui sort de quatre saisons à la Juve où il a connu les titres et une finale de Ligue des champions (2015). Pas si jeune non plus quand on a 40 sélections au compteur en équipe de France avec qui on a disputé une Coupe du monde (2014) et une finale d'Euro (2016).
L'adaptation au championnat anglais ? Pas plus. Car Pogba a déjà goûté à ce jeu-là lors de son premier passage avec United, même si c'était avec parcimonie : sept apparitions, dont trois en championnat et trois en Coupe de la Ligue. Et sa puissance autant que son aisance technique sont autant d'atouts en Premier League.
Le poids du prix de son transfert ? Oui, sans doute. On ne devient pas du jour au lendemain le joueur le plus cher de l'histoire sans subir la pression qui l'accompagne. Fernando Torres, avant lui, et Eliaquim Mangala, défenseur le plus cher de l'histoire en 2015, ne s'en sont jamais remis. S'il ne laisse rien paraître, la pression doit quand même peser sur les épaules du joueur à qui Mourinho a demandé d'oublier son transfert.
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Mourinho : ''Le prix de Pogba ? La question restera ouverte jusqu'au prochain record''

Le 4-3-3 ou rien

Sa position ? C'est évident. Pogba n'est pas fait pour évoluer dans un 4-2-3-1, qui plus est avec un joueur comme Fellaini qui n'a rien d'une sentinelle. Un poste qui l'oblige à une plus grande discipline défensive à laquelle il ne s'astreint pas. Pogba est un joueur "box to box", comprenez d'"une surface à l'autre", dont Patrick Vieira fut le plus beau prototype. Mais Pogba semble préoccupé par une seule des deux "boxes", celle du but adverse. Lors du Manchester derby, le Français fut coupable de négligence sur les deux buts des Citizens. Sur le premier, il a laissé partir De Bruyne dont il était pourtant au marquage au départ de l'action. Sur le second, il n'a pas suffisamment pressé Sterling sur le côté gauche. Or, ce qu'on demande à un milieu défensif est avant tout de protéger sa défense, une position axiale qu'il a trop souvent déserté pour s'engouffrer vers le côté gauche qui l'attire naturellement.
A l'heure où les médias britanniques demandent à Mourinho de bâtir son équipe autour de Pogba plutôt que du déjà vieillissant Wayne Rooney (31 ans), le système le plus conforme aux qualités du numéro 6 des Red Devils et le rapprochant de la liberté dont il jouissait à la Juve est le 4-3-3. Un milieu à trois avec une sentinelle dont il serait la pointe haute gauche. Une position naturelle et avancée qui lui permettrait d'avoir davantage d'influence dans l'animation offensive et lui permettrait de revenir sur son pied droit pour armer. Un schéma de jeu adopté par Mourinho à Rotterdam face au Feyenoord (0-1), en Ligue Europa, et à Watford (1-3), en championnat, mais où Pogba ne fut pas plus convaincant.
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Paul Pogba contre Watford

Crédit: AFP

La mise en garde de Scholes

Légende de United, Paul Scholes est de ceux qui réclament de la patience autour de Pogba. Mais l'ancien milieu de terrain des Red Devils aux piques aussi précises que ses passes longues n'a pas manqué de rappeler la star française à plus de simplicité dans son jeu : "Il en fait beaucoup trop. Résultat : il est partout et nulle part." Car Pogba donne l'impression de vouloir chercher l'exploit sur chaque ballon qu'il touche, de dribbler quatre joueurs quand il devrait s'appuyer sur ses coéquipiers. Or, un grand joueur brille le plus souvent par la simplicité de son jeu au service du collectif. Zidane, Xavi, Iniesta et... Scholes en sont les plus beaux exemples.
Enfin, il ne faut pas sous-estimer la digestion de l'Euro, ajoutée à la longueur des négociations de son transfert. Comme lui, d'autres tricolores souffrent en ce début de saison. Giroud cire le banc à Arsenal, Coman et Payet ont connu la blessure et Martial peine autant à United. Seul Griezmann n'a pas raté son retour sur les terrains avec l'Atlético Madrid. LA star du football français, c'est lui. Pas Pogba. Mais le Madrilène a deux ans de plus que le Mancunien, presque jour pour jour (le premier est né le 21 mars, le second le 15). Deux ans, comme les deux premières saisons passées chez les Colchoneros qui ont permis à Griezmann de devenir le joueur qu'il est : un réel prétendant au Ballon d'or. Tout ce que l'on souhaite à Pogba au bout de ces deux prochaines années avec MU.
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Paul Pogba - Manchester United 2016

Crédit: Panoramic

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