Les débats du week-end : Di Maria doit-il chiper la place de Mbappé ?

Non. Cela n’aurait aucun sens. A renforts de grandes phrases, les dirigeants lillois n’ont eu de cesse de mettre en avant une chose : ce projet censé transformer Lille au sommet du foot français ne peut commencer qu’avec Bielsa. Lui et personne d’autre. Tout le recrutement a été basé sur ses demandes. Lille, c’est lui. Pour le meilleur comme pour le pire.

Limoger l’Argentin après ce match malgré tout encourageant serait surtout un signal étrange. A l’évidence, ses joueurs ne l’ont pas lâché et auraient mérité mieux qu’une défaite face à l’OM de Mandanda. Son Lille progresse mais son Lille est limité techniquement parlant : c’est aussi simple que ça. Alors, Bielsa ou un autre, pas sûr que cela change grand-chose.

Je n'en suis pas convaincu. Lille n'est pas otage de Bielsa. Lille est otage de son projet. Le LOSC possède l'équipe la plus jeune d'Europe, il a remodelé son effectif du sol au plafond. Il ne faut pas s'étonner de le voir nager dans les eaux les plus troubles de la L1. Je ne dis pas que Bielsa n'a pas sa part de responsabilité. En particulier avec certains choix baroques de composition d'équipe. Pourquoi avoir écarté Kevin Malcuit ce dimanche ? Pourquoi avoir fait le choix de lancer un Bahlouli en position d'ailier, lui dont la vivacité n'est pas la qualité première ?

Bielsa est responsable bien sûr. Est-ce que Lille fera mieux avec un autre coach à sa tête ? Je n'en suis pas convaincu. Avec Campos, il a bâti cette équipe, sélectionné les profils, validé les arrivées. Parachuté un coach totalement étranger au projet ne serait pas sans risque. Et ce serait, aussi, tirer une croix sur l'une des raisons d'être du projet et faire un virage à 180 degrés. Est-ce plus risqué que de laisser Bielsa aux manettes ? Le LOSC a sans doute signé son meilleur match depuis sa victoire à Nantes lors de la première journée…

Au fond, le problème Fekir n’a pas changé depuis son match monstrueux à Monaco (3-2). Sportivement, "Nabillon" a sa place. Toute sa place. Mais la tactique des Bleus en 4-4-2 réduit d’entrée le Lyonnais au rôle de simple remplaçant d’Antoine Griezmann. Pas fait pour être ailier dans ce dispositif qui demande du repli aux joueurs de côté, Fekir est donc condamné à évoluer dans l’ombre de la star des Bleus. Mais, puisque le discours "pragmatique" ne s’applique pas pour les matches amicaux à venir et que ces deux rencontres face au pays de Galles et l’Allemagne seront sûrement les dernières où Deschamps pourra innover et tenter des choses, le Lyonnais mérite qu’on le revoie en Bleu. Un peu plus que sur un simple quart d’heure.

Pour Martial, c’est plus une question de concurrence et elle existe. À gauche, Thomas Lemar a marqué des points précieux ces derniers mois et fait presque office de titulaire. Dimitri Payet, par son passé et ses prestations rarement décevantes en Bleu, a aussi toute sa place. Martial, faut-il le rappeler, n’est pas indiscutable à United mais connaît un net regain. Là encore, c’est peut-être l’occasion de lui redonner une chance. Mais il faudra briller pour arracher son billet en Russie tant les deux à son poste sont bien en place.

Il faut toujours se méfier de la dernière impression et ne jamais oublier les épisodes précédents. Anthony Martial et Nabil Fekir, à la faveur de leur début de saison canon et de leurs statistiques ronflantes, mériteraient de revenir en équipe de France. Le problème, c'est que les Bleus ont l'un des contingents offensifs les plus fournis du monde. Et Deschamps ne peut pas additionner les attaquants à l'infini. Si DD choisit de les rappeler, il faudra automatiquement faire une croix sur deux joueurs présents lors du dernier rassemblement. Florian Thauvin est le moins indiscutable chez les Bleus. Mais ni Fekir ni Martial n'ont son profil.

Fekir a rarement été aussi bouillant, Deschamps le porte en haute estime. Mais qui doit-il sacrifier ? Dans le cas du Lyonnais, DD ne doit pas trop réfléchir. Fekir est le plus en forme de tous les attaquants potentiellement sélectionnables. Il faut lui faire une place quitte à sacrifier Thauvin. Le cas de Martial est différent et moins indiscutable. Le Mancunien joue à gauche, le sélectionneur devra se passer de Lemar ou Payet. Le premier revient en grande forme et ne ratera le rendez-vous de novembre. Le Marseillais est un incontournable depuis deux ans. Mais il est blessé et Martial a une chance de le remplacer.

Face à Anderlecht, oui. Pour deux raisons majeures. D'abord parce que Kylian Mbappé connaît un gros coup de mou et qu'il doit, comme tous les autres joueurs d'un effectif aussi scintillant, être mis en concurrence. Ensuite parce qu'Angel Di Maria reste sur une prestation aboutie face à Nice (3-0). Le cantonner au banc alors que Mbappé est en pleine crise de confiance, c'est lui envoyer un mauvais signal et prendre le risque de se couper de l'Argentin pour le reste de la saison.

S'obstiner avec Mbappé, c'est diffuser le message que certains sont intouchables au PSG. Je ne dis pas que Di Maria doit être titulaire indiscutable sur l'aile droite mais, à la faveur de la concurrence et de la forme de chacun, il a davantage sa place que l'ancien Monégasque. Dijon, Marseille, Nice : Mbappé reste sur trois prestations ratées. C'est suffisant pour remettre en question son statut. Provisoirement, le temps qu'il retrouve ses jambes et ses esprits.

Non. Sans discussion possible. La mauvaise passe de Kylian Mbappé ne doit pas remettre en cause tout ce qu’il a changé et fluidifié dans le jeu parisien. Sa vitesse, ses appels et son amour de la profondeur ont offert des armes de destruction massive à ce PSG et s’en priver serait dramatique. Di Maria, au contraire, aime avoir le ballon et ne brille pas par sa vitesse.

Paris n’est pas magistral mais sa puissance tient au fait que son trio d’attaque, huilé et complémentaire, sauve beaucoup de situations. Surtout, en C1, Mbappé est irréprochable depuis le début de saison. Pas de raison que ça change au Parc face à Anderlecht qui ressemble justement à la victime idéale pour se relancer.