Le 3-4-3 a sauvé le Barça

Huit victoires en huit matches. A la lecture de ses performances en Liga et en Ligue des champions, le Barça de Tito Vilanova peut sembler impérial. Derrière la réalité comptable, l'impression laissée par la formation catalane depuis le début de la saison n'est cependant pas la même. Barcelone est passé tout près d'une défaite qui n'aurait pas été illogique à Séville (2-3), une semaine après un succès déjà étriqué face au modeste Grenade au Camp Nou (2-0), et dix jours après avoir renversé une situation compromise face au Spartak Moscou en Ligue des champions (3-2). Trois matches qui ont un dénominateur commun : le passage du 4-3-3 initial à un 3-4-3 pour changer le cours de la rencontre. Avec réussite, à chaque fois.

Le 3-4-3 est tout sauf une nouveauté à Barcelone. Ce schéma a déjà été utilisé aux heures glorieuses du passé par le club catalan, et plus récemment par Josep Guardiola. L'an dernier, "Pep" avait choisi cette tactique à plusieurs reprises, avec des résultats divers. Pour citer quelques exemples, le 3-4-3 avait fonctionné face à Villarreal (5-0) et en Ligue des champions face à Milan (3-1), beaucoup moins face à Valence (2-2) et surtout contre le Real Madrid (1-2). Cette saison, Tito Vilanova a fait systématiquement démarrer son équipe en 4-3-3. Il n'a modifié son schéma que quand sa formation a été en difficulté, et dans une configuration différente de celle employée par Guardiola. Notamment par rapport au rôle confié à Lionel Messi, libre aux côtés de Cesc Fabregas derrière un trio d'attaquants. Les conséquences de ces changements de stratégie n'ont pas toujours été identiques dans le jeu, mais ils ont invariablement débouché sur des victoires jusqu'ici.

Alors que son équipe est menée 1-2 après le but de Romulo peu avant l'heure de jeu, Tito Vilanova fait un changement tactique en sortant Daniel Alves pour Alexis Sanchez à la 64e minute de jeu. Le Barça ne se retrouve plus qu'avec trois défenseurs (Adriano, Song, Mascherano) et le duo Busquets-Xavi à la récupération. Devant, le trio Tello-Sanchez-Pedro et soutenu par le duo Cesc-Messi. Sur le terrain, le 3-4-3 barcelonais ressemble quasiment à un 3-2-5, extrêmement risqué d'un point de vue défensif, mais qui permet aux Blaugranas d'être en supériorité numérique en attaque. L'équipe de Vilanova se met à camper dans les 30 mètres russes. Messi égalise à la 74e minute sur un centre de Tello, qui cède sa place dans la foulée à David Villa sans que cela ne modifie le schéma catalan. Quelques minutes plus tard, Messi inscrit le but de la victoire de la tête sur un centre de Sanchez (80e).

Malgré une domination nette, et les entrées de Pedro et Xavi en début de deuxième période, Barcelone ne parvient pas à trouver l'ouverture face à Grenade et son gardien, Toño, auteur d'une prestation exceptionnelle au Camp Nou ce soir-là. Vilanova décide de changer son système à la 73e en lançant Cristian Tello à la place d'Adriano. Le Barça se retrouve encore une fois dans ce 3-4-3 proche d'un 3-2-5, et quasiment dans la même configuration que face à Moscou quelques jours auparavant. La seule différence est la présence d'Alves à la place d'Adriano en défense. L'équipe catalane fait le siège du but andalou mais manque de se faire surprendre sur un contre et de payer ainsi son manque de présence défensive. Elle fait la différence quasiment dans la foulée, cette fois-ci par Xavi (87e) avant de se mettre à l'abri dans le temps additionnel sur un but contre son camp de Gomez.

Alors que son équipe est menée 2-1 et joue en supériorité numérique depuis quelques minutes suite à l'expulsion du Sévillan Gary Médel, Tito Vilanova fait entrer David Villa à la place de Dani Alves à la 79e minute de jeu pour faire évoluer son équipe en 3-4-3. Quelques nouveautés par rapport aux cas précédents : la présence d'Alba en défense, celle de Thiago à la place de Busquets au milieu et de Villa en attaque. Dans le jeu, ce changement de tactique n'a pas les effets escomptés. Barcelone domine clairement sur le plan territorial mais son surnombre offensif ne se traduit pas par des occasions de but très dangereuses. Mais le Barça finit par retourner la situation, avec pas mal de réussite. Sur l'égalisation de Cesc Fabregas (89e), la récupération du ballon par Thiago est entachée d'une main qui aurait pu être sanctionnée par l'arbitre. Le but vainqueur de Villa durant le temps additionnel, au terme d'une remarquable action collective, ne doit en revanche rien à personne.