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Ce qui va (et doit) changer dans le football portugais en 2015

Nicolas Vilas

Mis à jour 27/12/2014 à 21:51 GMT+1

L’année 2015 devrait s’accompagner de beaucoup de changements au sein du foot portugais. Au-delà des inéluctables fins de cycle, le "futebol" exige du changement et des réformes. Le tout dans un climat économique franchement hostile…

En 2015, à l'image du football portugais, le FC Porto et Benfica devront opérer leur mue

Crédit: AFP

La fin des TPO

Le Comité exécutif de la FIFA l’a officialisé il y a quelques jours : la tierce propriété (TPO) sur les droits économiques des joueurs sera interdite à partir du 1er mai 2015. "Les accords existants doivent se maintenir jusqu’à leur expiration contractuelle" et "les nouveaux accords signés entre le 1er janvier et le 30 avril 2015" auront une durée limitée d’un an, précise l’organe basé en Suisse. Une mesure qui va contrarier la politique de nombreux clubs portugais. Porto et Benfica n’auraient certainement jamais pu recruter Hulk, James, Brahimi, Salvio ou Di Maria sans l’apport des fonds d’investissement. Leurs présidents se sont d’ailleurs levés contre cette interdiction.
Si les deux géants du foot portugais possèdent les deux plus gros budgets de leur pays (90 et 70 millions d’euros), ils demeurent limités sur la scène continentale. Et que dire des "petits" qui font souvent appel à ces investisseurs pour attirer de nouveaux joueurs, intouchables sans cette méthode. Parmi les grands, seul le Sporting s’est rallié aux côtés des instances mondiales du foot. Le litige qui a opposé Bruno de Carvalho à la société Doyen Sports dans le cadre du transfert de Rojo vers ManU a conforté le patron des Lions dans sa position. Pas sûr, toutefois, que cette décision en reste là. Doyen Sports, par la voix de son boss, Nelio Lucas, a fait savoir dans Challenges qu’il était "prêt à engager des actions légales à Bruxelles si la FIFA décide d’interdire la tierce propriété." "Une telle décision serait contraire au droit communautaire, qui est fondé sur la liberté du capital", poursuit-il.
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Yacine Brahimi avec le FC Porto en Ligue des champions - 2014-2015

Crédit: Panoramic

Plus de formation et de Portugais ?

L’annonce de la fin de la TPO par la FIFA pourrait cependant avoir des conséquences positives dans la gestion des clubs portugais. Les pousser à miser plus sur la formation. Selon l’observatoire du football (CIES), les clubs portugais (le Sporting, Belenenses ou le Maritimo sont des exceptions) figurent parmi ceux qui parient le moins sur leurs "produits". Peut-être miseront-ils plus sur les joueurs nationaux ? Avec 53% d’étrangers en Liga cette saison, le championnat portugais est le quatrième "moins nationaliste" d’Europe. Pour la première fois, un seul Portugais (André Almeida) était aligné au coup d’envoi du dernier classico.
Sur les 53 joueurs utilisés cette saison, Porto (3) et Benfica (9) n’ont fait appel qu’à douze Portugais. A lui seul, le Sporting en a fait autant. Seuls 2 des 41 buts plantés par le SLB sont l’œuvre d’un Portugais (Eliseu) ; le FCP n’en compte qu’un de plus (Quaresma et Ruben Neves) sur 51 réalisations (21/49 pour le Sporting). Rien ne garantit toutefois que la mort des TPO changera ces habitudes. Si l’interdiction se maintient, beaucoup de présidents vont être amenés à revoir la globalité de leur stratégie économique, financière et sportive. Le tout dans une conjoncture très défavorable et marquée par la crise bancaire, portée par le BES (grand soutien des clubs de foot)…
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Ricardo Quaresma

Crédit: Eurosport

Les grands travaux de la nouvelle Ligue

Les épisodes qui se sont déroulés autour des élections de la présidence de la Ligue de football professionnel (LPFP) n’ont pas redoré l’image du foot portugais. La réélection de Figueiredo a été annulée et Luis Duque lui a succédé, fin octobre. L’ancien dirigeant du Sporting, en conflit avec l’actuel président des Lions Bruno de Carvalho, a du boulot. Trouver des sponsors, des partenaires pour combler les dettes de la Ligue et rendre sa coupe (non-qualificative pour l’Europe) de nouveau lucrative, y compris pour ses participants. Aucune prime pécuniaire ne sera attribuée à son vainqueur cette année… Duque doit encore gérer l’éternelle question des droits télé. Il a déclaré (après avoir été élu) être "favorable à une centralisation des droits télévisuels". Alors que beaucoup de dirigeants "anonymes" peinent à honorer les salaires de leurs joueurs et staff, les gros continuent de vampiriser l’une des rares sources de recettes du futebol. Duque qui a été parachuté avec le soutien de Porto et du Benfica a ainsi pour mission (impossible ?) de s’assurer leur confiance (en maintenant leurs privilèges) tout en veillant à l’intérêt de tous…
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Luis Duque est le nouveau président de la Ligue portugaise de football

Crédit: Panoramic

La descente au ranking UEFA

Il n’en reste plus que deux. Le FC Porto et le Sporting sont les rescapés des six engagés portugais en Coupe d’Europe de la saison. Les Dragons qui vont affronter le FC Bâle en huitièmes de Ligue des champions et les Lions qui défieront Wolfsburg en seizièmes de Ligue Europa ont l’indice UEFA de leur pays entre les pieds. La cinquième place du Portugal au ranking relève déjà du miracle. Et alors que l’Italie semble hors d’atteinte, voilà que la France se fait menaçante. A partir de juin 2015, les points cumulés en 2010-2011 vont disparaitre. Cette saison-là, le FCP d’André Villas Boas avait rapporté la C3. Ces 18.800 unités qui vont être effacées des tablettes risquent de coûter cher au foot portugais… Surtout si le PSG et Monaco se montrent plus inspirés…

En route pour l’Euro 2016, avec plus de "Français" ?

C’est en 2015 que la Seleção va jouer sa qualif pour l’Euro 2016. Actuel deuxième de son groupe, le Portugal reprend fin mars contre la Serbie. Les Portugais, maintenant emmenés par Fernando Santos, ont une histoire particulière avec le pays hôte, la France. Une nation qu’ils ne battent plus depuis 1975 – prochain match entre les deux le 4 septembre - et dont ils ont manqué la dernière grande organisation : le Mondial 98. Et cela, "à cause" d’un arbitre français, Marc Batta (qui avait exclu Rui Costa face à l’Allemagne alors que celui-ci sortait du terrain en marchant ; à dix les Portugais ont craqué). Nul n’ose imaginer ce Championnat d’Europe à 24 équipes sans le Portugal. La question est : avec quels joueurs ? Santos qui a rappelé pas mal d’anciens (Carvalho, Bosingwa, Tiago) a aussi lancé le jeune Lorientais : Raphaël Guerreiro. Et le sélectionneur serait bien inspiré de miser sur d’autres talents de la L1. Au-delà de Moutinho et Carvalho de Monaco et en plus d’Anthony Lopes (Lyon) qui attend toujours sa première cape, Bernardo Silva (Monaco), Rony Lopes (Lille) ou Ilori (Bordeaux) font partie des pistes à suivre…
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Raphaël Guerreiro (Lorient)

Crédit: AFP

La fin de Jesus ?

La longévité record de Jorge Jesus (il est arrivé en 2009) sur le banc du Benfica est-elle en train de toucher à sa fin ? Alors que son contrat s’achève en mai prochain, l’entraîneur de 60 ans va devoir se saigner pour obtenir une rallonge. A peine l’année civile achevée, il est déjà privé d’Europe et éliminé de la Coupe du Portugal. La défaite contre Braga en Taça "fut un tir sur le porte-avion", a confessé JJ. Il ne reste donc plus "que" le championnat dont il est leader, à la trêve (avant six points d’avance sur Porto). Jesus poursuit : "Nous devons nous accrocher à ce qu’il y a encore à conquérir, notamment un nouveau championnat que le Benfica n’a plus remporté deux fois de suite depuis trente ans." Cet exploit lui assurera-t-il d’être gardé ? Le traditionnel message de fin d’année de son patron traduit les émotions vécus ces derniers mois par ses socios : "Cette année a été intense, avec des joies et des tristesses, des conquêtes inédites et des défaites irréparables." Alors, qu’est-ce qui prendra le dessus ?
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Jorge Jesus (Benfica)

Crédit: Panoramic

La dernière année de Pinto da Costa ?

Son mandat s’achèvera en mai 2016 et, cette année, un peu que lors de ses treize précédents mandats, la question revient : Pinto da Costa sera-t-il candidat à sa succession à la tête du FC Porto ? 2015 sera-t-elle sa dernière année "pleine" ? "Je vais peut-être faire un interrègne et revenir en 2013 !", se marrait-il récemment devant les journalistes. Règne est bien le mot qui convient. Elu pour la première fois en 1982, celui qui célèbre ses 77 ans ce 28 décembre semble intouchable. Son club a obtenu près de 60 titres sous sa direction. Au Dragon, la question de la transmission commence à inquiéter. Opéré au cœur fin 2012, il a été interné un an plus tard à l’hôpital S. João de Porto pour une insuffisance cardiaque. Sa santé inquiète. Son épouse Fernanda Miranda (de 47 ans sa cadette) lui aurait demandé de décrocher. Les médecins, aussi. Il y a deux ans, juste avant d’enchaîner un nouveau triennat, il confiait à L’Equipe : "Le moment est venu de laisser le club gagner sans moi."  On y est donc presque (?)...
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FOOTBALLPorto Jorge Nuno Pinto da Costa

Crédit: AFP

Sporting : un titre ou (encore) la crise ?

Lorsqu’il a obtenu la place de dauphin du Benfica la saison dernière, Bruno de Carvalho a annoncé que son Sporting lutterait pour le titre en 2014-2015. A dix points du SLB, les Lions sont mal embarqués pour remporter une Liga qui lui échappe depuis 2002. S’il est encore en lice en C3, le SCP est en droit d’espérer remporter la Coupe du Portugal. Il est le seul grand rescapé dans la compétition. Son dernier trophée est d’ailleurs la Taça, en 2008. La saison de la confirmation reste fragile. Marco Silva qui a succédé à Jardim doit composer avec un président omniprésent. A bientôt deux ans de mandat, BdC, qui ne rate pas une occasion d’attaquer Porto, Benfica ou Luis Duque, le nouveau patron de la Ligue, doit jongler entre ses promesses et la réalité économique du club. Une pression qu’il renvoie sur son entraîneur et son groupe. Silva qui a eu quelques échanges houleux avec son patron serait déjà en danger. Les tensions sont déjà palpables et quoi de mieux qu’un titre pour les atténuer ?
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