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Le Benfica est encore champion, cela fait-il de Jorge Jesus une légende ?

Nicolas Vilas

Mis à jour 19/05/2015 à 09:14 GMT+2

Pour la première fois depuis plus de trente ans, le Benfica vient d’empocher un deuxième titre de champion de rang. Grâce à Jesus. Légendaire ?

Jorge Jesus célèbre le 34e titre de champion de Portugal du Benfica

Crédit: AFP

Les supporters du Benfica n’auront attendu qu’un an, cette fois, pour rhabiller de rouge la place Marquês de Pombal et retourner fêter le titre de champion du Portugal. En 2015, le SLB conserve son trophée de campeão, pour la première fois depuis 1982-1984. Jorge Jesus l’a fait. Premier coach portugais du SLB à garder le trophée. En poste depuis 2009, l’entraîneur de 60 ans vient de remporter sa troisième Liga. Recordman de matches (319 matches officiels) en tant que coach des Aigles, JJ ne fait toutefois pas l’unanimité. Et alors que son contrat arrive à son terme, se pose la question de son maintien et celle de son statut : Jesus est-il un mythe ?

Seigneur en son pays… après un Anglais

Depuis samedi, Jesus compte une onzième ligne à son palmarès. Une douzième pourrait s’écrire avec la finale de la Coupe de la Ligue à venir (le 29 mai contre le Maritimo). Vainqueur de l’Intertoto, champion de D2, c’est à la Luz qu’il s’est mis en lumière. Avec trois Ligas pour le Benfica, il égale les Hertzka, Biri, Hagan et Eriksson. Nul n’est allé au-delà. JJ aura ainsi été champion du Portugal une saison sur deux. Parmi les techniciens les plus rodés de l’histoire du club lisboète il est surtout celui qui présente le plus fort taux de succès (75%) en championnat, après Jimmy Hagan (83%). Toutes compétitions confondues, le chevelu a un bilan (70% de taux de succès) proche du mythique Janos Biri (1939-1947) mais pas aussi clinquant que celui de l’Anglais (78%). Jesus a surtout confirmé l’assise du Glorioso à l’échelle nationale. Avec 72 trophées, le Benfica est le club le plus titré de son pays. Car même si beaucoup ont encore l’image d’un Jesus tombant à genou face au Dragon de Vitor Pereira en 2013, il est le coach "centenaire" du SLB avec le meilleur taux de réussite (51%) face aux grands (Sporting, FC Porto) après… Hagan (66%).
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Jorge Jesus (Benfica)

Crédit: Panoramic

C1 problème

La saison qui s’écoule pourrait presque résumer les limites du mythe Jesus. Derniers de leur groupe de Ligue des champions, les Aigles se sont fait déplumer dans la compétition. En six saisons et cinq présences en C1, JJ n’a pas fait mieux qu’un quart de finale, en 2012. Il a remporté à peine un peu plus d’un tiers de ses rencontres dans l’épreuve-reine. Il a compensé avec la Ligue Europa. Mais ses deux finales successives, perdues, suffisent-elles à en faire un europhile ? Il n’a pu contrer la malédiction de Guttmann. Les benfiquistes en sont à huit finales européennes de suite sans succès. Roi au Portugal, le Benfica et ses lointaines Coupes des clubs champions (1961 et 1962) sont en retard sur le rival Porto à l’échelle continentale (les Dragons ont remporté la C1 en 1987 et 2004 et la C3 en 2003 et 2011). JJ est devenu un habitué de la C3. Or le Benfica, plus encore avec ce statut de champion confirmé, se doit surtout d’être un abonné de la Champions.
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Julio Cesar (Benfica) face au Bayer et Kiessling en Ligue des champions

Crédit: Eurosport

Amoureux du jeu et des joueurs

Mister Jorge est un amoureux du beau jeu. Un Cruyffiste qui s’est démené pour effectuer un stage au Barça en 1993. Jesus n’est pas pour autant un endoctriné. Adepte du 4-4-2 losange, il s’est replié sur un milieu plus à plat. Aujourd’hui encore, il possède l’attaque la plus prolifique de la Liga (82 buts). Il a "inventé" Coentrão au poste de latéral, Enzo Pérez ou Pizzi dans l’axe ; il a métamorphosé Garay ou Jardel ; il a fait exploser des Matic, Di Maria, Oblak, Gaitan ou Salvio ; il a relancé Jonas, Julio César… Et, cette saison, il s’est aussi caractérisé par sa rigueur. Le SLB édition 2015 affiche sa meilleure moyenne défensive, toutes compétitions confondues (0,55 but par match), depuis 1989 (0,53 avec Toni). Avec Jesus, les encarnados ont retrouvé une stabilité dans les cages. Oblak hier (un but toutes les 281 minutes) et Julio César aujourd’hui (167) sont les portiers les plus imperméables de l’histoire du SLB. Deux des gardiens du temple de Jesus. A 35 ans, l’international brésilien vit carrément l’exercice le plus abouti de sa longue et fastueuse carrière. Cette saison, JJ a plus qu’optimisé son arrière-garde. Avec 17 buts à eux quatre, Luisão (4), Maxi (5), Eliseu (4) et Jardel (4) ont marqué plus qu’ils n’ont encaissé (15)… en championnat…
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En 2015, à l'image du football portugais, le FC Porto et Benfica devront opérer leur mue

Crédit: AFP

A quand le grand saut ?

A 60 piges, Jorge Jesus n’a encore vécu aucune expérience à l’étranger. Ni en tant que joueur ni en tant qu’entraîneur. Presque une anomalie dans le paysage des entraîneurs portugais. Cet anti-Mourinho est pourtant l’un des coaches lustaniens les plus banquables du moment. "Après six ans de travail au Benfica, nous sommes tous valorisés par ce que nous avons conquis, assure-t-il. Le fait de ne pas être passé de club en club génère aussi du prestige." Mais le moment du grand saut n’est-il pas arrivé ? Celui qui s’était refusé jusqu’ici à bosser avec un agent s’est rapproché de Jorge Mendes. Il était présent au lancement de la biographie du super-agent en février dernier. Le boss de la Gestifute avait alors lancé : "S’il veut quitter le Portugal pour aller entraîner à l’étranger, Jorge Jesus peut le faire parfaitement." L’été dernier, JJ avait recalé l’AC Milan. Son nom se murmure en Angleterre, en Espagne. Selon le Jornal de Noticias, Mendes vient de le proposer au Real Madrid. Le Portugais, en fin de contrat et dont les émoluments avoisinent les 4 millions d’euros annuels, reste mystérieux quant à son avenir. "Mon rêve n’a pas de banc", répète-t-il. "Mon futur appartient à Dieu", lance le bien-nommé Jesus. Sa décision pourrait être dictée par la santé de son père, Virgolino. Jorge aimerait rester près de son paternel de 92 ans.

Conclusion : recréateur des temps modernes

Avec ce deuxième titre de rang, JJ a mis fin à l’hégémonie du FC Porto sur les compétitions portugaises. Jesus incarne la rivalité avec les Dragons. Ses luttes sportives et verbales avec ses adversaires (Mourinho, Vitor Pereira, Mourinho…) en font un personnage incontournable du paysage footballistique national. Reste à confirmer cette influence à l’international. Il a su stabiliser un club condamné – comme l’ensemble de ceux de la Liga – à vendre ses meilleurs éléments pour survivre. Jesus est un recréateur. Aucun autre coach benfiquiste n’a généré autant de millions que lui. Au-delà de sa longévité, de ses stats, Jesus aura marqué l’histoire du Benfica moderne. Comme beaucoup des joueurs qu’il a façonnés l’heure est peut-être venue pour lui de s’envoler vers d’autres cieux. A moins qu’il ne reste dans son nid pour y couver d’autres défis. Comme celui de faire décoller les Aigles sur la piste aux étoiles et d’incarner un peu plus encore la Mística benfiquiste…
Nombre de matchesTaux de victoiresButs marqués par matchButs encaissés par match
Liga18375%2.300.72
Coupe du Portugal2875%2.500.71
Coupe de la Ligue2886%2.140.54
Supercoupe du Portugal20%01.00
C1 (hors barrages)3436%1.031.21
C34065%1.820.85
TOTAL31570%2.090.77
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