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Liga portugaise, Sporting - Estoril (19h00) : Marco Silva est-il déjà condamné ?

Nicolas Vilas

Publié 03/01/2015 à 09:41 GMT+1

La venue d’Estoril à Alvalade ce samedi sera très spéciale pour Marco Silva. Au-delà de ses retrouvailles avec son ancien club, il joue son avenir. Les rapports avec son président sont déjà tendus et il règne comme un climat de crise chez les Lions.

Marco Silva, entraîneur du Sporting Portugal

Crédit: Panoramic

Dans la jungle, terrible jungle du Lion, Marco Silva pourrait mourrir ce samedi soir. Estoril débarque à Alvalade et si Marco se prend une claque par son ex, c’est lui qui pourrait être débarqué. Bruno de Carvalho, président du Sporting, est en instance de divorce avec son entraîneur. La semaine dernière, en Coupe de la Ligue contre Guimarães (2-0), ils se sont évités. Pour la première fois, le boss n’a pas fait le voyage avec les joueurs et le staff. "Si j’ai le soutien du président ? Ce n’est pas à moi qu’il faut le demander", a commenté le jeune technicien portugais (37 ans). La tirade en dit long sur les rapports qu’il entretient avec le tout aussi pimpant Bruno (42 ans), dont la prise de position est difficile à capter.

Un bilan qui se défend

Le bilan de Marco n’a rien d’infamant. Il est quasi-similaire à celui de Leonardo Jardim, il y a un an. Le SCP est le seul club portugais à la trêve engagé dans toutes les compétitions : reversé de Ligue des champions vers la Ligue Europa, il est le seul grand toujours en lice en Coupe du Portugal. Alors, c’est vrai que le Lisboète se traîne en Liga, cinquième avec dix longueurs de retard sur le Benfica. Mais les chiffres de Silva restent dans la moyenne. Avec 27 points, il est loin d’être largué par Porto (31) et il titille la moyenne à ce moment de la saison de ses prédécesseurs (27,55) depuis que le championnat est repassé à seize équipes (2006-2007) ; même constat pour sa défense (12 buts encaissés pour une moyenne de 11,89) ; et son attaque (26 buts) est la troisième plus prolifique de ses neuf dernière saisons. A moins d’un immense exploit, le Sporting ne sera pas champion cette année encore. La place de deuxième obtenue la saison dernière demandait confirmation et réflexion. BdC a préféré dégainer dès mars dernier : "A partir de la saison prochaine (2014-2015),nous devons assumer ce qui est naturel pour nous qui est d’être candidat au titre". Pour le SCP qui court après ce trophée depuis 2002, c’est surtout la crise qui est devenue une seconde nature…
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Bruno de Carvalho, Marco Silva et Ignacio - Sporting Portugal - 22/05/2014

Crédit: Eurosport

Un président envahissant ?

Bruno de Carvalho est le quatrième président du Sporting depuis six ans. Une instabilité qui contraste avec les situations que connaissent ses rivaux. Pinto da Costa (FC Porto) et Luis Filipe Vieira (Benfica) vivent des longévités historiques dans leur fief. Mais ces deux géants ne sont pas des exemples pour BdC. Il en a, au contraire, fait des ennemis. Cet entrepreneur dans l’immobilier s’est dessiné une image d’un leader complexe : pris entre la défense des valeurs de son club et le besoin de modernité, le tout avec des méthodes à l’ancienne. De Carvalho est partout. Pour tenter de combler le passif du SCP, il contrôle tout, jusqu’aux photocopies couleurs ou les dépenses d’eau chaude. Mais avec Marco Silva, il vient de se tirer une balle dans le pied. Il lui a offert un contrat de quatre ans (chose inhabituelle au Portugal) et une éventuelle rupture pourrait lui valoir jusqu’à deux millions d’euros ! Lui qui veut pousser ses prédécesseurs devant les tribunaux pour mauvaise gestion entend esquiver un dédommagement en plaidant la juste cause. Le président-salarié va loin. Jusque sur le terrain.
Avec son patron du foot, Augusto Inácio (dernier coach portugais champion avec le Sporting en 2000), comme caution, il a géré le recrutement. La venue de Ryan Gauld aurait été l’un des premiers points de désaccord avec Silva, qui n’en voulait pas. L’Ecossais, annoncé comme le "nouveau Messi" dans son pays, n’a participé qu’à une rencontre avec l’équipe première en six mois. Silva a confié avoir appris dans la presse qu’il n’aurait aucune recrue cet hiver… De Carvalho aime mettre la pression. Il assiste aux entraînements et aux matches, sur le banc ; tape des gueulantes à ses joueurs et entraîneurs. Il gère aussi la communication. Ces derniers jours, il a décrété un blackout. Personne n’est autorisé à parler. Le coach est carrément dispensé de conf de presse… "C’est lui qui devrait se taire", rétorque Dias da Cunha, l’un de ses prédécesseurs. La contestation commence à se faire entendre. Rappelez-vous, le départ de Jardim ne s’était pas opéré dans la tranquillité…

Un coach apprécié par ses joueurs et les supporters…

Un départ de Marco Silva pourrait laisser quelques séquelles dans le vestiaire du Sporting. Le Portugais est apprécié par ses joueurs. En tant que technicien mais aussi en tant qu’homme. Il n’a pas hésité à faire front face aux critiques du patron. Dans un climat interne tendu, après le succès face au Nacional (1-0), l’une de ses déclarations était lourde de sens : "La semaine n’a pas été facile mais les joueurs ont donné une réponse d’union". "Pour moi, c’est un grand entraîneur, proche de ses joueurs, qui leur parle. Il a une méthode qu’il faut suivre", disait de lui Islam Slimani, début décembre. Même José Mourinho, qui fut son adversaire en C1, a salué ses qualités de "leadership" et son "ambition", y compris dans le jeu. L’ancien coach d’Estoril avait particulièrement soigné son arrivée dans ce grand Lisboète. En maintenant les capitaines, il a veillé à préserver un certain équilibre au sein de son groupe tout en apposant sa patte.
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Marco Silva à l'entraînement avec le Sporting Portugal

Crédit: Panoramic

Une stabilité en partie contrariée par l’inévitable Bruno de Carvalho. Le retour de Nani à Alvalade fut incontestablement un énorme coup pour BdC et le SCP. Le fait qu’il se déplace à l’aéroport pour l’accueillir en personne a d’abord fait sourire. Mais le statut (et l’aura) particulier dont jouit l’attaquant prêté par ManU désoriente une équipe encore fragile. Il y a encore peu, l’entraîneur lançait : "Le président n’est pas satisfait et il doit assumer ses responsabilités comme moi je le dois et les joueurs aussi". Marco se sait aussi soutenu par les supporters. Ces derniers ont bombardé les réseaux sociaux du SCP pour manifester leur soutien à l’entraîneur. A la question Facebook : "Quel est votre meilleur souvenir de 2014 ?", les Sportinguistes ont répondu en masse : "La signature de Marco Silva". Le président de l’Association des supporters du Sporting vient de manifester sa désapprobation à un éventuel limogeage du "treinador". La récente annonce de BdC de la tenue d’une AG pour janvier avait surpris. Comme ça, en plein mandat. Voilà qu’elle commence à avoir du sens. S’agissait-il là d’un indice du renvoi de Silva ? Reste à savoir si un succès des Lions sur Estoril permettra au Mister de sauver sa peau…
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