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FC Barcelone : Martino, aux origines du Guardiolisme

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 05/10/2013 à 14:30 GMT+2

N’en déplaise à ses détracteurs, Tata Martino est en train de marcher dans les pas de Pep Guardiola lorsqu’il a débuté avec le FC Barcelone.

Tata Martino habla con Xavi y Cesc Fábregas

Crédit: AFP

J’ai lu cette semaine quelque chose d’intéressant sur le débat (un peu ridicule) “le Barça a-t-il changé avec Martino ?” – sous-entendu le Barça a-t-il perdu son identité avec le technicien argentin ?-. Ce débat, parce que les joueurs s’autorisent du jeu direct, des balles en profondeur et donc un peu plus de déchet dans un système qui voulait rejeter cette possibilité. Avant de lire ce fameux papier (on y vient), je me demandais pourquoi “El Tata” et ses méthodes avaient été remises en question par certains, malgré un bilan juste impressionnant. Au point de me demander si la nationalité et le parcours de l’ex de Rosario en étaient la cause : si Martino avait fait toutes ses classes à Can Barça, qu’il avait dirigé les cadets, les juniors, le Barça B puis l’équipe première, aurait-on fait tout un flan de savoir si le “Barça avait changé ?”. Malheureusement, non.
Le président Sandro Rosell, dans une belle interview accordée à “Sport” il y a quelques semaines, avait dit qu’il existait “beaucoup de gens dans le monde qui possèdent l’ADN Barça, et peut être plus que certains qui étaient au club depuis des années”. Pour le coup, le successeur de Joan Laporta avait entièrement raison. Cette obsession pour les hommes de la maison, du savoir-faire local, protégé comme la recette du Coca-Cola, finissait moi aussi par me déranger. Si tu n’étais pas d’ici, tu ne comprenais rien au football. Et tu n’avais pas le droit ni de porter un jugement, ni, pire, de diriger une équipe portant le sceau blaugrana. Cela m’avait rappelé les pires heures du club français qui m’est cher, le FC Nantes, lorsque tout élément extérieur à la Jonelière était vu comme un corps étranger, qui à court terme, provoquerait la gangrène fatale. Ridicule. Comme l’a exprimé un Martino candide mais spontané en conférence de presse : “Le débat se poserait-il si j’étais catalan ou néerlandais ?”. Au contraire, je pense que Gerardo Martino est en train de s’installer dans les pas de Pep Guardiola, an I. Celui de la saison 2008-09.
Le 2-6 au Bernabeu, jeu direct et “tiki taka”
Dans cet article (je crois tiré du “Mundo Deportivo”), le journaliste rappelait que le fameux 2-6 à Bernabeu en 2009, match de référence qui scellait le premier titre de champion de l’ère Pep, avait été obtenu grâce à un jeu parfois direct, alternant balles en profondeur, ouvertures (presque) toujours précises et le fameux “Tiki Taka”, marque de fabrique de Xavi, Iniesta et compagnie. Au hasard d’un déménagement achevé il y a quelques heures, j’ai retrouvé ce fameux match dans les cartons. Un DVD précieux qui, analysé, ouvre les yeux sur beaucoup de choses.
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Lionel Messi and Xavi

Crédit: Reuters

Face à un Real Madrid qui n’avait rien à voir avec celui que l’on connaît actuellement (mais que faisaient Metzelder et surtout Gago dans cette équipe ?), le Barça, selon le commentateur, avait produit ce jour-là “le plus beau football jamais vu jusqu’à présent.” Pourtant, dans les 20 premières minutes, le Barça avait perdu plusieurs fois le ballon sur des ouvertures de Piqué, Abidal ou Yaya Touré. Ballons en direction de Thierry Henry et Samuel Eto’o, placés sur les côtés, Lionel Messi évoluant dans l’axe pour la première fois de sa jeune carrière. Guardiola, à l’époque, jouait sur les qualités de son exceptionnel trio d’attaque. Vitesse, percussion, dribbles, élimination du rival. Tout ce dont les Ayatollahs du Guardiolisme et du Villanovisme ont en horreur. Ces derniers se fourvoient. Il n’y a qu’à regarder un autre match, le Barça-Bayern de la Ligue des Champions 2013 au Camp Nou, pour s’en rendre compte. Aucune prise de risque, aucun débordement, aucune tentative de d’élimination en un contre un pour un jeu toujours plus stérile et inefficace. Les joueurs eux-mêmes, enfermés dans leur dépendance au “Tiki Taka”, n’y prenaient d’ailleurs aucun plaisir. Alexis Sanchez, hier, rappelait qu’il ne s’était pas amusé. Et que les rares fois où il touchait le ballon, il avait trois adversaires sur le paletot, rendant sa mission quasi impossible.
Neymar, Thierry Henry 2.0
 Considérons aujourd’hui que Neymar est la version 2013 de Thierry Henry, pour schématiser. Pedro, celle d’Eto’o. Messi occupant toujours le centre. Ce Barça actuel sait exploiter leurs qualités d’explosivité et d’élimination. Ce qui le rend extrêmement dangereux, beaucoup plus que la saison dernière. Derrière, il y a toujours Xavi-Iniesta (avec quatre ans de plus), plus Busquets, qui n’avait fait qu’une courte apparition au Bernabeu en remplacement d’un Yaya Touré monumental. Mais aussi Cesc Fabregas, qui réussit son plus beau début de saison depuis qu’il a rejoint le Barça à l’été 2011.
Tout cet assemblage donne un tout qui cumule technique et mouvement (la base du Barça avec l’occupation de l’espace), pression haute à la perte du ballon, mais aussi vitesse et profondeur. Nous y sommes. Martino a certainement dû s’inspirer des matches mythiques de cette époque (on pourrait aussi évoquer le Barça-Bayern 2009, avec un score de 4-0 pour les Blaugrana) pour faire passer ses idées auprès des cadres, une sorte de Madeleine de Proust qui aurait ravivé leur nostalgie. Avec l’année 2010-2011, quand Messi, Xavi et Iniesta tutoyaient l’excellence footballistique, ce fut certainement le plus beau Barça de la dernière décennie. Et Tata est en train de revenir à ces fondamentaux. La palette tactique et technique est désormais élargie, pour le bien de tous les joueurs, qui trouvent un espace adapté à chacune de leurs qualités. Autant ce Barça “old school” appartenait à trois joueurs (Xavi-Iniesta-Messi), autant je pense que l’avenir appartient à un duo, Fabregas-Messi. Avec Iniesta et Busquets au coeur du jeu, ce duo sera le pilier du Barça de ces prochaines années.
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FOOTBALL 2013 Barcelona - Messi

Crédit: Panoramic

Messi bientôt en meneur de jeu ?
La configuration actuelle de l’équipe et ses rotations incessantes rappellent la première saison de Guardiola, on l’a déjà évoqué. Mais posons-nous la question du futur. Je pense ainsi que le Barça va devoir s’interroger sur l’état physique de Messi. “La puce atomique”, usée par presque dix années de professionnalisme, va devoir s’économiser pour éviter ses blessures musculaires à répétition. Il lui sera de plus en plus rare de le voir dans ce registre explosif et “déséquilibrant”. Messi va devoir s’économiser, faire évoluer son jeu. Un peu à la manière d’un Michael Jordan qui au fur et à mesure du temps, avait délaissé le dunk et les pénétrations, pour exceller dans le jeu dos au panier. Je suis persuadé que l’Argentin va devenir, dans quelque temps (mais quand ?), le plus formidable numéro 10 que le monde ait jamais connu. Qu’en reculant légèrement sa position, il fera profiter le Barça de son sens du jeu, de ses passes et de son “feeling” Barça. Tout en se préservant des contacts de plus en plus rudes des défenseurs. Dans un rôle évidemment différent de celui de Xavi (le joueur est unique), mais qui fera évoluer le Barça vers des sphères encore inconnues.
Il faudra alors trouver un joueur capable de finir les actions tout en ayant de certaines capacités d’association. Un rôle de numéro 9 que pourrait occasionnellement occuper Fabregas, voire Neymar, mais qui nécessitera probablement d’investir sur le marché des transferts. Un attaquant axial qui devra avoir un statut de titulaire et non un rôle de sauveur en fin de match. Un Fernando Llorente, Fernando Torres (même si ce dernier aura bientôt 30 ans) ou… un Lewandowski, voire un Sergio Aguëro, avec qui Messi a d’ailleurs certaines affinités. Qu’en pensez-vous ? Le débat est ouvert, mais il est passionnant et ouvre de multiples pistes de réflexion. Pour le moment, les Blaugrana sont revenus aux fondamentaux grâce à Martino. Et comme on peut le supposer, l’évolution ne fait que commencer.
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