Liga - Au Barça, Bartomeu prépare ses "bombas" électorales : elles s'appellent Pogba et Reus

Officiellement, il n'y a pas de date pour la prochaine élection présidentielle au FC Barcelone. On sait simplement qu'elle aura lieu "à la fin de la saison" comme l'avait indiqué l'actuel président Josep Maria Bartomeu. Le successeur de Sandro Rosell, démissionnaire suite à "l'affaire Neymar", avait annoncé la tenue d'élections anticipées après la traumatisante défaite contre la Real Sociedad début janvier (0-1). Le directeur sportif Andoni Zubizarreta, qui cristallisait bien des rancoeurs, avait été remercié. Quant au coach Luis Enrique, son conflit larvé avec Messi allait bien lui coûter son poste aussi... Mais de l'eau a coulé sous les ponts. Le Barça est redevenu une machine à gagner. Et seule une défaite contre Malaga est venue ternir la série quasi parfaite des partenaires d'Iniesta (13 victoires sur les 14 derniers matches) depuis la purge de San Sebastian.

Tranchons tout de suite : il n'y a que deux candidats "crédibles" à l'heure où nous écrivons ces lignes. Bartomeu, candidat à sa propre succession. Et Joan Laporta, qui attend, je cite, "la date des élections" pour se prononcer (même s'il en brûle d'envie). Les autres ne font pas le poids. Passons sur les candidatures dites "citoyennes" qui bien que méritantes, ne font rêver aucun socio. Augusto Benedito? Businessman local, ancien membre du bureau exécutif de Laporta qu'il avait quitté en claquant la porte, Benedito fait déjà campagne pour le "tout sauf Qatar". Un peu populo. Il risque aussi de marcher sur les plates-bandes de son ex mentor Joan 1er. Bref, il n'a pratiquement aucune chance d'autant qu'il faut trouver les fonds.

La règle pour enregistrer une candidature d'opposition est la suivante au Barça: disposer d'un aval de 76,3 millions d'euros, soit 15% des dépenses annuelles du vice-champion d'Espagne. Benedito tente de trouver les fonds mais patine franchement. Tout comme Joan Laporta, qui cherche toujours plusieurs dizaines de millions d'euros pour se lancer dans la bataille. Laporta frappe à toutes les portes et gagnera sûrement son pari (coucou Jorge Mendes). Les premiers sondages lui donnent dix points d'avance sur Bartomeu.

En danger, l'actuel président doit frapper vite et fort. La bonne série et l'excellente image données par les hommes de Luis Enrique lui ont déjà donné un peu de répit. Le rapprochement avec Johan Cruyff  va dans le sens de la pacification. Et ce, malgré une affaire judiciaire dans laquelle est inculpé l'actuel numéro 1. On parle de l'année 2014, moment où il prit le pouvoir. La justice se demande où sont passés près de deux millions d'euros qui n'ont pas été versés au fisc sur le contrat de Neymar...

Avec une énergie et une bonhomie qu'il faut bien lui reconnaître, Bartomeu s'emploie à occuper l'espace médiatique barcelonais. Il filtre généreusement dans la presse quelques recrues potentielles, comme Lars Bender, l'un de ses joueurs préférés. Mais aussi Danilo (FC Porto) ou Javi Martinez (Bayern Munich). Comme un Vincent Labrune sauce catalane, le président a pris goût aux transferts après avoir bouclé seul l'arrivée de Luis Suarez l'été dernier. Le mercato et ses discussions tard dans la nuit avec les agents. Ses négociations à coups de millions. Ses entrées dans les cercles d'influence... Bartomeu n'a pas envie de quitter ce monde. Et a donc pris les devants pour avoir une chance d'y rester.

La signature du sémillant Ariedo Braida va dans ce sens. Braida, 68 ans, a l'un des plus gros réseaux d'Europe. Il est un homme de contact, dans tous les sens du terme. Je l'ai rencontré samedi dernier à l'occasion de Barça B-Majorque. Après présentation, l'homme s'est comporté avec votre serviteur comme il semble le faire avec tout le monde. Main sur l'épaule, parlant rapidement dans un mélange d'italien et d'espagnol (mais j'ai tout compris), sourire aux lèvres et racontant anecdotes sur anecdotes sur une Ligue 1 qu'il maîtrise, les quinze minutes de la mi-temps sont passées bien vite.

Supporters du PSG, remerciez-le visiblement pour la signature de Marco Verratti. Leonardo, son "grand ami" ("c'est moi qui l'ait signé au Milan AC") l'avait sondé pour le jeune Marco. Malgré les doutes initiaux de Leo, Braida avait dit au Brésilien de foncer... L'un des bons moments de ce triste après-midi au Mini Estadi. Juste pour l'anecdote, Alen Halilovic, assis devant moi au cours de ce match, est vraiment impliqué. Il saute, tape dans les mains comme un vrai supporter. D'autres joueurs de la "B", suspendus, blessés ou écartés feraient bien de s'en inspirer, eux qui ont passé 90 minutes le nez dans leur portable...

Braida va prendre son bâton de pèlerin la semaine prochaine pour trouver les joueurs qui flatteront la base électorale de son président. Il a une mission spéciale : ramener Paul Pogba au Barça. Compliqué. Mais pas impossible. Si, à mon humble avis, le Barça a perdu un an dans sa quête de "Pogboom" (voir blogs antérieurs), il est maintenant chaud bouillant. Luis Enrique ne rêve que de lui. Le coach du Barça (dont l'avenir est flou si Laporta gagne les élections) veut le Français, capable de jouer à toutes les positions du milieu catalan. Il semble acquis que Xavi et Sergi Roberto ne continueront pas la saison prochaine. Il faut donc numériquement un joueur de plus. S'il a le niveau de Pogba, encore mieux...

Braida compte sur ses excellentes relations avec Mino Raiola, l'agent de Pogba. Raiola remercie tous les jours Braida d'avoir convaincu Berlusconi de prendre Balotelli. Rappelons que le fantasque Mario s'amusait, quelques semaines avant son transfert, à envoyer des fléchettes sur les jeunes du centre de formation de Manchester City... Raiola en doit une à Braida. Maintenant, il y a cette sanction de la FIFA... Le Barça peut recruter, mais ne peut inscrire un joueur avant janvier. Si Pogba écoute le Barça, il faudra le convaincre de rester en tribunes jusqu'en janvier. Une année d'Euro 2016 organisée en France. Pas simple, mais bon, le Barça semble y croire...

Voici la mission de Braida. Celle des autres alliés de Bartomeu est la suivante : ramener l'autre (future) promesse électorale. Ni plus ni moins que Marco Reus, le sublime joueur du Borussia Dortmund. S'il a prolongé récemment avec le BVB (et s'est blessé mardi), Reus est toujours dans le viseur blaugrana. Bartomeu et ses fidèles font tout pour le faire venir en janvier 2016. Ils comptent sur une non qualification du club allemand en Ligue des Champions avant tout. Puis sur le discours de Ter Stegen, grand ami de Reus. Enfin, offrir une place de choix dans la rotation. L'arrivée de Reus signfierait le départ de Pedro, qui aspire à plus de temps de jeu derrière la MSN (Messi Suarez Neymar). Reus aime le Barça et le Barça aime Reus. Il y a donc moyen de s'entendre, même si Dortmund demandera au minimum 35 millions pour son joueur vedette.

Reus d'un côté, Pogba de l'autre. Cruyff dans sa manche. Bartomeu s'en sort très bien sur le papier, exception faite de ses ennuis judiciaires. En tout cas, l'actuel président a pris de l'avance sur son rival supposé Joan Laporta. Avec qui viendrait l'ex boss de Ronaldinho et Guardiola? Bonne question. Pep ne semble pas intéressé. Eric Abidal l'est beaucoup plus. Un coach? On parle de Jorge Jesus, du Benfica Lisbonne. Laporta, qui fera campagne sur le tout Catalan - avec une pincée d'anti-Qatar - devra trouver les bons joueurs et le bon projet pour convaincre les Socios. Et vous, vous verriez qui ?