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Le Barça, le Real, Porto et Benfica dans un même championnat ? L'idée d'une Ligue ibérique avance

Nicolas Vilas

Publié 26/11/2015 à 18:48 GMT+1

Les présidents des Ligues portugaise et espagnole se sont réunis il y a quelques jours afin d’évoquer la création d’une compétition les réunissant. Et voilà que ressurgit l’idée d’une Ligue ibérique. Fantasme ou réalité ? Les avis et les doutes sont partagés.

Le 26 septembre 2015, au Camp Nou de Barcelone.

Crédit: AFP

L’idée figurait dans son programme électoral. Le 28 juillet dernier, Pedro Proença est devenu le 9e président de la Ligue portugaise de football professionnel (LFPF), avec une promesse, "un objectif assumé" : "La tenue d’une Ligue ibérique." L’ex-arbitre international n’a pas tardé à passer à l’acte. Le 18 novembre, il est parti à la rencontre de son homologue espagnol, Javier Tebas. Et il lui a exposé son projet.

Quel est le projet ?

Un porte-parole de la Ligue portugaise a expliqué la teneur de la proposition de Proença. L’idée n’est pas (encore ?) de fusionner les Ligues, mais de créer un nouveau format. Court. Les participants seraient "les meilleurs classés des championnats portugais et espagnol", expliquait Proença au Expresso, l’été dernier. Son objectif : "Produire plus de spectacle, attirer du public dans les stades et, gérer plus de recettes, plus de visibilité."
Au niveau des règles, rien n’empêche ce rapprochement, une compétition commune voire assimilée. "Aucun règlement, ni aucun statut n’empêche que deux ligues existantes se réunissent dans un même championnat", confiait une source de l’UEFA à l’agence Lusa, en 2010.
Reste à savoir où caler cette nouvelle potentielle compétition. "L’Espagne et le Portugal sont deux pays qui me touchent, commence Robert Pires, né d’un papa portugais et d’une maman espagnole. L’idée est bonne mais, concrètement, ça semble assez compliqué. Le Barça, le Real ou l’Atlético disputent déjà 50 matches par saison."
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Javier Tebas, président de la Ligue de football professionnelle espagnole

Crédit: AFP

Un fantasme (portugais)

Comme l’a remarqué Pires, la question du calendrier est LA problématique à surmonter. Et cela depuis maintenant des années. Car ce dessein est porté par les Portugais depuis maintenant un moment. En 2007, Hermínio Loureiro, alors président de la LPFP, avait tenté le rapprochement. L’actuel Maire de Oliveira de Azeméis justifie : "Il existe un lien de proximité évident entre les deux pays. Géographique, culturel, politique. Des liens forts." A l’époque, l’ancien secrétaire d’Etat aux Sports entendait "créer une compétition entre les vainqueurs de la Coupe de la Ligue portugaise et la Coupe du Roi espagnole, ainsi qu’entre le champion de D2 des deux pays". Pour Loureiro, il s’agissait là "d’un premier pas vers une compétition entre les champions des Ligas".
L’ébauche n’ira pas plus loin. "Problème de sponsor", expliquera la presse portugaise. "Non, pas du tout, rétorque Loureiro. Beaucoup d’entreprises importantes qui œuvrent au Portugal et en Espagne dans les secteurs de l’énergie ou la communication auraient été très intéressées. Les clubs aussi étaient tentés mais ils sont pragmatiques. Il y avait un problème de calendrier, de dates…" Son successeur, Fernando Gomes, tentera lui aussi le coup mais sera confronté à la gêne. C’est toutefois lui qui portera la candidature ibérique pour la Coupe du Monde 2018 que Loureiro avait cogité. La Russie l’emportera.
Derrière ces plans, la préoccupation demeure "la valorisation des compétitions, des clubs. La compétitivité, l’élan économique", martèle Loureiro. Pour Pires, "le Portugal a plus à y gagner, car les supporters ou dirigeants du Benfica, Sporting ou Porto ne demandent qu’à jouer contre le Real ou le Barça".

Des précédents existent

Espagne et Portugal ont déjà connu quelques aventures communes. Rien de stable. En 1935, la Copa Ibérica a mis face à face les champions de leur pays, Bétis et FC Porto. Un amical remporté par les Dragons (4-2). Six ans plus tard, les Fédés des deux pays s’accordent sur la mise en place d’un mini-championnat à huit équipes. Faute de moyens, les Lusitaniens désistent. Il faudra attendre 1983 pour que les champions des deux Ligas, Atlético Madrid et Benfica, s’affrontent officiellement (1-1, 3-1 pour les Aigles).
D’autres éditions se déroulèrent, avec un soutien des instances pas toujours sincère, une périodicité irrégulière, et des adhérents pas forcément très clairs.
  • 1991 : l’Atlético (vainqueur de la Copa del Rey) l’emporte (1-1, 3-2) face au Benfica (champion du Portugal)
  • 2000 : le Sporting (champion du Portugal) s’impose (2-1) contre le Real Madrid (vainqueur de la Ligue des champions)
  • 2005 : le Vitória de Setúbal (Coupe du Portugal) bat le Bétis (Copa del Rey).
Les anciens sont déjà passés à l’acte. Depuis 2012, le FC Porto a intégré la Liga de fútbol indoor, dédiée à des ex-joueurs de foot à onze et dans laquelle sont inscrits le Depor, le Real, le Barça ou le Celta. Il fut un temps où le club de Vigo, poussé par des indépendantistes galiciens, songeait à intégrer le championnat portugais. "Ligue ibérique ?" L’appellation a été lancée, récemment, par Javier Tebas, lorsqu’il fut interrogé sur les conséquences d’une indépendance de la Catalogne.
Même Hermínio Loureiro en convient : "Fusionner les championnats portugais et espagnols semble très difficile mais il n’est pas interdit de rêver." D’autres pays y songent. Les Ecossais du Celtic et des Rangers ont plusieurs fois tenté d’intégrer la Premier League anglaise dont le boss, Richard Scudamore, maintient une "réponse invariable" : "No !" Tchèques et Slovaques ont étudié un rapprochement. Mais pas simple de faire cohabiter différentes réalités.
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Der FC Porto fordert von den Champions-League-Teilnehmern einen Euro der Tickets für Flüchtlinge zu spenden

Crédit: Imago

Comment fusionner deux réalités si différentes ?

S’ils sont intimement liés, Espagnols et Portugais vivent dans deux mondes différents. Le budget moyen de la Liga espagnole est dix fois supérieur à celui de son voisin (autour de 12 millions d’euros). Le plus riche des Portugais (FC Porto) est six fois plus "pauvre" que le plus blindé des Ibériques (Barça, plus de 630 millions d’euros de budget).
Les sources de recettes sont tout aussi disproportionnées. L’affluence dans les stades espagnols (autour de 30 000 spectateurs par match en moyenne) est trois plus élevée que celle des enceintes portugaises. Le révélateur le plus marquant est celui des droits TV. Le Portugal demeure l’un des derniers bastions européens où la mutualisation - autre promesse de Proença - n’est pas encore la règle. Les droits télé cumulés de l’ensemble des clubs portugais avoisinent les 80 millions d’euros. L’Espagne tourne à dix fois plus. Et depuis qu’elle a centralisé sa commercialisation, la Ligue espagnole vise le milliard d’euros !
Que donnerait alors une compétition entre des clubs aux moyens, aux lois et au contexte si dissemblables ? "Les favoris seront le Barça et le Real et, de temps en temps, on verrait une grosse équipe portugaise ou un Atlético, un Valence, s’imposer", prédit Futre. "J’adore l’idée, ce serait excellent, poursuit l’ancien attaquant de Porto, Benfica, Sporting ou de l’Atlético. Mais je me demande comment les équipes portugaises pourront rivaliser. L’idée me parait géniale mais tellement compliquée… " Et sur ce coup-là, Proença ne sera pas le seul à arbitrer.
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