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Après avoir douté, Simeone veut faire passer l'Atlético dans une nouvelle dimension

François David

Mis à jour 26/08/2016 à 21:50 GMT+2

LIGA - Profondément secoué par la défaite aux tirs au but en finale de la Ligue des champions, Diego Simeone s´est ressourcé. Plus que jamais, il veut faire de l´Atlético de Madrid un club qui compte en Espagne comme en Europe. Il a reçu le soutien de ses dirigeants, et les perspectives, sur le terrain et en dehors, sont excellentes.

Diego Simeone avec l'Atlético Madrid - 2016

Crédit: Panoramic

L´Atlético est l´une des équipes qui suscite le plus d´interrogations cette saison. Le club est à un tournant. Non de son histoire, mais de son futur. A travers les récentes déclarations de son leader Diego Simeone, de l´idée qu´il tente d´insuffler une saison encore aux Colchoneros, et de quelques passages de son livre que je suis en train de traduire actuellement pour la France, on peut toutefois anticiper que l´Atlético sera encore une force qui compte, en Liga comme en Ligue des champions. L´équipe, et d´une manière générale l´institution “Atlético de Madrid” n´a jamais été aussi prête. En voici les raisons.
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Diego Simeone, entraîneur de l'Atlético Madrid

Crédit: Panoramic

Un Simeone régénéré

Quelques minutes après la finale de la Ligue des champions, perdue aux tirs au but face au Real Madrid, on avait laissé Diego Simeone à bout de forces. L'entraîneur de l'Atlético était lessivé mentalement. Il ne semblait pas encaisser ce nouvel échec, contrairement à la finale perdue de Lisbonne en 2014 (toujours face au Real) où il s´était senti “fier” du parcours exceptionnel de ses garçons.
Cette fois, Simeone a eu la sensation de n´avoir pas réussi à atteindre son objectif. Et il l´a pris pour un échec personnel, au point de déclarer ses doutes quant à sa continuité au sein des Colchoneros. Aujourd´hui, il va beaucoup mieux, comme il l´a annoncé cette semaine à la télévision espagnole. “Quand j´ai utilisé le mot “échec” (après la finale de Milan, ndlr), c´était le plus clair que j´avais trouvé. Je suis toujours transparent dans ce que je dis. Ça a été un échec car nous n´avions pas réussi à atteindre notre but. Mais par la suite, l´institution s´est remarquablement comportée”.
Les fans de l´Atleti avaient manifesté devant le stade Vincente-Calderon le jour suivant de cette fameuse annonce. Quant aux dirigeants, ils s´étaient vite envolés en Argentine pour rassurer Simeone. Le coach voulait être sûr que le club allait le soutenir, mais surtout, qu´il allait conserver ses meilleurs joueurs et en apporter d´autres, “indispensables pour continuer de grandir” comme il l´a confirmé cette semaine.
L´objectif d´”El Cholo” est limpide depuis qu´il a posé ses valises il y a quatre ans et demi. Continuer de progresser chaque année. Avec en ligne de mire, la Ligue des champions, cette compétition qui se refuse aux Colchoneros depuis trois ans. “Quand je veux quelque chose, j´y arrive presque toujours… si ce n´est toujours”, prophétisait Simeone dans son livre “partido a partido” (“match après match”) lors de sa parution. La Ligue d'Europa ? Gagnée. La Coupe du Roi? Gagnée. La Liga? Gagnée. Vous avez compris sur quelle compétition les yeux des Colchoneros vont prioritairement se porter.
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Diego Simeone après la qualification de l'Atlético sur la pelouse du Bayern

Crédit: AFP

Un groupe plus ambitieux que jamais

  • Le club a répondu aux attentes
Conscient que Simeone était la clé de voûte de l´Atlético, les dirigeants colchoneros se sont empressés de lui apporter les joueurs qu´il souhaitait pour la saison prochaine. Déjà, tous les hommes sollicités, de Griezmann à Oblak en passant par Godin ou Gimenez, sont restés. Lucas Hernandez, amené à être l´un des piliers les prochaines années, est aussi resté fidèle aux couleurs “rojiblanco”.
Le club a réussi ce qu´il n´avait jamais su faire auparavant dans son histoire, conserver ses meilleurs éléments. Griezmann voulait rester. Koke, Gabi, Fernando (Torres), aussi. De grands noms veulent maintenant nous rejoindre et c´est la preuve que nous sommes sur le bon chemin”. Simeone peut être satisfait. Les arrivées de Gaitan, Vrsaljko et Gameiro, lui offrent désormais une large palette tactique.
Alors que l´on pensait son fameux 4-4-2 figé, l´Argentin a innové durant toute la préparation d´avant saison. Lors du premier match contre Alavès (globalement réussi malgré un score 1-1 décevant), l´Atlético a commencé en 4-2-3-1 avec Saul chargé d´alimenter la pointe, Gameiro. Puis, il a demandé à passer en 4-3-3… avant de finir en un 4-2-4 hyper offensif, où l´on trouvait Correa, Gaitan, Gameiro et Fernando Torres. “Quand on me dit que je ne peux évoluer en 4-3-3, 4-2-3-1 ou en 3-4-3, je dis que ce sont des mensonges, affirme Simeone. Le joueur, s´il a confiance dans les gens et qu´il a en face de lui des personnes qui se sentent sûrs de ce qu´ils font, peut évoluer dans n´importe quel système.”
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Fernando Torres et Diego Simeone, avec l'Atlético

Crédit: AFP

Cette année, attendez-vous à voir un Atlético différent. Avec plus de variété. Les signatures de joueurs offensifs comme Gaitan ou Gameiro le lui permettent. Gaitan, après plusieurs années au Benfica, est le portrait-robot du joueur adoré par Simeone. Irréprochable dans son attitude et qui remplit un rôle spécifique sur le terrain. Les deux facettes pour jouer à l´Atlético. Chaque joueur a une fonction, qu´il doit accomplir avec ordre.
Pur gaucher, Gaitan devrait évoluer soit sur le côté (quand Koke est recentré), soit dans l´axe, derrière une pointe par exemple. Mais Gaitan, grand travailleur, peut aussi s´incorporer au milieu de terrain. “Depuis que je suis à l´Atlético, j´ai toujours voulu gagner la bataille du milieu à chaque match. Nico nous apportera sa qualité de dernière passe” insiste Cholo. Quant à Gameiro, il a enfin trouvé le club qui lui permettra de gagner la reconnaissance mondiale après trois belles années à Séville. Le Français a pour lui son sens du but (rarement vu un joueur se créant autant d´occasions), son explosivité, sa combativité et représente aussi une option différente en attaque.
Parmi les joueurs de pointe, Angel Correa est dans la percussion et la provocation balle au pied. Fernando Torres est l´homme des grandes chevauchées. Griezmann a carte blanche pour aller où il veut. Gameiro, lui, apportera sa précision dans les petits espaces et sa présence devant le but. Sur le papier, l´escouade offensive de l´Atlético n´a rien à envier aux plus grandes cylindrées européennes.
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Diego Simeone, l'entraîneur de l'Atlético Madrid, le 8 décembre 2015.

Crédit: AFP

  • Culture de la gagne
C´est ce que tente d´insuffler Simeone à l´ensemble du club du sud de Madrid. Etre compétitif, toujours. Du président au magasinier, tous doivent tirer dans le même sens. “C´est comme ma famille et mes joueurs sont comme mes enfants”, assène El Cholo. Il faut gagner, gagner et encore gagner dans l´esprit de Simeone. Un détail qui a son importance : lors de la finale de la Coupe du Roi 2013 face au Real Madrid, le staff technique de l´Atlético avait exigé d´avoir le même nombre de… ramasseurs de balle que son rival du soir. “Un enfant qui voit son équipe perdre se pressera plus facilement, affirme-t-il dans ses mémoires. A travers ces petits détails, j´avais montré à tout le monde que l´on avait qu´un but: battre le Real Madrid chez lui, au Bernabeu. C´est ça aussi, l´ambition”.
Aujourd´hui, Simeone tente d´appliquer une maxime que l´on retrouve chez ses deux grands rivaux: la culture club. Autant le Barça veut que dans les catégories inférieures, même chez les plus petits, les enfants jouent de la même façon, autant le Real insiste sur la gagne. Il faut vaincre son adversaire en lui montrant ce qu´est le Real. Le maillot blanc doit déjà provoquer la chair de poule chez le rival. Simeone veut également que les plus petits s´inspirent de l´Atlético et de ses fondements. Un jeu intense, dur, interprété par des enfants qui ont l´amour du club. Un jeu basé, si possible, sur la contre-attaque. Dans le développement de l´entité, les jeunes ont une importance fondamentale. Malgré le départ d´Oliver Torres et les prêts successifs de Manquillo, Koke, Saul ou encore Torres en sont aujourd´hui les incarnations. D´autres suivront dans les prochaines années.
  • Une belle saison… de transition?
Dans ce cas, le mot transition n´est pas péjoratif. L´Atlético vit ses derniers mois au mythique Vincente-Calderon. Dans un an, il intégrera une enceinte plus moderne, plus luxueuse et plus adaptée à son prestige. Source de revenus conséquente, le stade va également permettre aux Colchoneros de grandir davantage.
L´apport de capitaux chinois (à hauteur de 25%), et le “naming” (l´Atlético attend dix millions par an) vont dans ce sens. En attendant, le groupe de Simeone va offrir des dernières joies à cette enceinte vieillissante mais chargée d´histoire. Comme pour la passation d´un patrimoine, chaque club de Liga va recevoir un morceau du Vincente-Calderon. Sur le terrain, on peut compter sur Simeone pour faire passer son groupe dans une nouvelle dimension.
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