Barcelone-Madrid 1-1 : Le talent de ce Real, c'est son coeur

Il n'abandonne donc jamais. Et le Barça peut en témoigner. Les Catalans pensaient bien tenir la victoire samedi face au Real. Ils imaginaient mettre un terme à la série d'invincibilité des hommes de Zinédine Zidane. Mais les Madrilènes ont décidément des ressources insoupçonnées. A l'image de Sergio Ramos, toujours capable de venir changer le cours des choses d'un coup de tête rageur, quand tout paraissait perdu pour la Maison Blanche. Rien n'est jamais perdu pour ce Real, et Barcelone en a fait la cruelle expérience.

Pour le coup, le Barça n'aurait pas tort de s'inspirer de son plus grand rival. Il lui a manqué pas mal de choses pour obtenir un meilleur résultat que ce match nul face au Real. Mais surtout de la détermination. Dans ce domaine, le contraste a été particulièrement criant en fin de match. L'équipe de Zidane a donné tout ce qu'elle avait pour égaliser. Et celle de Luis Enrique n'a pas donné l'impression de faire le nécessaire pour conserver son avantage. Ce point pris par le Real, c'est d'abord celui de la combativité.

Il en a pris plus d'un grâce à cette qualité. C'est difficile d'évaluer l'impact que peut avoir Zinédine Zidane par rapport à la détermination affichée ses hommes sur le terrain. Mais depuis que le Français est sur le banc madrilène, c'est une constante dans son équipe. Compte tenu du scénario au Camp Nou, c'est difficile de ne pas penser au premier match de la saison des Madrilènes, cette Supercoupe d'Europe enlevée au bout de la prolongation face au FC Séville (3-2 a.p.). Avec, déjà, une égalisation de Sergio Ramos dans le temps additionnel, quand tout semblait perdu pour le Real.

Cette équipe peut avoir des jours avec et des jours sans. Mais son cœur, elle l'affiche au quotidien. Au Camp Nou, déjà, elle avait renversé la situation pour s'imposer sur un but de Cristiano Ronaldo à la 85e minute, en avril dernier (1-2). Deux semaines plus tôt, elle avait arraché un succès à Las Palmas à la 89e minute (1-2). Et deux semaines plus tard, elle avait remonté un handicap de deux buts pour vaincre Wolfsburg (3-0) et poursuivre son chemin vers le 11e titre de champion d'Europe de l'histoire du club.

Cette finale, justement, avait montré à quel point ce Real en a dans les tripes. Parce qu'il était à l'agonie dans la prolongation, à la merci de Colchoneros regonflés après le but de Yannick Carrasco. Et visiblement bien plus frais sur la fin. Les Madrilènes avaient tenu bon jusqu'à la séance de tirs au but. Et ils avaient soulevé le trophée à la fin. Ce sacre en disait déjà long sur les qualités mentales de l'équipe de Zidane. Rien n'a changé depuis le printemps. Elle a continué à les afficher cette saison. Vigo, le Sporting, l'Athletic, le Sporting encore… Autant de matches où le Real a su forcer le destin.

Il ne suffit pas d'avoir du cœur pour enchaîner 33 matches sans défaite. Il faut aussi du talent, et le club merengue n'en manque pas. Il l'a encore affiché à Barcelone sous l'impulsion d'un Luka Modric encore exceptionnel. Si un joueur symbolise ce Real, c'est bien le milieu croate. Un artiste qui régale les foules par sa vista et sa technique. Mais derrière l'habit de lumière, il y a le bleu de chauffe. Modric passe son temps à courir, à compenser, à récupérer les ballons, à les relancer, sans rien lâcher. Dans ce domaine, sa prestation au Camp Nou était un modèle du genre.

Du talent, il y en a toujours eu Real. Ce club emploie régulièrement les gros moyens pour en avoir. C'est une marque de fabrique. Mais l'équipe de Zidane dégage encore autre chose. Une force collective, une solidarité et une rage de vaincre qui lui permettent de se sortir de toutes les situations. Elle a ce cœur qui a parfois fait défaut à la Maison Blanche par le passé. Aujourd'hui, c'est peut-être devenu sa plus grande qualité. Et ça ne la rend que plus redoutable.