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Ça y est, Zinédine Zidane est devenu autre chose qu'un entraîneur chanceux

François David

Mis à jour 06/01/2017 à 16:06 GMT+1

LIGA - Zinédine Zidane surfait sur la vague de la réussite sans donner un véritable style au Real, selon ses détracteurs. Mais à y regarder de plus près, il a bel et bien imposé subtilement sa marque depuis sa prise de poste, il y a un an.

Zinedine Zidane (Real Madrid) en conférence de presse à Madrid le 3 janvier 2017

Crédit: AFP

Après avoir suscité la méfiance, Zinédine Zidane s'est imposé définitivement comme l'un des grands entraîneurs du football actuel. En à peine six mois, il a rempli la galerie des trophées du Real, s'est imposé tactiquement face aux plus grands, et a redistribué les cartes dans le vestiaire. Du grand art.
En Espagne, une expression un peu vulgaire disait que Zidane avait une "fleur dans le c...", c'est à dire qu'il avait de la chance. La chance du débutant, la chance d'avoir repris, au bon moment, un groupe traumatisé par Rafael Benitez. Mais rarement - en tout cas ceux qui ne supportent pas le Real - voyait en Zizou un stratège et un meneur d'hommes.
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Zinedine Zidane fêté par ses joueurs après le Mondial des clubs 2016

Crédit: AFP

Mais depuis la victoire contre le FC Séville en Copa del Rey, les rares qui ne pensent pas Zidane capable ont rangé la fleur dans le tiroir. Mercredi au Bernabeu, le Real a donné une leçon à l'une des équipes à la mode. Zizou, lui, a dominé tactiquement Jorge Sampaoli, considéré comme une référence. Si le score final (3-0) est flatteur, la domination globale des Madrilènes ne souffre, elle, d'aucune contestation.

Moins de talent, plus de kilomètres

En première période, le champion d'Europe 2016 a surpris, en pressant haut, en grattant des ballons près de la surface du gardien andalou Sergio Rico, alors que Sampaoli avait déclaré publiquement la veille "que le Real allait probablement attendre dans son camp". Privé de la BBC (Bale, Benzema - sur le banc - , Cristiano Ronaldo), Zizou a pu demander aux autres joueurs de se mettre en quatre, et de mouiller le maillot comme jamais pour le premier match de l'année 2017. Ce pressing, Zidane n'aurait sûrement pas pu le faire avec ses trois stars offensives. Mais avec moins de talent mais plus de kilomètres dans les jambes, le Real est parvenu à ses fins. En faisant, peut-être, les 45 minutes les plus abouties depuis sa prise de fonctions il y a tout juste un an. Et en un an, il s'en est passé des choses…
Le bilan de Zidane à la tête du Real Madrid est simplement exceptionnel : 53 matches officiels, pour 41 victoires, 10 matches nuls, 2 défaites (!) et 3 titres internationaux avec la Ligue des Champions, la Supercoupe d'Europe et le Mondial des Clubs.
Alors pourquoi Zidane a-t-il suscité autant de méfiance ? Selon moi, pour deux raisons : primo il a une certaine humilité qui le place aux antipodes d'un José Mourinho qui occupe tout l'espace médiatique, secundo il n'est pas un idéologue comme Marcelo Bielsa ou Pep Guardiola, deux théoriciens qui ont appliqué leur méthode après avoir beaucoup "cherché". Des gens qui sont davantage respectés au niveau international.
Pourtant, qu'a Zidane de moins qu'un Antonio Conte (Chelsea), l'une des coqueluches des bancs de touche ? Je vous laisse débattre.
Zidane est surtout une éponge, qui a su écouter auprès de grands entraîneurs ou meneur d'hommes (Lippi, Jacquet, Mourinho, Ancelotti, Del Bosque), prendre le meilleur de chacun d'entre eux, puis qui a pris son temps avant de diriger un groupe. Alors qu'il avait la possibilité d'entraîner des équipes de première catégorie, ZZ est allé en segunda B (l'équivalent de la troisième division en France), coacher l'équipe réserve du Real sur des terrains pourris et improbables, loin du luxe qu'il avait connu toute sa carrière, en tant que joueur, puis comme homme de confiance de Florentino Perez. Comme Guardiola, d'ailleurs. Zidane ne s'est d'ailleurs jamais caché que cette formation dans l'ombre lui a été salutaire.
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Zinedine Zidane (Real Madrid)

Crédit: AFP

Même les remplaçants…des remplaçants sont bouillants

Aujourd'hui, Zizou dirige un groupe chaud comme la braise, et où chacun se sent important. James Rodriguez avait envisagé un départ après la finale du championnat du monde des clubs ? Une discussion franche entre les deux hommes et tout est rentré dans l'ordre. James a été titulaire contre Séville et a marqué deux buts. Et à la fin du match, il a déclaré vouloir rester... A Madrid, ce ne sont pas seulement les titulaires ou les remplaçants qui sont au top. Ce sont également les remplaçants... des remplaçants ! Nacho ou Asensio peuvent ainsi rentrer à n'importe quel moment, ils vont assurer en donnant leur qualité et leur "vie" sur le terrain, ce qui plait aux socios du Bernabeu.
Zidane a apporté cela. De la tranquillité, de la confiance et une certaine légitimité. Légitimité par rapport au Bernabeu, dont il a été l'une des plus grandes stars. Légitimité aussi par rapport à son groupe. Si James a accepté de rentrer dans le rang, c'est aussi car Zidane a été son idole. Si Cristiano Ronaldo le tient en haute estime, c'est qu'il a, en face de lui, son égal en termes de prestige et de qualité footballistique. Là où CR7 se moquait de Benitez quand ce dernier lui apprenait à dribbler ou à tirer les coups francs, le Portugais écoute religieusement les conseils de Zidane, qui ne le rééduque pas, mais qui l'accompagne dans sa progression, comme l'aurait fait un Ancelotti.
Au niveau tactique, Zidane est aussi beaucoup plus développé que certains ne le pensent. Il sait adapter son équipe en fonction des blessures. Pour moi, il a trouvé l'alchimie parfaite en attaque. En attendant Gareth Bale, faire jouer Ronaldo en pointe, là où son sens du but fait des ravages sans enchainer les efforts de jouer sur le côté gauche, avec Benzema derrière lui, est une grande trouvaille.
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Zinedine Zidane lors Real Madrid - FC Séville en Coupe du roi le 4 janvier 2017

Crédit: AFP

Benzema en 9,5, la trouvaille

Benzema est un 9,5, ou un 10,5, appelez-le comme vous voulez. Il se sent plus à l'aise avec une grande liberté de mouvement, là où il peut donner la dernière passe ou arriver en deuxième ligne pour marquer. C'est également un poste où il peut obtenir la légitimité que son talent hors normes ne lui avait pourtant pas encore offerte. Sans Benzema, Ronaldo ou Bale, Zidane peut repasser en 4-3-3 facilement, là où Morata se sent bien, tout comme James : placé initialement sur un côté contre Séville, le Colombien a plus logiquement occupé un poste axial, en laissant le côté droit à Modric ou Carvajal.
La grande question aujourd'hui est : que se passera-t-il quand les mauvais résultats apparaitront ? Il y a deux saisons, le Real d'Ancelotti paraissait intouchable avant de s'écrouler. Zidane l'avait constaté aussi. L'une des clés sera le physique : quand Ancelotti, un peu têtu, avait fait jouer ses cadres toute la saison jusqu'à l'épuisement, Zidane n'hésite pas à faire tourner. Benzema, jeudi soir, est resté sur le banc. Ronaldo n'a même pas été convoqué. Faire accepter à CR7 qu'il devait se préserver à 31 ans pour arriver au top en fin de saison n'a pas été simple, mais le quadruple Ballon d'Or l'a accepté. Parce que c'était Zidane et qu'il avait connu pareille situation au début des années 2000. Parce que le Portugais sait qu'il a en face de lui un homme qui peut le faire gagner s'il l'écoute. Et le Real gagne beaucoup depuis un an.
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Karim Benzema félicité pour son but contre le Borussia Dortmund en Ligue des champions

Crédit: AFP

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