Griezmann-Gameiro : le duo qu'il fallait à l'Atlético... et aux Bleus ?

Ça, c'est un duo qui donne envie de regarder les matches de l’Atlético ! Cette saison, Antoine Griezmann et Kevin Gameiro seront les artilleurs en chef de Diego Simeone. La combinaison de ces deux buteurs en pleine confiance (32 buts en 53 matches pour Griezmann, 29 en 52 pour Gameiro la saison dernière) sent la poudre. Et si le binôme fonctionne en Rojiblanco, s’il parvient à concurrencer les acronymes rivaux MSN et BBC, pourquoi ne pas les voir rapidement ensemble en équipe de France ? Sur le papier, ça donne envie, comme dirait Jean-Pierre Pernaut après un sujet gastronomie aveyronnaise dans le journal de 13h.

Pour le moment, les 2G (ou GG) ont été titularisés deux fois, une fois en Liga contre Leganés (0-0), la seconde en Ligue des Champions contre le PSV Eindhoven. Ni l’un ni l’autre n’ont trouvé le chemin des filets quand ils étaient tous les deux sur la pelouse. "Quand on les a affrontés en championnat, nous savions qu’ils manquaient de temps de jeu, explique Martin Mantovani, le capitaine de Leganés. Gameiro est plus puissant que Griezmann mais on a tous vu ce que Griezmann a été capable de faire pendant l’Euro. On était bien content de les jouer dès la deuxième journée, parce que dans peu de temps, l’Atlético sera en jambes".

Pendant une heure, les deux Français se sont heurtés à la défense et au gardien en feu des Pepineros qui jouaient le tout premier match de leur histoire en Liga à domicile. "Ce sont deux "jugadorazos". Ils sont très forts au démarrage, ils sont rapides et ils mettent beaucoup de vitesse. C’est très difficile de défendre sur eux", détaille le défenseur central aux cheveux bleus.

La complicité entre les deux joueurs, les automatismes sont encore à travailler dans un schéma préférentiel en 4-4-2 qui peut passer en 4-1-4-1 comme contre le PSV. Attablé dans un hôtel de San Sebastian, le sélectionneur du Pays basque Mikel Etxarri a encore des doutes sur le potentiel de l’association. "Ça ne va pas être facile. Gameiro est un joueur d’axe. Griezmann est davantage capable de jouer sur un côté, de redescendre". Deux profils différents mais qui ne garantissent pas d’avance une réussite immédiate. La complémentarité sera la clef.

Pour Jean-Marc Furlan qui a eu Gameiro sous ses ordres à Strasbourg, "Griezmann se nourrit du jeu dans les intervalles et Gameiro est un joueur de rupture, un finisseur. Participer au jeu, relier jeu court et jeu long, ce sera un challenge". L’ancien directeur sportif de la Real Sociedad complète : "Griezmann initie les actions, il est davantage dans la construction. C’était déjà le cas quand il évoluait à gauche avec les Txuri-urdin. Gameiro sera précieux dans la contre-attaque. En revanche, pour les attaques placées, Griezmann est plus complet. Techniquement, il sait parfaitement ouvrir son pied d’appui pour déclencher une frappe (il mime le geste, pied d’appui fermé et pied d’appui ouvert)".

Selon lui, l’objectif est de recréer un binôme aussi efficace que David Villa et Diego Costa en 2013-2014, la saison du titre et de la finale de la Ligue des Champions : "Quand Villa et Costa évoluaient ensemble, ils étaient parfaitement coordonnés, avec Villa plus bas que Costa qui utilisait très bien son jeu dos au but (il montre en utilisant les verres sur la table). Je ne sais pas si Gameiro aura cette même efficacité".

Jean-Marc Furlan abonde : "Griezmann a besoin d’un avant-centre pour fixer et servir de point d’appui, c’est capital. Kevin n’a pas cet aspect, il n’aime pas le contact comme Costa. Je l’ai jamais vu dans ce registre mais il a une marge de progression". En revanche, pour Martin Mantovani qui s’est coltiné les deux "Franchutes" pendant une heure, le duo devrait rapidement fonctionner à plein régime : "ils n’ont pas encore beaucoup joué ensemble, mais ils ont énormément d’expérience. Ils vont réaliser une très belle saison. Ce n’est qu’une question de temps. Ils vont s’entendre à merveille. Pour l’Atlético, les possibilités sont immenses".

Dans la liste des réservistes pour l’Euro, Kevin Gameiro a été enfin rappelé par Didier Deschamps en équipe de France lors de la dernière fenêtre internationale pour pallier le forfait d’Alexandre Lacazette. Evidemment, les automatismes développés en club seront tout bénéfice pour les Bleus. Pas forcément pour débuter le match d’ailleurs. A l’époque où Carlos Bacca était à Séville, Gameiro sortait du banc pour apporter sa fraîcheur et son sens du but, souvent avec succès. Pourquoi ne pas avoir le même rôle en sélection ? On serait même tenté de dire que s’il avait été sélectionné pour l’Euro, la finale aurait basculé dans l’autre sens.

"Gameiro a excellé comme joker, rappelle Jean-Marc Furlan. Il sait finaliser le travail que ses coéquipiers ont effectué pendant 70-75 minutes. Il est capable d’analyser ce qu’il voit depuis le banc, il enregistre et grâce à ses qualités, il peut plier le match. Peut-être que c’est ce rôle de joker de luxe que veut lui attribuer Simeone, parce que la doublette Griezmann-Torres a fait ses preuves. A l’Atlético, il va franchir un palier. Il a le profil du très haut niveau international. Et même si ça peut être un rôle frustrant, beaucoup de joueurs ont fait de grandes carrières comme cela, souvent des petits gabarits toniques".

Alors même si DD privilégie un milieu offensif à 3 avec un 9 en pointe et un "Grizi" pour diriger le jeu, l’apport de Gameiro lui offrirait une nouvelle possibilité tactique, avec un duo d’attaque rompu au jeu en 4-4-2. "Le fait qu’ils évoluent quotidiennement ensemble au sein du même club est très important, estime Martin Mantovani. Ils vont partager beaucoup de choses, ça les bonifiera. La GG est une attaque très sûre. C’est une bonne chose à la fois pour l’Atleti et pour la France". Encore en travaux, la connexion 2G doit planter. Pour une fois, ce serait bon signe !