Atlético-Real : A Madrid, Griezmann et Benzema ont perdu leur voix

Il n'y a pas si longtemps, Antoine Griezmann et Karim Benzema terrorisaient les défenses de Liga et d'Europe. Ce n'est plus le cas depuis le début de la saison. Les deux attaquants français connaissent chacun, à peu de choses près, leur pire entame d'exercice depuis 2009. Celui de l'Atlético ne fait que rarement la différence et peine à retrouver son impact des dernières saisons. Celui du Real subit les critiques de la presse et les sifflets de Santiago-Bernabeu pour son manque de rendement. Gros plan sur deux attaquants au creux de la vague, dans une proportion et pour des raisons différentes.

Trois petits buts en 13 matches toutes compétitions confondues. Soit autant que lors de ses six sélections en équipe de France depuis le mois d'août. Si Griezmann traverse une période délicate, il convient de préciser que cela ne concerne que ses performances avec l'Atlético. Avec deux buts en neuf matches de Liga et un en quatre rencontres de Ligue des champions, il connaît quasiment son pire début de saison depuis 2009.

Griezmann n'avait plus affiché un ratio but/match aussi faible à ce stade de la saison depuis sa première année au club, durant laquelle il n'était pas systématiquement titulaire. Et il faut remonter à ses jeunes années à la Real Sociedad, quand il n'était pas encore un joueur confirmé, pour trouver trace d'un rendement inférieur de sa part. Même s'il totalise aussi trois passes décisives, l'attaquant français n'a jamais été aussi effacé depuis qu'il porte les couleurs des Rojiblancos.

Le cas de Griezmann n'est pas le même que celui de Benzema. S'il traverse une période délicate, c'est aussi un problème collectif. Celui de l'Atlético est nettement moins performant ces derniers mois, et il serait encore davantage en difficulté dans la récupération si son attaquant tricolore ne se démenait pas autant dans les courses défensives, aussi bien dans le pressing que dans le repli. Griezmann s'implique totalement, et cette débauche d'énergie se fait fatalement au détriment de sa lucidité dans le dernier geste. Il est ainsi beaucoup moins saignant dans la zone de vérité.

Ce n'est pas un hasard. L'Atlético n'a pas pu se renforcer l'été dernier car elle était sanctionnée d'une interdiction de recrutement, et cela se ressent sur le terrain. Notamment en attaque. Si Griezmann doit faire encore davantage d'efforts défensifs pour contribuer à maintenir l'équilibre du collectif, il manque aussi régulièrement de soutien devant. De ce point de vue, l'arrivée programmée de Diego Costa lors du mercato d'hiver devrait lui faire un bien fou. D'ici-là, le Français devra quand même trouver le moyen d'être plus décisif qu'il ne l'est depuis le début de la saison.

Seulement deux buts inscrits à la mi-novembre toutes compétitions confondues, c'est une situation là aussi quasiment inédite pour Karim Benzema au Real. L'avant-centre merengue n'a trouvé qu'une seule fois les filets en Liga, autant qu'en Ligue des champions, et affiche un ratio inférieur à 0,2 but par match à ce stade de la saison pour la deuxième fois seulement sur les neuf derniers exercices.

Il avait bien eu un rendement plus faible à ce stade de la saison en 2010-11, lors de sa deuxième année à la Maison Blanche. Mais il faut souligner que Benzema n'était pas titulaire à l'époque. Il était derrière Gonzalo Higuain dans la hiérarchie des avant-centres du club merengue et n'avait démarré que quatre des 15 matches disputés par le Real Madrid entre le début de la saison et la mi-novembre. Alors qu'il a été titulaire dix fois sur douze jusqu'ici en 2017-18.

Les médias espagnols reconnaissent plus facilement des circonstances atténuantes à Griezmann qu'à Benzema. S'ils considèrent plutôt l'attaquant de l'Atlético comme une victime de la baisse de régime de son équipe, ils estiment que celui du Real contribue à celle du club merengue. Où l'influence du Français ne passe pas tant par ses buts que par son influence dans le jeu et sa complémentarité avec Cristiano Ronaldo, le buteur attitré de la Maison Blanche. Elles sont beaucoup moins nettes en ce début de saison, ce qui explique en partie pourquoi CR7 est lui aussi moins prolifique.

Il y a moins de mobilité chez Benzema actuellement. Le Français n'arrive pas à retrouver le même tranchant dans ses mouvements que les saisons passées. Il libère moins d'espaces, il trouve plus rarement des situations en un contre un et il ne parvient plus à éliminer ses adversaires. De manière générale, il fait moins de différences. Son travail défensif est aussi insuffisant, dans le repli comme dans le pressing. De manière globale, Benzema est moins performant dans le jeu. C'est peut-être la raison majeure de son faible total de buts depuis l'entame de la saison.