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Ligue 1 - Le PSG est toujours seul... Tant mieux pour lui, tant pis pour la Ligue 1

Thomas Baron

Mis à jour 07/08/2014 à 14:22 GMT+2

Double champion de France en titre, le PSG est une nouvelle fois le favori en Ligue 1, alors qu'aucun club ne semble en mesure de contester sa première place. La concurrence n’a pas tellement progressé et rarement une équipe a autant dominé le championnat.

Zlatan Ibrahimovic (PSG) buteur face à Guingamp lors du Trophée des champions

Crédit: AFP

2015 a toutes les chances de ressembler à 2014 parce que...

  • ... Ce PSG reste ultra-compétitif
Tout porte à croire que le Paris Saint-Germain est à l’aube d’un troisième succès consécutif en Ligue 1. En trois ans, QSI a bâti un effectif sans équivalent en France. Le club de la capitale possède une telle marge de manœuvre en L1 qu’il ne procède désormais qu’à quelques "retouches". Ainsi, David Luiz et Serge Aurier ont rejoint cet été les Ibrahimovic, Thiago Silva et autres Cavani. S'il a moins fait flamber le carnet de chèques que ces trois dernières saisons, parce que les règles du fair-play financier l'y ont contraint mais aussi parce que son groupe est aujourd'hui proche des plus hauts standards européens, le PSG apparait, sur le papier, au moins aussi fort que lors de sa précédente campagne. Une réalité douloureuse pour la concurrence comme pour le suspense.
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Cavani félicite Thiago Silva face à Sochaux (2013)

Crédit: AFP

En dehors des aléas (blessures) communs à tout club, qu'est-ce qui pourrait empêcher le PSG version 2015 d'être au minimum à la hauteur de son devancier ? En cherchant bien, peut-être un début de saison contrarié par "l'effet Coupe du monde". Salvatore Sirigu a cerné le mal qui guette son équipe : "On est beaucoup de joueurs à avoir participé à la Coupe du monde. La préparation physique a été difficile. […]  Les vacances ont été plus courtes à la différence des autres équipes qui ont pu se reposer. On est conscients qu’on aura des difficultés en début de championnat." Possible, encore que cela reste à démontrer. Mais un championnat, c'est 38 journées. Pas 4 ou 5. Ni ces considérations estivales ni les contraintes du fair-play financier ne semblent de nature à remettre en cause la marche en avant du club parisien. Paris sera toujours Paris. Et les autres ?
  • … La concurrence, elle, ne s'est pas rapprochée
La saison dernière, Paris a dominé comme peu d'équipes ont su le faire par le passé en Ligue 1. En fin de saison, Monaco, malgré un bilan historique pour un dauphin, était relégué à neuf points et le PSG a terminé à la fois avec la meilleure attaque (84 buts) et la meilleure défense (23). Si le PSG ne régresse pas, pour que la L1 ne soit pas rapidement placée sous l'étau francilien, il faudra que la concurrence réduise d'elle-même l'écart. A ce jour, cela semble peu probable.
Alors qu’en 2013, l'ASM semblait la plus à même de concurrencer Paris, le projet sportif et économique des dirigeants monégasques marque le pas. L’espoir soulevé par les ressources financières de Dmitry Rybolovlev et le recrutement ambitieux a été accompagné d’une réalité moins réjouissante, celle du départ de James Rodriguez. Dans la perspective de cumuler la Ligue 1 et la Ligue des champions, les vice-champions de France ne sont pas assez armés. Ils le seront peut-être davantage d'ici fin août, mais l'idée d'une lutte d'égal à égal avec le PSG, crédible à moyen terme il y a un an, a du plomb dans l'aile à ce jour.
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Falcao, l'attaquant de Monaco (au centre), a fait sa rentrée face à Valence

Crédit: AFP

A l'inverse, l'Olympique de Marseille parait en mesure d'amorcer une trajectoire ascendante. L’OM présente le profil idéal de l’équipe surprise. Marcelo Bielsa a pris les commandes de l’équipe, le club a poursuivi son recrutement judicieux (Alessandrini et Batshuayi) et aucune Coupe d’Europe n’est à disputer. Seulement, le banc phocéen n’est pas le plus garni, attention donc aux pépins physiques, même si Bielsa "dégage beaucoup de charisme et on a envie de le suivre", selon Steve Mandanda. Puis on parle d'une équipe qui a fini à près de trente points du PSG. Que l'OM aille mieux, c'est fort possible. Que l'écart se réduise avec Paris, c'est plus que probable. Mais de là à s'imposer en concurrent durable de Paris sur neuf ou dix mois...
Enfin, Lille et Lyon peuvent au mieux titiller Paris jusqu’à la trêve hivernale voire aux deux tiers de la saison, au pire lutter pour les places européennes. Après une saison à rivaliser jusqu’au bout avec Monaco, Lille espère accrocher une place en C1, tandis que dans la cité rhodanienne, Jean-Michel Aulas patiente encore et compte sur son Stade des Lumières pour combler un tant soit peu son retard avec le haut de la L1. Après une année prometteuse du fait du retour de Monaco en Ligue 1, force est de constater que la concurrence ne s’est pas améliorée. Au mieux, elle a stagné.
  • Trois ans après l'arrivée de QSI, Paris reste seul dans sa catégorie
Nous voilà donc presque au point de départ. A l'arrivée de QSI à l'été 2011, il est vite devenu évident que le PSG allait entrer dans une dimension économique inconnue en France qui allait rapidement l'isoler du reste du plateau. L'espoir, pour l'ensemble du Championnat de France, son attractivité, sa compétitivité, autant que son intérêt sportif, était de savoir s'il ferait office de rouleau compresseur implacable laissant derrière lui un champ de ruines ou s'il jouerait le rôle d'une locomotive entrainant ses principaux concurrents dans son sillage par le biais d'un cercle "vertueux". Un peu comme il y a près d'un quart de siècle.
La suprématie parisienne aujourd'hui, sur le plan sportif et économique, rappelle un peu celle de l'Olympique de Marseille au carrefour des années 80 et 90. L'étoile filante du Matra de Lagardère s'étant évaporée, l'OM de Bernard Tapie s'est retrouvé dans une position hégémonique en matière de moyens. Et après trois titres consécutifs (1989, 1990, 1991), une demie et une finale de Coupe des champions, le club phocéen semblait bien seul. Jusqu'à ce que Canal+, diffuseur soucieux des conséquences de cette toute puissance sur l'intérêt du Championnat, ne rachète le PSG pour en faire une concurrent viable.
Derrière le tandem provenço-parisien, toute la Ligue 1 s'est trouvée tirée vers le haut. Elle n'a sans doute jamais été aussi forte que dans cette première moitié des années 90. En 1993, l'OM a décroché la Ligue des champions. La même année, le PSG et Auxerre étaient en demi-finales de la Coupe UEFA après avoir sorti le Real et l'Ajax. De 1990 à 1999, la France a remporté ses deux seules Coupes d'Europe, disputé quatre autres finales et placé plus d'une dizaine d'équipes dans le dernier carré des épreuves continentales. De loin, de très loin sa décennie la plus prolifique.
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L'équipe de l'Olympique de Marseille face à l'AC Milan en finale de la Ligue des champions 1993

Crédit: AFP

Mais ce qui était vrai au début des années 90 ne l'est malheureusement pas au début des années 2010. D'abord parce que le PSG, ne trouvant pas chaussure à son pied en France, fait son marché à l'étranger. Contrairement, par exemple, à Lyon du temps de sa splendeur, il n'injecte pas ou très peu son argent dans le sérail hexagonal. Surtout, l'échelle économique est aujourd'hui incomparable. De fait, les clubs se résolvent à jouer les seconds rôles, de l’aveu même de Jean-Michel Aulas : "Au PSG, il y a un tel investissement d'un Etat par rapport à des investisseurs privés, qu'il est difficile de suivre. C'est donc dur de résister avec des fonds privés ou individuels face à ce colosse. Mais le fair-play financier instauré par l'UEFA et Michel Platini doit servir à réguler cette concurrence qui est déloyale".
Pour schématiser, le fair-play financier impose au PSG de ne pas dépasser les 130 km/h, quand ses concurrents ne peuvent de toute manière pas atteindre les 90... Si l'élite française a déjà connu des périodes de fortes et, souvent durables, dominations (Saint-Etienne, Bordeaux, Marseille, jusqu'à l'OL des années 2000), elle n'avait peut-être jamais vécu une situation comparable à celle d'aujourd'hui dans son histoire. Et à moins qu’un nouvel investisseur étranger ne vienne prendre en main un club, comme à Monaco, cela devrait perdurer. Après trois saisons passées dans le giron qatari, le Paris Saint-Germain se mue davantage en rouleau compresseur qu’en locomotive pour le reste de l’élite. Tant mieux pour lui, tant pis pour le suspense.
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