Belhadj, c'est déjà demain

Nadir Belhadj s'apprête à vivre une situation plutôt inédite. Recruté par Lyon lors du dernier mercato hivernal, il fera ses premiers pas à Gerland... sous les couleurs de Sedan où il a été prêté par son nouveau club jusqu'à la fin de saison. "C'est sûr que ça va faire bizarre. Ce sera ma toute première fois à Gerland mais je ne ressens pas de pression supplémentaire pour autant" , avoue-t-il. Car il ne perd pas de vue ses priorités : "Il n'y aura aucun souci au niveau de ma motivation. Je n'ai rien à prouver sur ce match. Pour le moment, je suis encore sedanais et mon objectif et d'aider mon club à se maintenir. Je vais jouer relâché et donner le meilleur de moi-même".

Encore faut-il que l'Algérien entre en jeu. Ménagé ces dernières semaines à l'entraînement, il débutera sur le banc, a d'ores et déjà annoncé José Pasqualetti qui avait déjà laissé entendre que son latéral gauche, reconverti milieu gauche depuis quelques matches, n'était pas assuré de débuter : "C'est loin d'être acquis. Je l'ai trouvé décevant sur les deux derniers matches". Une absence qui ne manquera pas de soulever des interrogations pour un joueur qui n'a manqué qu'un seul match cette saison pour une fracture du doigt (en février face au Mans, 3-2). Pourtant, l'intéressé assure qu'aucun accord écrit ou oral existe entre Sedan et Lyon. "Rien ne m'empêchera de le jouer", affirmait-il même la semaine dernière.

Devant sa famille et ses amis, qui seront présents dans les tribunes, Belhadj s'apprête en tout cas à ouvrir la première page d'une nouvelle carrière. A seulement 24 ans, il représente peut-être l'avenir de l'OL qui l'a préféré à des joueurs plus expérimentés comme Franck Signorino ou Grégory Tafforeau. Alors que ses "modèles", Eric Abidal et Florent Malouda, pourraient faire leurs valises à l'intersaison, il a également l'avantage de la polyvalence. "Ma polyvalence est une bonne chose , dit-il. Regardez Malouda : il a évolué quelques fois en latéral. Au milieu, je peux davantage tenter. Je sais que l'arrière est là pour me couvrir. Défensivement, j'ai encore beaucoup à apprendre. Sur ce point, Pasqualetti m'a apporté plus de rigueur".

L'an prochain, il tentera de franchir un nouveau palier, lui qui est parti de si loin. Formé à Jura-Sud jusqu'à l'âge de 14 ans, il joue une saison à Besançon avant de rejoindre le centre de formation de Lens où il débute au poste d'attaquant dans les équipes de jeunes. Prêté une saison à Gueugnon, il préfère pourtant partir en Ligue 2 à Sedan plutôt que de retrouver le RCL. "Ils voulaient me reprendre mais comme troisième latéral derrière Cyril Rool Yohann Lachor. J'ai préféré partir m'aguerrir à Sedan" , raconte-t-il dans Le Progrès. Après seulement six mois en Ligue 1, les sirènes lyonnaises sont parvenues jusqu'à lui. Après une saison pleine (30 matches, 2 buts et 3 passes décisives), il est prêt à passer la vitesse supérieure et, notamment, à découvrir la Ligue des Champions.

Mais, pour l'heure, il refuse de brûler les étapes. "A 99 %, Lyon est déjà champion de France et cette performance pour la sixième saison consécutive est formidable. Autant dire que pour Sedan, c'est un match difficile qui s'annonce sur lequel on n'affiche pas d'objectif, reconnaît-il volontiers. Ce match, c'est un bonus et on essaiera de réussir quelque chose, mais ce sont les six derniers matches qui compteront le plus. Depuis le début de la saison, tout le monde nous voit en Ligue 2, mais on se défonce les uns pour les autres à chaque match, on pense au jeu et pas à l'enjeu, c'est le meilleur moyen pour ne pas perdre espoir" . Il ne sera d'ailleurs pas le seul à être motivé contre l'OL. "Il y aussi Sartre et Job qui retrouvent leur club formateur. Mes joueurs ont une mentalité exemplaire. Au contraire, ce sera très motivant pour eux", rappelle Pasqualetti.