OM-PSG dans le rétro

Le plus sulfureux. A quatre journées de la fin, les deux clubs se disputent le titre. Un point seulement sépare le PSG (1er) et l'OM (2e). "C'était un vrai match de haut de tableau, un match hors norme", se souvient Frank Sauzée. Les Parisiens sont tout prêt du coup parfait qui les approcherait alors du sacre. Mais Amara Simba manque le but du titre pour le PSG et Sauzée libère son équipe sur le contre d'une frappe lourde légèrement déviée qui vient se loger dans le but de Joël Bats. "Sur le contre, je me décale au milieu et après un relais avec Meyrieu et Eyraud, je place une frappe du coup de pied à trente mètres qui passe à droite de Joël Bats. C'était à la dernière minute, ça a été une libération et le stade a chaviré dans le bonheur", raconte le Marseillais qui permet à l'OM de devenir champion trois journées plus tard pour la première fois depuis 1972.

L'épisode rebondit quelques jours plus tard lorsque l'on apprend que Bernard Tapie aurait contacté l'entraîneur yougoslave du club parisien Tomislav Ivic pour succéder à Gérard Gili sur la Canebière quatre jours avant ce choc. On sait qu'il a également déjeuné avec le meneur du PSG, Safet Susic, ce qui lui valu d'être exclu pour le déplacement suivant à Lens. "C'était peu de temps après la défaite au Vélodrome. Il voulait constituer un gros effectif oiur jouer la Coupe d'Europe. Nous avions discuté, nous nous étions même mis d'accord", a-t-il avoué plus tard.

Le plus mythique. Trois jours après avoir remporté la Ligue des Champions face au Milan AC (1-0), les Marseillais ont l'occasion de fêter ce premier trophée pour un club français en affrontant le PSG devant leur public. Mais les Parisiens, qui jouent encore le titre, ouvre rapidement le score par Vincent Guérin (8e). Mais, malgré la fatigue, Rudi Völler égalise dans la foulée (16e). Survient alors un but d'anthologie de Basile Boli, le deuxième en une semaine.

"Abédi (Pelé) centre sur moi et je dois avouer qu'à ce moment-là, ma seule envie était d'emplâtrer Ricardo qui avait bougé Boksic ou Voëller juste avant. Je suivais aussi le ballon et sans pouvoir me l'expliquer, je tape le ballon en sachant qu'il serait cadré. C'est au bruit du public que je m'aperçois de ce que je venais de faire. C'était hors du commun", se rappelle le héros marseillais. Allen Boskic n'a plus qu'à parachever le succès de l'OM d'une frappe du droit.

Le plus prolifique. Cette année, les Phocéens sont au plus mal en championnat. En lutte pour le maitien, ils sont pourtant parvenus à aller s'imposer au Parc des Princes au match aller. Mais, lorsque Christian ouvre le score dès la 7e minute, les Parisiens croient enfin tenir leur victoire au Vélodrome. Pourtant, après la double expulsion des deux Leroy (Jérôme et Laurent, 19e), l'OM renverse la situation, passant 4 buts au club de la capitale grâce à Perez (24e), Pouget (59e), Abardonado (67e) et Maurice (78e).

Plus motivés, les Marseillais offrent à leur public une victoire qui leur permet de sauver leur saison. "C'est une grosse déception. C'est le PSG qui s'est battu lui-même. Et il y a eu ces exclusions qui nous ont privé d'un bon attaquant. J'avais dit aux joueurs qu'il fallait qu'ils gardent leurs nerfs", commentait alors Philippe Bergeroo.

Le tournant. Après 15 ans de tentatives infructueuses, le PSG réussit l'exploit d'aller s'imposer au Stade Vélodrome et met ainsi fin à l'hégémonie marseillaise. Humiliés par le talent de Ronaldinho, les Olympiens n'ont pu que constater les dégâts. Une chape de plomb s'abat en effet sur les supporters lorsque l'ancien Marseillais Jérôme Leroy décoche une frappe splendide qui laisse Runje sans réaction (28e).

Le prodige brésilien commence ensuite son festival. Profitant d'un cadeau de Franck Leboeuf, Ronnie remonte le terrain pour aller inscrire le but du 2-0 d'une magnifique balle piquée de l'extérieur du droit (55e) avant de délivrer un caviar pour le doublé de Leroy (82e). L'incroyable vient de se produire. Cette année là, le PSG aura battu trois fois l'OM au cours d'une même saison pour la première fois de son histoire.

Le plus improbable. Ce déplacement des Parisiens au Vélodrome reste un souvenir douloureux pour les Marseillais. Vainqueur au Parc des Princes en championnat malgré l'expulsion prématurée d'Armand (2-1), le PSG est parvenu quelques jours plus tard à renverser l'OM en Coupe de la Ligue. Pourtant, on ne donnait pas cher de la peau de cette équipe bis envoyée par Vahid Halilhodzic et privée de plusieurs titulaires (Cana, Mbami, Armand, Pauleta ou Yepes). Mais deux coups de "génie" de Boskovic et un but assassin de Bernard Mendy permettent aux Parisiens de signer un 8e succès d'affilée face à leur ennemi traditionnel.

"Nous sommes tous sonnés, supporteurs, joueurs, dirigeants, entraîneurs. On ne peut parler d'autre chose que d'une grosse désillusion. Toutes les critiques qui s'abattront sur nous ne seront pas infondées, n'a pu que constater Pape Diouf avant d'ajouter, "Ce match, c'est une sorte de coup de bambou. José ne sera pas le mouton noir qu'on sacrifie sur l'autel de la défaite." L'entraîneur phocéen ne devait pourtant pas y survivre.

MARSEILLE - PSG : 1-0 (11e journée)
But : Cana (79e)
La fiche technique du match

La fin d'une époque. Au Vélodrome, l'OM a mis fin à l'incroyable série du PSG : neuf matches sans défaite, toutes compétitions confondues, enregistrée depuis avril 2002. Avant le match, l'odeur d'ammoniaque dans les vestiaires parisiens place l'ambiance. Mais, alors que Marseille récupérait Barthez, les absences de Letizi, Cissé et surtout Pauleta étaient de trop pour un PSG au jeu encore très perfectible. Ironie de l'histoire, Paris a cette fois dû s'incliner à dix minutes de la fin sur un coup de tête de Lorik Cana, formé au PSG et parti sur la Canebière quelques semaines auparavant au dernier moment du mercato d'été pour chercher du temps de jeu. "Je crois qu'il s'agit du match qui m'a donné le plus de satisfaction depuis le début de la saison. C'est une victoire importante dans le coeur des Marseillais", pouvait se réjouir Jean Fernandez.