Lens coule

Le ciel est tombé sur la tête du Racing Club de Lens. A l'image des trombes d'eau qui se sont abattues sur le stade Félix-Bollaert, le club de Gervais Martel évoluera en Ligue 2 la saison prochaine après son match nul face à Bordeaux (2-2). La tristesse et la désillusion se lisaient sur les visages d'Olivier Monterrubio et Yohan Demont au terme d'une saison catastrophique pour le club nordiste. A l'opposé, les Bordelais n'ont pas grand chose à regretter après une superbe campagne 2007/2008. Solide défensivement et réaliste offensivement, la formation de Laurent Blanc ne pouvait espérer mieux que cette 2e place après la victoire lyonnaise en terre bourguignonne (1-3).

A l'entame de cette rencontre au sommet de la dernière journée, les deux équipes avaient des ambitions bien différentes. Le titre pour les visiteurs et le maintien pour les locaux. La semaine était forcément bien plus agitée dans le Nord avec le malaise de Daniel Leclercq lundi, usé physiquement et psychiquement, et l'épisode Jean-Pierre Papin, pris à partie par des supporters désabusés. Olivier Monterrubio promettait "d'emballer le match" et malgré les conditions météo, le collectif lensois a tenu parole. Comme souvent cette saison, Lens a bien joué bien mais s'est cassé les dents sur son adversaire. Pour autant, même en cas de victoire, le RCL aurait été rétrogradé en Ligue 2 en raison des succès du PSG et de Toulouse sur le même score (2-1).

Malgré son malaise en début de semaine, le druide s'est installé sur le banc lensois. "Nous sommes prêts", lançait Monterrubio avant la rencontre. Les locaux sont effectivement prêts. Les Nordistes emballent la rencontre dès le coup d'envoi par l'intermédiaire de Maoulida, une nouvelle fois intenable (2e, 3e). Mais à l'image de leur saison, peu à peu les Lensois se sont désunis avec des petites erreurs individuelles aux conséquences souvent très lourdes. L'ouverture du score bordelaise assomme littéralement les locaux par l'inévitable Cavenaghi qui reprend victorieusement un centre de Chamakh... parti dans le dos de Belhadj monté aux avant-postes (0-1, 65e).

Jean-Pierre Papin hochait la tête et comprenait que son destin était en train de lui échapper. Loin d'abdiquer, les camarades du revenant Hilton revenaient par deux fois au score mais cette débauche d'énergie était vaine au regard des résultats des autres rencontres. "Le mal était sûrement profond", analysait Daniel Leclercq très touché par cette rétrogradation de son club de coeur. "On a tous partagé cette tristesse, les supporters, les joueurs, les dirigeants. Ca aurait été formidable de se sauver lors de la dernière journée mais c'est rarement le cas. C'est un peu comme si c'était programmé", reconnaissait-il.

Après 17 ans en Ligue 1, le club de Gervais Martel quitte donc la scène par la petite porte. "C'est une déception terrible ", reconnaissait le président lensois. "Il va falloir se retrousser les manches, si on est en Ligue 2 c'est qu'on l'a mérité. J'ai une pensée également pour les gens du club, la Ligue 2 c'est une autre direction mais on va l'assumer", ajoutait-il tout en assurant qu'il resterait à Lens la saison prochaine. De nouveaux défis attendent le club nordiste qui va devoir se relever d'une pareille mésaventure. Aussitôt le match terminé, une réunion était programmée dans le bureau de Gervais Martel en présence de Jean-Pierre Papin et Daniel Leclercq. Des décisions sont donc attendues rapidement afin de lancer au plus tôt la campagne de la remontée en Ligue 1.

La question de l'effectif se pose en premier lieu. Quels joueurs voudront jouer en Ligue 2 la saison prochaine avec la chute des droits télévisuels (de 25 millions à 7 millions) qui affaiblira les ressources du club. Hilton est déjà annoncé à l'OM, mais il est certainement le premier d'une longue liste au sein de laquelle figurent Belhadj, Rémy et Kovacevic. Il s'agit ensuite de redorer l'image du club largement brouillée cette saison avec l'épisode Guy Roux, le recrutement raté et la relégation. Autant d'épreuves qui ont affaibli et brouillé l'image du RCL peu à peu confronté aux problèmes des grands clubs. L'envahissement du terrain à la fin de la rencontre et les jets de pierre et de fumigènes sur la pelouse en sont l'expression concrète. L'heure est à la désillusion dans le Nord mais il reste un mince espoir aux plus optimistes des Chtis. Officiellement Grenoble n'est pas encore en Ligue 1 avant de passer devant la DNCG et il se murmure que le club isérois aurait les pires difficultés financières. Un nouveau rebondissement à prévoir ?

"Il n'y a pas grand chose à dire. Il y a eu du suspense pendant un moment. Mais finalement Toulouse et PSG ont gagné. Mais cela ne changeait rien au classement, vu notre résultat. Je crois que c'est avant que ça se joue. Mais les regrets sont toujours éternels. C'est ce que j'ai dit aux joueurs en rentrant dans les vestiaires. Cette descente, on l'avait consommée par des pertes de points invraisemblables sur les deux derniers mois. On ne peut pas leur reprocher de n'avoir pas essayé sur ce match. Je leur ai dit qu'ils me laissent leur numéro de téléphone car j'aurai beaucoup à discuter avec eux la semaine prochaine. C'est fou de voir une équipe comme ça. C'est la cruelle moralité du foot de haut niveau."