Micoud accuse le coup

Quinze ans de carrière. Et sur un geste tout peut être remis en question. Johan Micoud vit des heures difficiles. Lui qui n'avait jamais fait des vagues, qui avait toujours eu un comportement presque exemplaire sur les pelouses de football se voit aujourd'hui montré du doigt par toute la presse. Depuis des jours, le milieu de terrain est vivement critiqué pour avoir entraîné dans sa chute le Nancéien Chris Malonga dans la surface. Une action qui a trompé M. Poulat et l'a poussé à donner un penalty offrant la victoire aux Girondins (2-1). Depuis, Micoud fait figure de mauvais garçon. De tricheur...

Condamné, accusé de manque de fair-play par M. Poulat, Micoud vit très mal cette situation. A 34 ans, l'ancien international français était d'ailleurs sorti de son mutisme mardi. Dans L'Equipe, il avait crié son mal-être. "Personne, à la télévision, à la radio, ou dans la presse écrite, n'a analysé l'action dans son contenu. On ne l'a jugée que dans un sens. C'est exagéré et ça me rend fou", a-t-il lancé. "Je ne comprends pas car je viens pas provoquer cette situation dans la surface. Je vous l'assure : je n'entre pas dans les seize mètres pour ça. Je subis l'action", se défend-il. Un plaidoyer qui ne l'a visiblement pas soulagé.

Malgré ses déclarations, le Bordelais a encore en travers de la gorge l'acharnement médiatique liée à cette affaire. Et accuse. Il préfère prendre du recul. Résultat, Bordeaux devra faire sans son meneur de jeu pour le choc contre les Bretons ce week-end. " Jo Micoud est très touché. Il ne viendra pas à Rennes et sera absent des Girondins pendant quatre jours", a expliqué Laurent Blanc à la presse, que les joueurs bordelais ont pour leur part boycottée cette semaine. "Je préfère le préserver (...) qu'il revienne lundi en pleine possession de ses moyens".

Micoud serait donc au fond du gouffre. Miné par la couverture médiatique de l'incident. Reste maintenant à savoir si cette mise au repos n'est pas juste un effet d'annonce. Histoire de protéger le joueur avant la décision de la commission de discipline qui l'a d'ailleurs convoqué jeudi prochain pour s'expliquer. "Prenez-le comme vous voulez", a déclaré Blanc. "Moi, je pense qu'il n'est pas apte à relever le défi du match difficile qui nous attend à Rennes. Ce serait pour lui très négatif. "Jo est prêt à assumer son geste, on verra par la suite ce qu'il encourt s'il encourt quelque chose", a-t-il ajouté. Devant l'ampleur prise par l'affaire, Blanc et son président Jean-Louis Triaud s'étaient succédé pour prendre la défense de Micoud, face à la presse boycottée par les joueurs "par solidarité, pour marquer le coup", après le traitement de leur coéquipier, a expliqué Blanc.

Mais si Bordeaux s'active, Nancy n'est pas en reste. Gérard Parentin, manager général de l'ASNL, voit déjà loin. Avant d'attendre la décision de la commission de discipline jeudi prochain qui pourrait sanctionner Micoud d'un ou deux matches de suspension, le dirigeant lorrain a évoqué la possibilité de rejouer le match : "Si M. Micoud est jugé définitivement comme ayant commis une tricherie, la question que nous allons poser au président (des Girondins Jean-Louis) Triaud est de savoir s'ils accepteront de rejouer cette rencontre puisque le résultat n'aura pas été changé par une erreur d'arbitrage, mais par une tricherie", a expliqué le dirigeant nancéien. "Mais cette décision n'appartient qu'aux Bordelais, pas à nous, a poursuivi le dirigeant lorrain. On ne peut s'en remettre qu'à la bonne volonté des dirigeants de Bordeaux, avec qui nous avons toujours eu d'excellentes relations." En attendant jeudi prochain, Micoud risque de passer des nuits difficiles.