Perrin fait avec

A l'heure où les beaux jours reviennent sur la capitale des Gaules, le ciel s'assombrit au-dessus de la tête d'Alain Perrin. Entraîneur d'un Olympique Lyonnais qui en est route vers le doublé Championnat - Coupe de France (le premier depuis Auxerre en 1996), l'ancien technicien troyen est actuellement dans ses petits souliers. Arrivé cet été en lieu et place de Gérard Houllier, Perrin a encore une année de contrat avec l'OL mais n'est pas certain de pouvoir exercer en 2008/2009 du coté de Tola Vologe. Jean-Michel Aulas n'en fait pas un secret. "L'objectif qui était fixé à Alain Perrin était de remporter le septième titre et la Coupe de France, pas la Ligue des Champions. Je suis satisfait mais cela ne signifie pas que l'on prolongera l'aventure l'an prochain." Le décor est planté.

C'est dans ces conditions particulières que l'homme entame une fin de saison qui aurait tout pour être excitante mais qui risque de se terminer en eau de boudin pour le principal intéressé. Habitué à composer avec les rumeurs, celui qui fut surnommé PPH (Passera Pas l'Hiver) à l'automne dernier alors que l'Olympique Lyonnais entamait une campagne européenne de la pire des manières se veut aujourd'hui serein. Sinon fataliste. Tout dépend de la manière de voir les choses. Avant de recevoir Caen à Gerland pour le compte de la 35e journée de Ligue 1, Alain Perrin s'est voulu résolument tourné vers le terrain. Et a souhaité faire passer un message jeudi. Pas celui qu'on attendait ou espérait. "Ce que je veux surtout, c'est qu'on soit vigilant et sensibiliser les arbitres sur la protection des joueurs. Il y a des joueurs à protéger et les arbitres doivent rapidement sentir la température d'un match, sanctionner les accumulations de fautes dues à un engagement excessif."

Le sujet de son maintien ou de son départ de Lyon est cependant vite revenu sur le tapis. "Cela fait partie du métier. Cela ne me dérange pas. Je n'ai pas de prise sur les événements. Le fait de savoir que j'allais partir, et quand, est un fil rouge depuis le début de saison. Cela ne me trouble pas pour préparer les entraînements ou composer l'équipe. La décision sera prise après le dernier match officiel." Officiellement. Officieusement, il semble que la décision ait déjà fait son chemin et que Jean-Michel Aulas et Bernard Lacombe soient déjà en train de tâter le terrain pour trouver celui (Didier Deschamps ?) qui permettrait à Lyon de passer ce cap en Ligue des Champions. Un cap qui, faut-il le concéder, était difficile à franchir cette saison avec un effectif rajeuni.

Au moment de faire les comptes, Alain Perrin n'oubliera sans doute pas de le rappeler. Tout comme il n'omettra pas de dire, comme ses prédécesseurs, qu'il est difficile de trouver sa place à Lyon avec un président omniprésent et un conseiller spécial qui ont la mainmise sur le secteur sportif. Pris entre le marteau et l'enclume, l'ancien entraîneur de l'Olympique de Marseille a bien du mal à exister. Recadré par JMA après le nul concédé face à Rennes (1-1) il y a deux semaines, Alain Perrin était resté zen. Conscient sans doute que quoi qu'il arrive, son avenir est d'ores et déjà scellé. Ce qui lui permet de garder son sens de l'humour même lorsqu'il s'agit de son avenir professionnel. "L'an prochain, je me vois encore ici, sauf si je suis contacté par le Real. Dans ce cas, j'en informerai tout de suite le président (...). Aujourd'hui, je suis pleinement dans mon rôle et j'ai du mal à me dire qu'il ne reste plus que quatre journées. J'ai l'impression d'avoir encore beaucoup de temps devant moi." Juste une impression.