Un Rocher si fragile

L'excellent et le médiocre. Depuis le début de saison, Monaco a excellé dans l'inconstance. Offrant tour-à-tour un visage séduisant d'une formation offensive, et celui d'une équipe balbutiant son football. Ainsi va l'ASM depuis plusieurs mois. Principale explication : l'équipe est basée sur des individualités talentueuses mais également sur un collectif sans liant. Un amalgame si rarement suffisant.

Dernier exemple en date, dimanche dernier au stade Louis II face à Bordeaux. Les joueurs de la Principauté ont encaissé la plus lourde défaite de leur histoire sur leur pelouse. Six buts encaissés en seconde période comme un parfait condensé des absences monégasques depuis plusieurs journées déjà. Absence d'esprit de révolte, absence de leader capable de secouer ses troupes.

Et Flavio Roma de confirmer : "La manière dont on a laissé filer le match démontre un manque de caractère et de personnalité assez grave." Car c'est bien cela dont souffre Monaco. Ses stars ne sont pas adeptes des basses besognes, le départ des charismatiques Gaël Givet et Sébastien Squillaci semblent peser lourd aujourd'hui. Quand un bateau navigue à vue sans capitaine à la barre, le naufrage est souvent au rendez-vous. "On n'arrive pas à l'équilibrer. Contre les équipes construites pour le haut niveau, avec de la puissance, telles que Marseille, Bordeaux ou Lyon, on a eu très mal ", constate Ricardo. Face à des collectifs bien huilés, l'ASM n'a qu'un simulacre de jeu d'équipe à opposer. Les éclairs ne sont par définition qu'épisodiques. La solution ne peut pas sans cesse jaillir des pieds de Ménez, Nêné ou Piquionne.

Première cause de ce passage à vide : les période de mercatos qui cristallisent les critiques des supporters monégasques. Les rares trouvailles de l'ASM n'ont fait qu'un passage éclair sous les couleurs de l'ASM. A l'image de Yaya Touré, diamant de l'entrejeu resté seulement une saison avant de rejoindre le Barça. En revanche l'ASM a multiplié les recrues sans éclats : des noms sur le déclin (Koller ou Vieri) ou des stars potentielles (Di Vaio, Kallon ou Chevanton). Les échecs ont été nombreux. Cet hiver, l'hyperactivité de l'ASM sur le marché des transferts n'a eu d'égal que le relatif anonymat de ses nombreuses recrues.

Le club de la Principauté a enregistré les arrivées d'Ignacio Gonzalez, Pokrivac, Sergio Almiron et Fabio Santos Romeu, des joueurs sans référence dans les grands championnats européens même si Almiron a déjà disputé 10 matchs avec la Juventus cette saison sans parvenir à s'y imposer. Résultat : un effectif pléthorique mais relativement obscur. "Dès que je suis arrivé, j'avais pointé les manques au niveau de la complémentarité. On paie le prix des multiples changements intervenus, il y a eu des départs importants et des arrivées qui n'ont pas apporté les réponses attendues ", avance Ricardo.

De fait, l'heure est au mécontentement à la Turbie. Trois matchs sans victoire et la correction girondine ont éveillé les tensions. Dans les tribunes d'abord. L'ambiance feutrée du Stade Louis II n'a pas survécu à la débâcle de dimanche dernier. Les supporters ont non seulement copieusement sifflé leur équipe mais certains ont pris à partie les joueurs dans le parking, nécessitant l'intervention de la sécurité. Un fait divers par si fréquent dans la Principauté et qui révèle un certain malaise. Au sein de l'effectif ensuite. Cette semaine, Massamba Sambou et Leandro Cufre en sont venus aux mains à l'entraînement. Rien de très serein donc avant de se déplacer au Parc des Princes pour défier le PSG samedi. Reste à savoir quel visage présentera l'ASM. L'excellent ou le médiocre ?